Le retour du Parti libéral du Québec au pouvoir n'est «pas souhaitable», selon l'ex-ministre libéral Marc Bellemare, qui, dans les circonstances, incite les électeurs québécois à faire preuve d'une «grande prudence» et à voter pour le Parti québécois.

Dans une lettre envoyée dimanche, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, l'avocat demande aux Québécois d'éviter de remettre les «rênes du pouvoir» dans les mains de la formation actuellement dirigée par Philippe Couillard, visée par de «nombreuses enquêtes criminelles» et qui ne mérite pas, pour l'instant, «l'absolution des électeurs».

Me Bellemare, qui ne s'est pas gêné pour critiquer son ancien parti au cours des dernières années, estime que les libéraux ont profité du plaidoyer de Pierre Karl Péladeau en faveur de la souveraineté pour tenter de faire oublier leur «bilan désastreux» en matière d'éthique.

«Le poing levé de Pierre Karl Péladeau (...) est un geste spectaculaire qui a fait basculer la campagne dans une fausse élection référendaire, écrit-il. C'est essentiellement la même équipe que (Philippe) Couillard propose aujourd'hui pour diriger le Québec.»

D'après l'avocat, l'actuel débat référendaire fait oublier le «fond de scène» qui a peut-être été perdu de vue par les électeurs, soit l'éthique ainsi que l'intégrité.

«Comme le gouvernement libéral de Jean Charest a ignoré pendant deux longues années la demande insistante de plus de 80 % des Québécois de mettre en place cette commission (la Commission Charbonneau), la juge Charbonneau a été incapable de compléter son mandat avant le présent rendez-vous électoral.»

L'ancien ministre libéral de la Justice ne craint que le «manque d'appétit du peuple québécois» pour un autre référendum risque de «redonner le pouvoir» aux libéraux, sur lesquels «reposent les soupçons les plus lourds».

«Le Québec ne peut d'aucune façon replonger dans le manque d'intégrité, sous peine de voir son économie en souffrir et le cynisme atteindre un niveau inégalé», écrit-il.

Me Bellemare, se dit «convaincu» que même majoritaire, la chef péquiste Pauline Marois ne tiendra pas de référendum dans un prochain mandat, sachant que la souveraineté n'est actuellement pas au coeur des préoccupations des Québécois.

«(Mme) Marois sait fort bien que l'heure n'est pas au choix entre un Québec indépendant ou le Canada, souligne l'avocat. De tous les chefs péquistes qui ont défilé depuis 50 ans, elle est sûrement la plus raisonnable et la plus pragmatique sur la question nationale.»

L'ex-ministre libéral, qui s'était prononcé en faveur du PQ au début de la campagne électorale, estime que le prochain gouvernement aura une tâche urgente à accomplir, soit «remettre l'État et ses institutions sur le chemin d'une intégrité sans faille».

«En attendant le rapport final de la commission Charbonneau, je suis convaincu que seul le Parti québécois est en mesure de mener à bien cette mission primordiale», estime Me Bellemare.

Ministre de la Justice lors du premier mandat du gouvernement Charest, Me Bellemare a été à l'origine de la Commission Bastarache sur le processus de nomination des juges de la Cour du Québec.

Il rappelle dans sa lettre avoir soulevé des allégations à l'effet que «les collecteurs de fonds faisaient la pluie et le beau temps dans le gouvernement Charest».

À Lachute, M. Couillard a refusé de commenter la lettre de Me Bellemare.