Le Québec aurait les moyens financiers de devenir un pays, mais il en ressortirait néanmoins perdant, croit Philippe Couillard.

«Oui, bien sûr, le Québec a les capacités. Mais à quel prix?», a demandé le chef libéral.

Jean Charest a déjà reconnu que le Québec aurait les moyens de faire l'indépendance. Son successeur en doutait hier. Il a précisé aujourd'hui que ce serait possible. Mais néanmoins désavantageux économiquement. «Actuellement, le gouvernement fédéral dépense 16 milliards de plus qu'il reçoit au Québec. On reçoit plus de 9 milliards en péréquation», a-t-il rappelé.

Québec pourrait «très difficilement» se priver de cette aide, pense le chef libéral. Il a brandi la menace de plusieurs «années de perturbations majeures dans les services publics».

En devenant chef libéral, M. Couillard disait ne pas «concevoir que l'on puisse s'investir en politique et choisir le Canada sans le désir de voir le Québec réintégrer un jour la famille canadienne». La semaine dernière, il a renoncé à prendre l'initiative dans ce dossier.

Il soutient maintenant que le statu quo ne pose pas de problème. «Si on était opprimé et dans une situation dramatique, on pourrait prendre collectivement la décision de se passe de tout ça. Mais on est un peuple libre, un peuple heureux, en prospérité», a-t-il insisté.

M. Couillard a durement jugé le projet souverainiste, qu'il qualifie de «rétrécissement sur soi-même et de fermeture des portes». Il a vanté sans retenue la «citoyenneté (canadienne) qui donne un caractère de partage et de grands horizons».

Québec a dû se battre devant les tribunaux pour empêcher Ottawa de nommer à la Cour suprême le juge Nadon, qui siégeait à la Cour fédérale et ne pratiquait plus au Québec depuis les années 90. Le gouvernement conservateur voulait en faire un des trois juges québécois du plus haut tribunal du pays. 

La Cour suprême a finalement rejeté cette nomination. C'est selon M. Couillard «une preuve que des institutions au Canada défendent les prérogatives des provinces».

Le Québec demeure «un élément majeur de la fédération canadienne». «On va continuer de faire progresser le Québec dans le Canada», dit-il.

S'en remettra-t-il aux tribunaux pour faire ce travail?  «Il y a toujours moyen de faire mieux, a-t-il répondu. Mais ma priorité, ce n'est pas les affaires constitutionnelles.»

S'il avait à choisir comme héritage entre «la création de 250 000 jobs et la constitution», il préférerait les emplois. «À 100 miles à l'heure!»

Legault d'accord

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a abondé dans le même sens que son rival libéral. Il note que les transferts fédéraux vers le Québec ont augmenté de manière substantielle depuis qu'il était ministre.

«C'est certain que le Québec serait perdant quand on regarde l'argent qu'on envoie à Ottawa et l'argent qu'on reçoit d'Ottawa», a-t-il affirmé lorsque questionné sur la viabilité d'un éventuel Québec indépendant.

Mais M. Legault précise du même souffle qu'il s'agit d'un faux débat puisque les Québécois ne souhaitent pas la tenue d'un référendum sur la souveraineté.

«Le vrai débat n'est pas de savoir si c'est viable ou pas viable, a-t-il dit. Les Québécois ne veulent pas en entendre parler.»

Marois réagit

«Comme d'habitude, M. Couillard change d'avis, a réagi la chef péquiste Pauline Marois. Il redresse le tir quand il se rend compte que ça ne passe pas tout à fait la rampe.»

Avec la collaboration de Martin Croteau et de Tommy Chouinard