Pauline Marois «va y goûter», a tonné Philippe Couillard, mercredi. Le chef libéral «intimide» et «menace» la première ministre, a aussitôt répliqué la candidate péquiste Agnès Maltais.

Même si les esprits se sont échauffés au cours des dernières heures et que des excès de langage ont ponctué les discours de certains chefs, le débat électoral de ce jeudi soir devrait se dérouler sous le signe du respect.

C'est du moins le souhait que formule Anne-Marie Dussault, à qui la tâche de piloter cette joute oratoire a été confiée pour une quatrième fois, ce qu'elle fera cette année aux côtés de son collègue Sébastien Bovet.

«Je ne suis pas inquiète. Je pense qu'ils connaissent tous les règles de bienséance», suggère-t-elle en entrevue avec La Presse Canadienne, quelques heures avant le débat.

«Mais en même temps, c'est un débat, il faut qu'ils confrontent leurs idées, poursuit-elle dans un même souffle. Ça peut être vigoureux, ça peut être hostile, ça peut être serein, ça peut être tout, mais dans le respect.»

L'animatrice et journaliste s'en remet ainsi au professionnalisme des chefs. Elle estime que ces derniers voudront plutôt profiter du temps d'antenne qui leur sera imparti comme d'une «rampe de lancement» pour faire valoir leur programme - et tenter de rallier les indécis.

Elle vante d'ailleurs au passage le «courage» de ces hommes et de ces femmes qui se présentent en politique, s'exposant ainsi sur la place publique pour défendre «jour après jour» leurs idées.

Le débat électoral est l'une des meilleures occasions de le faire, souligne Mme Dussault. Et à son avis, son importance dans la campagne n'est pas surestimée: il s'agit bel et bien d'un moment charnière et d'un temps d'arrêt nécessaire.

La façon de couvrir les marathons électoraux a certes changé avec l'arrivée des chaînes d'information en continu et l'émergence des réseaux sociaux, entre autres, mais le moment où les chefs croisent le fer demeure néanmoins déterminant.

«C'est un moment extrêmement important, ne serait-ce parce que leur rencontre est unique; on peut comparer les caractères, les styles et les idées. Mais c'est aussi unique parce qu'ils sont vraiment face à face. C'est extrêmement précieux», lance-t-elle avec enthousiasme.

Au terme de l'exercice, l'animatrice espère que le vainqueur que tous cherchent à identifier sera non pas l'un des orateurs, mais bien le citoyen.

«Je pense que le gagnant ou la gagnante du débat, il faut que ce soit la démocratie. (...) C'est pour ça qu'on fait ça. Ça paraît bien utopique, mais je me dis que si on peut donner à quelques personnes le goût d'aller voter, on aura relevé notre pari», fait-elle valoir à l'autre bout du fil.

Le débat ne laisse aucune place à l'improvisation. Tout est méticuleusement calculé; tout a été négocié avec les quatre partis politiques au préalable, du choix des thèmes à aborder à celui des animateurs.

On sait d'ores et déjà que ce sera au chef caquiste François Legault d'ouvrir le bal avec sa déclaration d'ouverture d'une durée de 60 secondes. Suivront ensuite le chef libéral Philippe Couillard, la première ministre sortante Pauline Marois, puis la coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David.

Le débat comportera quatre segments thématiques d'environ 30 minutes chacun: les enjeux économiques (emploi, richesses naturelles, environnement), le filet social (santé, éducation, garderies, personnes âgées), la gouvernance (finances publiques et intégrité) ainsi que la question nationale et l'identité.

L'émission sera diffusée ce jeudi soir en direct sur les ondes de Radio-Canada et de Télé-Québec à compter de 20 heures. En 2012, le débat opposant l'ancien premier ministre Jean Charest, Pauline Marois, François Legault et Françoise David avait attiré environ 1,6 million de téléspectateurs.