Le parti des syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) a accepté un mariage de raison avec Pierre Karl Péladeau, mais s'est fixé une limite, hier. PKP comme coéquipier au sein du PQ pour la souveraineté, oui. Mais pas question de l'élever, un jour, au rang de chef.

Le conseil d'administration du SPQ Libre a précisé sa position hier soir lors d'une réunion préparatoire pour son assemblée générale du 13 mars.

Le SPQ Libre reconnaît l'utilité d'une «alliance stratégique» avec l'homme d'affaires, mais ne veut pas trahir ses convictions.

Marc Laviolette et Pierre Dubuc, respectivement président et secrétaire du SPQ Libre, ont rappelé, dans un communiqué publié hier soir, que M. Péladeau «traîne avec lui un désastreux record» en matière de relations de travail avec 14 lock-out. «C'est avec raison que la FTQ le qualifie de "l'un des pires employeurs que le Québec ait connus", écrivent-ils. Par le passé, le SPQ Libre a vertement critiqué l'attitude arrogante de M. Péladeau dans ses relations de travail et ses manoeuvres pour contourner l'esprit de la loi anti-scabs, poursuivent-ils. Jamais le SPQ Libre ne cherchera à le blanchir de son passé antisyndical.»

Le groupe, dont la plupart des 400 membres possèdent aussi une carte au PQ, a d'ailleurs déploré l'abandon de la révision de la loi anti-briseurs de grève dans la plateforme électorale du parti.

Le SPQ Libre se range toutefois à l'argument voulant que la lutte pour l'indépendance doit rassembler un large «éventail politique». L'arrivée d'un homme d'affaires comme M. Péladeau est signe, selon MM. Laviolette et Dubuc, d'une «importante évolution» de la situation politique au Québec et au Canada.

Une limite

Du même souffle, le SPQ Libre trace la ligne à ne pas franchir. Le mouvement souverainiste et le PQ ne doivent pas être dirigés par PKP, a martelé M. Dubuc dans un entretien téléphonique avec La Presse hier.

En réaction à la candidature de l'homme d'affaires, le député de Québec solidaire Amir Khadir a invité hier les travailleurs et les progressistes à se joindre à son parti. Le SPQ Libre admet que ce scénario représenterait la «solution de facilité», mais dans la mesure où QS a peu de chance de prendre le pouvoir, le groupe préfère rester membre du PQ et tenter de le faire pencher à gauche.

L'assemblée générale du groupe sera d'ailleurs une occasion pour discuter d'un plan d'action afin de renforcer son influence au sein du PQ.