C'était la consternation sur Twitter, hier soir, lorsque deux gardes du corps ont brutalement interrompu le discours victorieux de Pauline Marois sur la scène du Metropolis. Le bruit d'une bombe assourdissante avait été entendu à l'arrière de la scène. Après quelques hésitations, la nouvelle première ministre a repris la parole mais le moment de triomphe a été de courte durée, l'entourage de Mme Marois la pressant de quitter les lieux.

Les commentaires horrifiés n'ont pas tardé à fuser dans la twittosphère à mesure que les informations arrivaient au compte-goutte. Les mots «attentats», «armes» et «décès» ne devaient pas faire partie des mots-clé de cette soirée électorale qui a pris une tournure dramatique.

Les réseaux de télévisoion ont du réagir rapidement, Radio-Canada offrant les meilleures images de la scène et l'arrestation en direct du principal suspect. Sur Twitter, on se désolait de cette nouvelle tuile pour Pauline Marois. «Elle l'aura jamais eu facile, madame Marois. Peut même pas savourer sa victoire», a souligné la directrice éditoriale du magazine Châtelaine, Mélanie Thivierge. Au cours des heures qui ont suivi, la confusion était telle que les journalistes de Radio-Canada, Sébastien Bovet et Michel C Auger, se référaient souvent à Twitter pour tenter de comprendre ce qui se passait. Il faut dire que c'est sur Twitter qu'on en apprenait le plus sur ce qui se passait autour de la salle de spectacle de la rue Sainte-Catherine.

Jusque là, la soirée s'était plutot bien déroulée. Twitter fait désormais partie des habitudes des internautes québécois lors des grands rendez-vous politiques, qu'il s'agisse d'un débat des chefs ou d'une soirée électorale.

La soirée d'hier n'a pas fait exception, les internautes y allant de leurs commentaires durant toute la soirée. À 21h, le blogueur Martin Lessard évaluait à environ 13 000 le nombre de tweets à la minute sous le mot-clic #qc2012. Comme l'a si bien dit l'animatrice et productrice Marie-France Bazzo en début de soirée: «#SiLaTendanceSeMaintient dans 52 minutes, touiteure va pogner en feu!»

Mais Twitter a beau être populaire, c'est encore la télévision qui donne le ton à une soirée électorale. De seconde en seconde, la twittosphère réagissait surtout aux résultats diffusés sur les grands réseaux de télévision, que ce soit TVA, Radio-Canada, RDI, LCN ou CTV, qui a annoncé la victoire du Parti québécois en premier.

Qui retrouvait-on sur Twitter au plus fort de la soirée? Candidats de chacun des partis (à l'exception de Françoise David de Québec solidaire, aucun chef n'était présent, même pas François Legault, omniprésent durant la campagne), citoyens ordinaires, acteurs, chanteurs, animateurs (Guy A. Lepage a félicité chacun des candidats élus) ont commenté, analysé à chaud, se sont réjouis ou ont exprimé leur déception.

Du côté des anglophones, nombreux étaient ceux qui exprimaient leur inquiétude à la possibilité de l'élection du PQ. Ce tweet de Lauren Holls (que nous traduisons en français) est assez représentatif des commentaires lus sur Twitter: «Si Pauline Marois remporte cette élection, elle va se débarrasser de tous les anglophones du Québec. Je suis si nerveuse en attendant les résultats que je suis au bord des larmes.»

Quant au joueur de hockey Michael Cammalleri, il s'est demandé si l'élection du PQ allait avoir un effet sur la valeur de sa maison à Montréal, un tweet qui lui a valu quelques réponses courroucées. Enfin, autour de ce feu de camp virtuel, et au-delà des lignes de parti de chacun, nombreux sont ceux qui, comme l'ancienne ministre libérale Liza Frulla, ont salué l'élection de la première femme premier ministre de l'histoire du Québec. C'est sans doute un des rares tweets qui ont fait l'unanimité...Dommage que la soirée se soit terminée d'une façon aussi catastrophique.