Philippe Couillard croit avoir agi de façon «légale et légitime» en plaçant son argent à Jersey, un paradis fiscal, lorsqu'il travaillait en Arabie saoudite au début des années 90.

Le chef libéral rappelle qu'il n'était plus résident fiscal au Canada. Par exemple, il n'avait plus de carte assurance-maladie ou de propriété au pays. Le seul lien qu'il n'avait pas rompu: il demeurait membre du Collège des médecins.  Mais il a indiqué avoir obtenu à l'époque un avis d'un fiscaliste pour s'assurer que cela ne faisait pas de lui un résident fiscal canadien.

C'est donc dans le nouveau pays où il habitait et travaillait, l'Arabie saoudite qu'il devait payer ses impôts. «C'est la façon dont le régime fonctionne», a-t-il justifié en conférence de presse à Blainville, où il présentait une mesure pour faciliter l'accès à la propriété pour les premiers acheteurs.

Le taux d'imposition en Arabie saoudite pour un médecin étranger était nul. M. Couillard ne voulait pas déposer son salaire dans les banques locales, réputées moins dignes de «confiance» que les banques à charte canadienne. «Quand je suis arrivé là-bas, à 35 ans, j'ai demandé à mes collègues: qu'est-ce que vous faites? Je voudrais faire affaire avec une banque à charte canadienne», a-t-il rapporté. On lui a conseillé de déposer à Jersey son argent. C'était «(son) salaire, et non des fonds mirobolants», a-t-il insisté. Les «canaux étaient déjà établis pour le versement des sommes» pour y envoyer l'argent versé en Arabie saoudite.  

Jersey est un paradis fiscal. Le taux d'imposition était nul comme en Arabie saoudite, et il ne perdait pas d'argent. L'île de Jersey offre un autre avantage: le secret bancaire. «Il n'y avait pas de secret, car le compte a été dévoilé à mon retour», a répondu M. Couillard, qui assure avoir volontairement tout dévoilé à l'époque le contenu de ce compte, de 600 000 $.

Il dit avoir lui-même pris l'initiative de déclarer cette information à son retour en 1996. «Ça a été fait d'emblée, avant que des questions soient posées. C'était pour être certain que je faisais tout dans les règles.»

Après avoir «fait des recherches», il constate que «c'est un document qui n'existe plus».

À son arrivée au Québec, il a retiré une partie de l'argent pour s'installer avec sa famille. «Regardez mon train de vie actuel», a-t-il dit à ceux qui pourraient le soupçonner d'avoir profité du secret bancaire pour cacher de l'argent. «Imaginez ce que ça coûte de réinstaller sa famille (au Québec), acheter une maison, des véhicules, un régime d'épargne-études. Ça correspond à la réalité.»

Il a conservé jusqu'en 2000 son compte à Jersey, avec ce qu'il restait comme épargne après avoir fait ces dépenses. «Une fois qu'on paye des impôts sur les taxes et intérêts, ça n'a aucune différence, l'endroit où se trouve le compte, a-t-il expliqué. Ma famille et moi, on trouvait à l'époque avantageux que ce soit un peu moins accessible pour nous, pour ne pas piger dedans à toutes les semaines pour l'épicerie, et en faire un compte d'épargne protégé».

Selon M. Couillard, l'information qui a mené au reportage diffusé à Radio-Canada a été trouvée dans ses documents de divorce qui datent de 2000. «C'est assez triste, pitoyable même, de voir des gens qui reculent 20 ans auparavant pour fouiller dans les papiers de divorce et faire du salissage», a-t-il réagi.

Il affirme que les spécialistes interviewés dans différents médias (dont Jean-Pierre Vidal, André Lareau, et Daniel Sandler, respectivement professeurs au HEC, à la Faculté de droit de l'Université Laval et à l'Université Western, cités dans La Presse et Le Devoir) ont affirmé qu'il n'avait  rien fait de «répréhensible».

Il en a profité pour attaquer Pauline Marois, qui a dévoilé son rapport d'impôt, mais pas ses actifs, ni ceux de son mari Claude Blanchet.