François Legault compte suspendre tous les projets d'immobilisation s'il est élu lundi. Une mesure qu'il juge nécessaire pour s'attaquer à la dette de la province.

« Je veux revoir tous les projets parce que ce n'est pas vrai que les immobilisations, on peut faire n'importe quoi et qu'il n'y a pas de limite », a indiqué jeudi le chef de la Coalition avenir Québec.

La révision caquiste s'appliquerait autant à l'extension de la ligne bleue du métro qu'au CHUM et à l'échangeur Turcot. Aucun projet n'y échapperait, bien qu'il ne soit pas question de cesser les travaux sur les chantiers actifs.

François Legault dit vouloir prioriser les projets qui offriront le meilleur retour aux contribuables.

« On devrait utiliser des critères rigoureux pour s'assurer que c'est pour offrir des services de qualité à tous les Québécois, de toutes les régions, qu'ils soient péquistes ou libéraux », a-t-il dit.

Risque de décote

Selon François Legault, le gouvernement Marois comme le gouvernement Charest qui l'a précédé sont tous deux responsables de la hausse vertigineuse de la dette, qui équivaut maintenant à près de 55% du PIB. Il rappelle qu'en neuf ans, les libéraux ont ajouté 60 milliards à la dette du Québec, et que les péquistes l'ont fait grimper de 8 milliards.

Or, Philippe Couillard s'annonce plus dépensier encore, dénonce M. Legault. Le Plan québécois des infrastructures proposé par le Parti québécois prévoyait des investissements de 9,5 milliards par année d'ici 2017-2018 pour des projets d'immobilisation comme des ponts et des routes. Le Parti libéral propose de l'augmenter à 11 milliards par année.

« Si Philippe Couillard applique son plan tel quel, il y a un risque très fort de décote », a affirmé le chef caquiste lors d'une conférence de presse à Québec. 

« Anarchie »

Mercredi soir, Philippe Couillard a mis les Québécois en garde contre « l'anarchie » que provoquerait un gouvernement caquiste dans le système de santé. Il a dit craindre une « opération de scie à la chaîne » dans la fonction publique. 

François Legault rétorque que son gouvernement propose de geler les embauches afin de réduire la croissance des dépenses du gouvernement à 0,8% par année. Il note que des pays progressistes comme la Suède ont adopté des mesures semblables avec succès.

« Moi, ce que ça me confirme, c'est que M. Couillard, c'est Monsieur-statu quo et que tout ce qui n'est pas le statu quo, c'est de l'anarchie, a-t-il ironisé. Ce n'est pas de même qu'on va régler nos problèmes au Québec. »

Comme la Grèce?

Au 31 mars, la dette brute du Québec devait s'élever à 198 milliards, soit ce qui équivaut à 54% du PIB. Fin décembre, l'agence Fitch a placé le Québec sous surveillance avec perspective négative.

Le chef caquiste prévient que, si rien n'est fait pour la réduire, un scénario catastrophique attend la province. Il s'engage à réduire la dette à moins de 50% de notre PIB, d'ici la fin d'un premier mandat de quatre ans.

« Si, dans 10 ans, on n'a rien fait, on va être à la même place que la Grèce, a-t-il dit. La Grèce a été obligée de couper 20% de ses dépenses dans une année. Pour ne pas être obligés de faire ça dans 10 ans, est-ce qu'on peut agir de façon intelligente ? »