Malgré les craintes du Parti québécois voulant que l'élection soit « volée par des gens de l'Ontario », le directeur général des élections (DGE) réitère sa confiance envers le processus qui mène à l'ajout de nouveaux citoyens sur la liste électorale.

Le DGE Jacques Drouin confirme une hausse des demandes d'inscription à certains endroits, mais affirme que cela ne se traduit pas par une hausse inhabituelle du nombre de nouveaux électeurs.

Ce matin, trois candidats péquistes se sont dits « inquiets » de l'information selon laquelle un nombre inhabituellement élevé d'étudiants anglophones et allophones tentaient ces jours-ci de s'inscrire sur la liste électorale de cinq circonscriptions. Ils ont soumis trois demandes au DGE.

Le ministre sortant de la Justice, Bertrand St-Arnaud, la ministre sortante de la Famille, Nicole Léger, et l'adjoint parlementaire sortant de la première ministre pour le volet jeunesse, Léo Bureau-Blouin, lui ont notamment demandé de produire des rapports quotidiens des nouvelles inscriptions et de procéder à une seconde évaluation dans les circonscriptions où les demandes d'ajout à la liste électorale sont plus élevées.

« Je ne pourrais pas concevoir que l'on revienne à des tactiques douteuses. Il ne faut pas que les électeurs québécois se fassent voler les élections. C'est déjà arrivé par le passé, on ne veut pas revivre le passé », a affirmé Mme Léger lors du point de presse.

« Est-ce que les élections du 7 avril pourraient être volées par des gens de l'Ontario et du reste du Canada ? Je vais vous dire, à la lumière de ce qu'on voit aujourd'hui, c'est très inquiétant », a par la suite martelé M. St-Arnaud.

Devant leurs requêtes, le DGE n'a eu qu'une réponse : « non ».

« La loi prévoit que tous les partis politiques recevront, au terme de la révision, une liste électorale révisée. Le fait [de réviser après l'inscription] les décisions de la commission n'est pas dans notre intention. Les commissions de révision sont des tribunaux administratifs quasi judiciaires. Les décisions sont sans appel », a dit Jacques Drouin.

Samedi, son porte-parole avait remis à La Presse une liste de cinq circonscriptions où l'on avait remarqué, disait-on, un nombre inhabituellement élevé d'étudiants anglophones et allophones qui tentaient de s'inscrire sur la liste électorale.

Cette liste, a toutefois expliqué M. Drouin, lui avait été fournie par un parti politique qui disait craindre que des électeurs se soient inscrits sans y avoir droit. Une journée plus tard, vérifications faites, le nombre de nouveaux inscrits n'était pas à la hausse.

« On s'aperçoit que les chiffres ne sont vraiment pas ce qu'on nous a fait croire. Dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, en date [de ce] matin, il y avait 351 nouvelles inscriptions à la liste [permanente], comparativement à 561 au même moment de la campagne en 2012. Le seul endroit où c'est un peu plus élevé est Saint-Henri-Sainte-Anne, où l'on dénombre 396 nouvelles inscriptions cette année contre 340 en 2012 », a résumé le DGE (voir tableau ci-dessous).

Selon lui, « il y aurait un plus grand achalandage dans certaines commissions de révision que dans celles autour », mais de nouvelles précisions sur ce qui permet à une personne d'être inscrit à la liste électorale et sur l'encadrement offert font en sorte que la situation ne pose pas problème pour les réviseurs.

Samedi, Le Devoir a publié un article dans lequel le président démissionnaire du comité de révision de la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Mathieu Vandal, disait ne plus être en mesure d'être conforme avec le processus d'enregistrement des nouveaux électeurs.

« C'est comme si l'aéroport international Trudeau était grand ouvert et qu'on distribuait les visas gratuitement à ceux qui passent, sans poser de questions », avait-il affirmé.

Le DGE nuance toutefois grandement ces propos.

« Quand je parle à mes directeurs de scrutin dans les circonscriptions de Saint-François et de Sherbrooke, ils me disent qu'ils ne rencontrent d'aucune façon ce genre de difficulté. Je suis obligé de vous dire que je fais confiance à mes gens sur le terrain », a conclu M. Drouin.