Pauline Marois se dit rassurée par les propos du Directeur général des élections (DGE) au sujet de l'inscription de nouveaux citoyens à liste électorale. Selon elle, son parti n'a pas exagéré en disant craindre que le scrutin soit « volé par des gens de l'Ontario » car les inquiétudes étaient « très grandes ».

« Tout risque que le scrutin soit trompé par des gens, soit inexact, parce que des gens ont défié la loi doit être dénoncé », a-t-elle affirmé en conférence de presse à Drummondville, lundi. « Pour qu'il y ait vol d'élection, il faut que la preuve en soit faite. Pour l'instant, il reste qu'il y a eu des inquiétudes très grandes, et c'est normal, et je suis très satisfaite que le ministre de la Justice, qui est responsable que la loi soit respectée, soit intervenue dans ce dossier. Nous souhaitons que le processus électoral soit respecté de façon intégrale, et pour nous, c'est fondamental. » Elle veut rester vigilante quant à la possibilité de fraude électorale.

Dimanche, Bertrand Saint-Arnaud interpellait le DGE au sujet de tentatives d'inscription d'étudiants d'autres provinces à la liste électorale dans cinq circonscriptions. « Est-ce que les élections du 7 avril pourraient être volées par des gens de l'Ontario et du reste du Canada ? Je vais vous dire, à la lumière de ce qu'on voit aujourd'hui, c'est très inquiétant », disait-il.

Surpris par cette sortie, le DGE Jacques Drouin a démontré que le nombre de nouveaux électeurs n'est pas à la hausse par rapport au scrutin de 2012.

« Le DGE a tenu des propos rassurants », a réagi Mme Marois. « Il a posé des gestes en ce sens pour clarifier la notion de domicile. Il est lui-même intervenu pour mieux outiller les présidents de commission de révision, il leur a envoyé des documents supplémentaires pour préciser davantage la notion de domicile. » Elle a ajouté que son parti entend « continuer à être vigilant sur cette question ».

La chef péquiste s'est défendue d'avoir remis question l'intégrité de cette institution. « Nous avons confiance au Directeur général des élections », a-t-elle dit.

Bertrand Saint-Arnaud estime qu'il a exprimé des « inquiétudes légitimes ». Il a rappelé la démission du président de la commission de révision dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, Mathieu Vandal.

«Grotesque», dit Couillard

Le chef libéral Philippe Couillard a vivement dénoncé ce qu'il qualifie « d'attaque franchement grotesque du Parti québécois » contre le Directeur général des élections.

« C'est littéralement une petite tentative d'intimidation d'une institution indépendante », a-t-il tonné lors d'une conférence de presse à Sherbrooke.

La sortie cette fin de semaine des députés péquistes constitue « un des premiers signes de panique » chez eux. Ils « s'accrochent à tout ce qui passe », dit-il. En laissant croire que les élections pourraient être volées, ils ont « lancé le thème: à soir, on fait peur au monde ».

Loi pour protéger les dénonciateurs

Lors de sa conférence de presse, Pauline Marois a fait une autre sortie sur l'intégrité, « un enjeu incontournable » dans cette campagne. Elle s'est engagée à déposer une loi pour protéger contre les représailles les dénonciateurs de malversations dans la fonction publique - elle n'a pas donné de détails sur le contenu. Elle a déjà fait cette promesse en 2012, mais son gouvernement ne l'a pas réalisée durant les 18 derniers mois. Elle a accusé le chef libéral Philippe Couillard de ne pas faire de la lutte à la corruption et à la collusion une priorité, de l'associer à une « bataille du passé ». « Rien n'a changé au Parti libéral », a-t-elle dit.

Questionnée sur les dons illégaux reçus dans le passé par son parti, elle a répondu: « Jamais je n'accepterai que l'on compare l'action menée par le Parti libéral et le comportement du Parti québécois ». Elle a souligné que le Parti libéral a « résisté jusqu'à la dernière minute » à la tenue d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

- Avec Paul Journet