À quatre jours du vote, François Legault estime que seuls deux partis peuvent encore gagner: le Parti québécois et la Coalition avenir Québec. «Avec l'appui actuel des francophones aux libéraux (19%, contre 30% pour la CAQ et 37% pour le PQ), c'est impossible de penser que le 4 septembre, on va avoir un gouvernement libéral. C'est impossible. Leur retard est trop grand à rattraper», a-t-il avancé ce matin en conférence de presse à Québec.

Jean Charest a lancé hier un ultime appel aux fédéralistes. Pauline Marois a quant à elle demandé aux souverainistes de ne pas «la lâcher». «Les deux vieux partis mènent une campagne pour diviser les Québécois, a-t-il raillé. M. Charest lance un appel aux fédéralistes, Mme Marois lance un appel aux souverainistes. Nous, on a des gens qui viennent de tous les partis qui supportent un plan de changement.»

M. Legault croit que l'appel de Jean Charest trahit sa panique. Selon notre sondage CROP, 82% des partisans de la CAQ voteraient non au référendum. Le chef du Parti libéral essaiera de les ramener au bercail en brandissant la menace d'un référendum. M. Legault se battrait pour empêcher la tenue d'un référendum. S'il y en avait un malgré tout, il voterait Non, sans toutefois faire campagne.

M. Legault ne lance pas la serviette. Il pense encore pouvoir obtenir un gouvernement majoritaire, bien qu'il ne récolte que 28% du vote, devant les libéraux (26%) mais derrière les péquistes (32%).

La caravane caquiste visite aujourd'hui pour la première fois de la campagne le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il s'agit d'une rare visite en région. M. Legault ne s'est pas arrêté en Abitibi, en Gaspésie ou sur la Cote-Nord en août. Il a fait deux courtes saucettes dans le Bas-Saint-Laurent. M. Legault a concentré ses énergies dans la 450, la région de Québec et Montréal. Même s'il y reste encore troisième dans les sondages, il prétend pouvoir y réaliser un «balayage».

La CAQ essaie de rallier les «jeunes familles». «La clientèle qu'on vise, ce sont les personnes qui travaillent fort, qui pensent qu'elles n'en ont pas assez pour leur argent, qui pensent qu'elles n'ont pas de services de qualité», a expliqué M. Legault.

Droits de scolarité: pas une priorité pour François Legault

Alors que les sondages laissent entrevoir un gouvernement minoritaire péquiste et que Pauline Marois demande une majorité pour annuler la loi 12 et la hausse des droits de scolarité, François Legault a laissé entendre que ce combat n'était pas prioritaire pour lui.

«Nos priorités (en éducation), c'est d'abord d'investir dans les écoles primaires et secondaires», a-t-il lancé en conférence de presse ce matin à Québec.

«On est beaucoup dans les si. Dans quatre jours, on va avoir un gouvernement majoritaire, je ne veux pas me laisser distraire par des si», a-t-il précisé.

La Coalition avenir Québec veut «couper la poire en deux», avec une hausse de 200$ par année et l'abolition du volet plus controversé de la Loi 12, celui qui limite le droit de manifester. Même s'il assure pouvoir gagner et refuse d'élaborer des scénarios hypothétiques, son chef n'a pas indiqué que ce dossier serait prioritaire pour lui dans l'opposition.

Il s'agit selon lui d'une distraction, «volontairement allumée» par les libéraux, qui a occulté des dossiers plus urgents. «On a un budget annuel de 70 milliards $. (La CAQ) veut faire des économies de 2,1 milliards $. On parle d'investir un milliard dans les écoles. Et là, on a un conflit qui porte sur un enjeu qui coûte 200 millions $. Nous, on propose de couper la poire en deux. Il resterait 100 millions $ (de hausse). On devrait être capable de s'entendre si on est de bonne foi. Mais on ne peut pas continuer - et on voit le prix qu'on est en train de payer - le petit jeu du gouvernement dans le passé de geler les tarifs (...) et avoir après un choc tarifaire.»

Les priorités de la CAQ sont «on ne peut plus claires», a-t-il martelé. Sa liste: «faire un ménage pour se débarrasser de la corruption». «Faire des gains d'efficacité et enlever la bureaucratie» dans le système de santé, le réseau scolaire et Hydro-Québec. «Investir dans les écoles pour les ouvrir jusqu'à 5h». «Donner un médecin de famille à chaque Québécois». Et «bâtir une économie de propriétaires» pour «arrêter de perdre nos sièges sociaux».

«Si (les autres partis) veulent travailler sur ces priorités, je suis ouvert», a-t-il déclaré.