L'emprise médiatique de la recrue péquiste Pierre Karl Péladeau préoccupe Philippe Couillard. Pauline Marois a été « irresponsable » en ne prenant pas les précautions nécessaires pour garantir la liberté de la presse, soutient le chef libéral.

Selon lui, « ça ne suffit pas » que M. Péladeau place ses actions de Québecor dans une fiducie sans droit de regard comme il a l'intention de faire. Il ne va pas jusqu'à lui demander de vendre ses actions. M. Péladeau doit plutôt « démontrer en pratique » quelle a été, est et sera son « influence sur le traitement de l'information ».

« Il est irresponsable de la part de Mme Marois de n'avoir pas pris davantage de précautions avant d'ajouter à son équipe une personne, quelles que soient ses qualités personnelles, qui contrôle une grande partie des médias écrits et électroniques au Québec », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Québec, lundi. Il a ajouté qu'elle a fait preuve d'un « manque de jugement en n'annonçant pas davantage de précautions quant à la circulation essentielle d'une information libre et non contrôlée dans l'ambiance d'une campagne électorale ».

« Je comprends que la fiducie est la réponse jusqu'à maintenant, mais ça ne suffit pas. Il faut demander maintenant quelle est l'influence directe de M. Péladeau dans la ligne éditoriale, dans la première page, dans le traitement de l'information des médias qu'il contrôle avant l'élection, pendant la campagne électorale et après l'élection. Ces questions n'ont pas obtenu de réponses satisfaisantes », a-t-il soutenu.

Croit-il que la couverture médiatique peut avoir été plus négative à son égard dans les médias de Québecor en raison de l'influence de M. Péladeau ? lui a-t-on demandé. « Je pose la question. C'est à M. Péladeau et Mme Marois d'y répondre. »

« Je ne mets pas en doute la compétence et le professionnalisme » des journalistes des médias de Québecor. « Mais il faut que cette question (l'influence de M. Péladeau) soit discutée. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut balayer rapidement sous le tapis. C'est une question essentielle pour une démocratie », a-t-il dit. 

Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les libéraux avaient défendu leur collègue David Whissell qui avait des intérêts dans une compagnie d'asphaltage bénéficiant de contrats publics. Ils disaient que M. Whissell ne pouvait intervenir ou avoir une influence dans la mesure où ses intérêts sont placés dans une fiducie sans droit de regard. Mais cette situation ne se compare pas à celle de M. Péladeau, selon M. Couillard. « Comment peut-on comparer la situation d'une compagnie d'asphalte, en tout respect pour les gens qui sont dans ce secteur de l'économie, avec l'information publique et indépendante dont on dispose pendant le débat politique et particulièrement pendant une campagne électorale. On est à deux niveaux de distance astrale », a lancé le chef libéral. « La politique, c'est l'information, c'est notre message que vous transmettez et que vous commentez. Il y a un enjeu très, très important qui va pas mal plus loin que les travaux d'une compagnie d'asphaltage. On n'est pas dans le même univers. »

Selon lui, la candidature de Pierre Karl Péladeau compromet le retour de la LNH à Québec. Rappelons que Québecor est gestionnaire de l'amphithéâtre en construction dans la capitale.

« Je suis inquiet pour l'impact que ça va avoir pour le projet d'amener une équipe de hockey à Québec. Il ne faut pas être naïf. Je ne pense pas que c'est reçu très positivement dans les bureaux de la Ligue nationale. Je ne sais pas pour la Ville de Québec, parce qu'il y a beaucoup d'argent des contribuables de Québec qui est là-dedans. C'est un projet important pour le monde d'ici. Il vient d'être sérieusement fragilisé », a plaidé M. Couillard.

Péladeau répond

Le chef libéral a «droit à son opinion», dit Pierre Karl Péladeau. «Mais je le répète, que ce soit le Journal de Montréal ou le Journal de Québec, ou tous les autres journaux comme Sun News, Toronto Sun, il n'y a personne qui est intervenu dans la direction. La politique (..) rédactionnelle est exécutée par les différentes directions des différentes salles», a-t-il assuré. 

- Avec Paul Journet