François Legault n'a pas levé de pelle devant les caméras aujourd'hui à Québec. Même s'il espère faire un «balayage» à Québec, le chef de la Coalition avenir Québec n'a pas participé à l'événement «J'ai ma pelle», qui lance symboliquement la construction du futur amphithéâtre de Québec.

«On pourrait demander aussi pourquoi les deux autres chefs (Jean Charest et Pauline Marois) sont là», a-t-il répliqué à un journaliste qui lui demandait pourquoi il n'y assistait pas.

«C'est la journée des citoyens, a-t-il poursuivi. Ils sont heureux enfin de ce projet, que de façon symbolique on apporte sa pelle. Je vois qu'il y a deux politiciens en campagne électorale qui vont être là. (Notre candidat dans Chauveau) Gérard Deltell va être là. Mais nous, on veut gagner la bataille du 450.»

Son autobus bourdonne dans le 450 pour le sprint final de la campagne électorale. Sept arrêts sont prévus aujourd'hui: Mascouche, Sainte-Thérèse, Saint-Jérôme, Saint-Eustache, Mirabel, Terrebonne et Laval.

«Ça va être très serré. Nos indications sur le terrain disent qu'on est capables d'avoir un gouvernement de la Coalition si le 450 vote pour nous. Et je pense qu'il y a de bonnes chances que ça arrive. C'est pour ça que je vais mettre toutes mes énergies aujourd'hui à m'assurer qu'on gagne le 450», a-t-il raconté.

François Legault assure qu'il est «impossible» que la Coalition avenir Québec termine troisième. Mais si c'était le cas, il resterait en poste. «On va continuer de se battre, peu importe le résultat demain soir», a-t-il promis.  

«Je pense qu'à la prochaine élection, nous remplacerons le Parti libéral», a-t-il lancé en anglais à la conférence de presse.

Campagne avec un budget modeste

M. Legault n'a pas indiqué avoir de regret face à sa campagne. Mais il a souligné que son budget était modeste. La CAQ aura dépensé moins de 3,5 millions $. Soit trois fois moins que la limite permise de 11 millions $. Le Parti libéral et le Parti québécois pourraient atteindre ce plafond.

Contrairement au PQ et aux PLQ, la CAQ ne peut pas se payer des publicités sur une pleine page dans les quotidiens, a-t-il avoué. «Mais nous on pense que les deux vieux partis dépensent trop d'argent, donc il faut être consistant», a-t-il rappelé. La CAQ veut abaisser à 4 millions $ le plafond des dépenses lors d'une année électorale.

À la veille du vote, M. Legault a toutefois expliqué que les machines électorales étaient moins nécessaires qu'auparavant pour «faire sortir le vote».

Il ne croit pas que des sujets comme la culture, l'environnement ou la lutte à la pauvreté ont été oubliés durant la campagne. «Il faut choisir et respecter les priorités de la population», a-t-il justifié. En s'appuyant sur un sondage réalisé en début de campagne, il a affirmé que ces priorités seraient la santé, la lutte à la corruption, la réduction du fardeau fiscal et l'éducation.  

«Ma priorité absolue, c'est la lutte au décrochage et à l'éducation, a-t-il poursuivi. Je trouve toujours qu'on n'en parle pas assez. Même dans la crise étudiante, on a parlé de frais de scolarité, mais on n'a pas parlé de la qualité des universités ou de l'importance d'avoir les meilleurs professeurs et chercheurs. J'aurais aimé qu'on parle encore plus de l'importance de donner de l'aide aux enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. De s'assurer qu'on sorte de ce (taux de) 20% de décrochage au Québec.»

Faillite et Pierre Péladeau? Legault rectifie

Pour défendre ses 14 candidats qui ont déjà fait faillite, M. Legault a indiqué hier que d'éminents hommes d'affaires comme Pierre Péladeau avaient eux aussi connu le même sort. «Une personne n'est pas moins honorable si elle a eu une faillite, surtout si elle a été réhabilitée. Je vous rappelle que Pierre Péladeau a fait une faillite, et il est selon moi un homme admirable», avait-il dit.

Québecor Media a rapidement démenti cette information. «Contrairement à ce qu'affirme François Legault, Pierre Péladeau n'a jamais fait faillite», a écrit l'entreprise sur son compte Twitter. «Le contexte électoral ne justifie pas le travestissement de l'histoire», a-t-elle ajouté peu après.

Le chef de la CAQ a de nouveau corrigé le tir ce matin. Il voulait parler d'échec commercial, et non d'une faillite personnelle, a-t-il indiqué. «Je me rappelle très bien, quand j'étais jeune, Pierre Péladeau a investi dans le Philadelphia Journal. Ça s'est très mal terminé, malheureusement. Ensuite, Pierre Péladeau et Robert Maxwell ont essayé de lancer un quotidien anglophone, le Montreal Daily News. Ça a mal fini. Je faisais allusion à ces deux échecs. Je ne faisais pas allusion à une faillite personnelle.»

Il a insisté sur le fait qu'il admirait M. Péladeau. Mais s'agissait-il d'une faillite commerciale, ou simplement d'un échec? M. Legault n'est pas certain. «Il faut voir, a-t-il répondu. Est-ce que c'est une faillite, est-ce que c'est un concordat, est-ce que tous les fournisseurs ont été payés. Il faudrait rechercher. Mais je me souviens... Le Philadephia Journal et le Montreal Daily News avaient été quand même des échecs importants. Mais en affaire, ce qui est important, c'est la moyenne au bâton. On peut avoir des échecs dans une entreprise et bâtir après une grande entreprise comme Québecor.»

De l'aveu même de Québecor, l'aventure du Philadelphia Journal fut un «boulet financier» qui a servi de leçon pour mieux bâtir l'empire.

M. Legault est un «admirateur» de M. Péladeau, a-t-il insisté à quelques reprises.