Plusieurs s'attendaient à ce que les élections se jouent essentiellement dans le 450, mais le champ de bataille pour les circonscriptions à risque de changer de mains s'étend jusque dans la région de Québec depuis le début de la campagne.

Le tiers des 10 premiers jours de campagne s'est joué dans la banlieue nord de Montréal et la Rive-Sud pour les chefs des trois principaux partis. Le 418 aussi a monopolisé le tiers des arrêts des chefs en campagne.

Une analyse des circonscriptions visitées par les chefs depuis 10 jours permet de constater que le Parti québécois a démarré sur l'offensive tandis que le Parti libéral a joué plus défensivement, constatent les politologues consultés par La Presse. «Ça montre le plan de campagne des partis avant que la campagne ne démarre. On devrait voir plus d'improvisation en fin de campagne», résume Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke.

«Ce qu'il est important de comprendre, c'est que le Parti québécois a besoin de neuf sièges pour former un gouvernement majoritaire. Donc, faire campagne dans la douzaine de circonscriptions compétitives va certainement les aider à atteindre cet objectif», observe Jean-François Godbout, professeur à l'Université de Montréal.

Le professeur de sciences politiques a ciblé 12 circonscriptions qu'il qualifie de «compétitives» en raison de l'écart serré dans le résultat de septembre 2012. Sans surprise, la quasi-totalité d'entre elles a reçu la visite des chefs en ce début de campagne.

La grande oubliée semble être Montréal, qui a reçu pour le moment la visite des chefs seulement à huit reprises. En fait, seul Québec solidaire, qui tente de préserver ses deux sièges, y mène la plupart de ses activités. «Ce n'est pas étonnant parce que les circonscriptions de Montréal sont presque verrouillées par des écarts importants, notamment en faveur des libéraux. Alors, c'est un peu perdre son temps que d'y aller, autant quand on les a que quand on ne les a pas», résume Jean-Herman Guay.

Le politologue constate que l'élection s'est grandement polarisée avec l'entrée en scène du magnat de la presse Pierre Karl Péladeau pour le PQ dans Saint-Jérôme. «Le PQ mise le tout pour le tout. Ils ont pris un grand risque avec la candidature de PKP: c'est un quitte ou double. Ou bien ça propulse le parti en ajoutant 3, 4 ou 5 points ou bien ça ne provoque rien, voire des conflits à l'intérieur du parti, dit M. Guay. En science politique, on dit souvent qu'un parti est comme un paquebot: son idéologie devrait se déplacer lentement. Depuis deux ans, soit à l'époque où Mme Marois portait le carré rouge, le PQ a vécu des mouvements brusques qui pourraient soit provoquer une montée, soit créer de la confusion.»

Nombre de visites des chefs

> Région du 450 : 26

> Région du 418 : 26

> Île de Montréal (514) : 8

> Région du 819 : 19

Total des visites : 79

La dernière carte de la CAQ

> François Legault a passé la moitié de son temps dans le 450 au cours des 10 derniers jours (13 arrêts sur 26).

> En banlieue de Montréal, l'autobus de la CAQ a principalement visité les circonscriptions détenues par le PQ (9 arrêts).

> Pour son début de campagne, la Coalition a principalement ciblé des circonscriptions où ses candidats étaient arrivés deuxièmes en 2012, soit pour 13 arrêts.

Le PQ sur l'offensive

> Des trois principaux chefs, Pauline Marois est celle qui a le moins visité les circonscriptions que son parti détient déjà (5 arrêts sur 27).

> La chef du PQ a visité davantage les circonscriptions du 450 (10 arrêts), partageant le reste de son temps entre le 418 et le 819.

> L'autobus du PQ est celui qui s'est le plus aventuré en territoire hostile: le tiers de ses arrêts s'est effectué dans des circonscriptions où le parti est arrivé troisième en 2012.

> Dans le 418, l'autobus du PQ vise principalement les circonscriptions détenues par la CAQ.

Le PLQ en terrain connu

> Le chef du Parti libéral a principalement fait campagne dans le 418, où il a passé près de la moitié de son temps depuis 10 jours (12 arrêts sur 26).

> Philippe Couillard a très peu visité la région de Montréal depuis le début de la campagne (2 arrêts). Pourtant, son parti y détient la majorité des sièges.

> L'autobus du PLQ est celui qui a le plus visité de circonscriptions qu'il détient déjà, soit 14 sur 26 arrêts.

> Philippe Couillard est celui qui s'est aventuré le moins en territoire hostile (2 arrêts sur 26), soit où ses candidats ont terminé troisièmes en 2012.

Québec solidaire sort de Montréal

> Pour la première fois de son histoire, Québec solidaire a nolisé un autobus, bien que celui-ci ait pris la route quatre jours après ceux des autres formations.

> L'autobus de Québec solidaire a principalement visité le 819, soit les secteurs de Trois-Rivières et de l'ouest de la province.

> Les trois porte-parole de Québec solidaires ont principalement fait campagne à Montréal, dans le centre de l'île.