Après avoir vogué au sommet des sondages à sa fondation, l'automne dernier, la Coalition avenir Québec (CAQ) s'est butée au test de la réalité électorale. Elle a dû se contenter du statut de deuxième groupe de l'opposition officielle.

Ce n'est que «partie remise», a lancé en souriant malgré tout son chef, François Legault, aux quelque 300 militants réunis dans sa circonscription de L'Assomption.  La CAQ est un jeune parti qui disposait de moyens modestes, a-t-il expliqué. «Je vous demanderais, malgré votre déception qui est légitime, de ne pas lâcher. Moi, en tout cas, je ne lâcherai pas.»

Le mode de scrutin l'a pénalisé. Au moment de mettre en ligne, la CAQ récoltait 27% des votes. Mais cela lui ne lui donnait que 19 sièges. «Ça peut sembler injuste. C'est arrivé à quelques reprises dans l'histoire du Québec. Il faut jouer avec les règles du jeu», a-t-il dit.

«Les Québécois ont choisi de mettre le nouveau gouvernement sous haute surveillance», a-t-il souligné. Il promet toutefois d'assainir le «climat politique malsain» et de changer le ton à l'Assemblée nationale. Avant son discours, il avait appelé la nouvelle première ministre Pauline Marois pour la féliciter. Il a souligné cette avancée pour la cause des femmes.

Consolation pour la CAQ : elle obtiendra le statut de parti politique reconnu à l'Assemblée nationale et elle triple sa députation. À la dissolution de la Chambre, on ne comptait que neuf députés affiliés à la jeune formation. La CAQ obtient aussi un meilleur résultat que l'Action démocratique du Québec en 2008, qui avait récolté 16,4% du vote et sept sièges.

Mais plusieurs de ses candidats vedettes sont tombés au combat. Parmi eux, le Dr Gaétan Barrette, pressenti ministre de la Santé dans un gouvernement caquiste; Maud Cohen, ex-présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec; Chantal Longpré, ex-présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement; et la présidente du parti Dominique Anglade.

Deux hommes habitués à diriger sont quant à eux relégués aux banquettes de l'opposition. L'ancien patron de l'unité anticollusion et vice-premier ministre pressenti dans un gouvernement caquiste, Jacques Duchesneau, a gagné dans Saint-Jérôme. Et l'ancien vice-président de Cascades et ministre des Finances pressenti, Christian Dubé, a gagné dans Lévis.

Les députés les plus expérimentés issus de l'ADQ ont gagné avec de bonnes avances, comme Gérard Deltell, Sylvie Roy, Éric Caire et Marc Picard. Daniel Ratthé, un transfuge péquiste, a survécu, mais deux autres, François Rebello et Benoît Barrette, ont été congédiés par leurs commettants.

La CAQ croyait que l'élection se jouerait dans le 450. Même si ses appuis s'y sont concentrés, cela ne lui a pas suffi. Elle n'a gagné que trois sièges dans la couronne nord, dont celui du chef. Elle n'a pas réussi à élire un seul député sdansur l'île de Montréal ni dans des régions plus éloignées, comme l'Abitibi, la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord.

La région de la Capitale-Nationale est celle qui a le plus voté pour la CAQ. M. Legault y récolte plus de la moitié des sièges.