Chaque semaine, Nathalie Collard rencontre un acteur de l'actualité et lui pose 10 questions en lien avec la couverture médiatique dont il a été l'objet. La 11e question vient du public. Durant la campagne électorale, notre journaliste s'entretient avec les chefs des formations qui jouissent d'une moins grande couverture médiatique. Cette semaine: Claude Sabourin, chef du Parti vert.

1. Les gens ne vous connaissent pas. Peut-on en savoir plus sur votre parcours?

Depuis trois ans, je suis professeur remplaçant en français langue seconde à la commission scolaire Sir Wilfrid Laurier. Auparavant, j'ai travaillé dans le milieu communautaire, au centre de bénévolat d'Argenteuil, à la popote roulante, etc.

2. Qu'est-ce que votre parti propose que les autres ne proposent pas?

Le Parti vert représente ce qu'on entend par altermondialisme. On est représenté dans environ 90 pays et on propose une manière différente de voir le développement économique et durable, dans le sens où une décision prise ici peut avoir une influence partout ailleurs. Le meilleur exemple est l'amiante qu'on sort de terre ici et qui peut probablement empoisonner des gens en Inde, au Laos, etc. Pour nous, les frontières ont moins d'importance bien que notre charte reconnaisse le droit à l'autodétermination des peuples. La pollution n'a pas de frontières.

3. Quel est l'engagement de votre parti qui vous tient le plus à coeur?

C'est le dossier des ressources naturelles. La dilapidation des fonds pour la mine Jeffrey et la construction d'infrastructures près de Chibougamau pour sortir de l'uranium vont à l'encontre de la raison pour laquelle les partis verts ont été mis en place dans les années 80, soit d'éliminer la filière nucléaire. L'uranium, c'est mon dada à moi.

Sinon, il y a l'éducation. Tout le monde le dit, mais dans une société de savoir, si on veut se distinguer, les connaissances sont importantes.

4. On entend parler de vous durant les élections mais le reste du temps, vous êtes invisible. Le Parti vert est-il un parti actif?

Actuellement, bien franchement, ce qui manque au Parti vert, c'est le militantisme. Les gens qui sont membres chez nous sont très souvent des environnementalistes qui vont militer davantage dans des organisations écologistes comme Greenpeace par exemple, ce qui fait que le militantisme partisan est mis de côté. J'aimerais changer cela car notre visibilité en souffre. On ne se situe ni parmi les principaux partis ni parmi les petits. Bref, on ne se situe nulle part.

5. Quelle est votre pertinence maintenant que tous les partis ont une plateforme environnementale?

C'est vrai que les partis en parlent davantage mais ils n'agiront probablement pas. L'environnement, c'est comme la culture, pour faire des investissements, il faut que tout aille bien ailleurs alors que pour le Parti vert, l'environnement figure au premier plan. Les écologistes au sein du Parti québécois comme Scott McKay et Daniel Breton -des gens qui sont là avec de bonnes intentions et une volonté ferme de changer les choses-vont frapper un mur au sein de leur caucus. Quand il y aura des décisions à placer en priorité, l'environnement sera relégué au second plan et à la limite, il passera même après la culture.

6. Le Parti vert fait élire des députés en Europe. Comment expliquer qu'il ne réussit pas à s'imposer ici?

C'est d'abord un problème systémique, là-bas, c'est un système proportionnel. Le PQ a retiré l'idée d'une réforme de notre système électoral de son programme mais si le PLQ termine troisième, il y a des chances qu'il se mette à en parler. Quand on parle avec des élus verts français ou belges, qui sont culturellement près de nous, on constate que nous obtenons à peu près les mêmes pourcentages de vote, entre 4 et 10%.

7. On se serait attendu à ce que des groupes comme Équiterre vous donnent leur appui. Pourquoi ne le font-ils pas, selon vous?

Les groupes environnementalistes veulent éviter de se mettre la corde à la patte et être identifiés à un parti politique en particulier. En outre, au Québec, il y a toujours la dichotomie souverainiste-fédéraliste, alors les gens ne veulent pas se ranger derrière un parti. On aimerait qu'ils nous appuient mais la réalité est ailleurs.

8. Avez-vous envisagé de former une alliance avec d'autres partis qui défendent des positions écologistes, comme Québec solidaire par exemple?

On a été approchés à quelques reprises. Je pense que ça fait partie des questionnements qu'on a depuis un bon moment. En 2006, on s'est collégialement posé la question à notre congrès. Lorsqu'on a présenté ça à nos membres, ils nous ont dit: si on avait voulu adhérer à un autre parti, on l'aurait fait. Il y a aussi des différences entre nous et QS à propos de la souveraineté. Enfin, la grille d'analyse est différente, la nôtre étant basée d'abord sur l'environnement et ce qui en découle. C'est une différence appréciable. Enfin, nous avons des positions dites de droite comme le fait qu'on veuille s'occuper de la dette car nous ne voulons pas laisser une dette importante aux générations futures.

9. Un journaliste de La Presse a démontré que votre choix de candidats n'était pas très rigoureux. Une personne de la Rive-Sud a vu sa candidature rejetée par le DGE. Comment expliquez-vous ces incidents?

Ça rejoint ce que je disais plus tôt à propos de l'organisation et du militantisme. Le journaliste de La Presse est arrivé à un moment charnière. Il aurait soumis sa candidature deux jours plus tôt et nous ne l'aurions pas accepté. Il avait bien préparé son coup, il n'y a pas grand-chose à dire de plus. Quant à ceux qui n'ont pas amassé suffisamment de signatures, c'est aux organisations de voir s'il y a eu malversation.

10. Qu'espérez-vous de ces élections?

Actuellement, je pense qu'on a été mis de côté durant les débats, on n'a pas parlé d'environnement ou très peu. On a donc peu d'attentes de ces élections. Les gens voulaient d'abord se débarrasser du gouvernement libéral. Je pense que nos résultats vont refléter ça. Dans les circonscriptions anglophones, ce sera moins évident. Les anglophones vont se serrer les coudes autour des libéraux pour ne pas que le PQ rentre.

TWITTER " 1 de Julien Paquette

@JulienPaquette

Qu'est ce qui vous motive?

C'est de voir que l'environnement n'est pas pris au sérieux par nos gouvernements. J'ai milité dans un autre parti plus jeune, pour réaliser qu'on est toujours repoussé. Si on veut militer selon sa conscience et ses convictions profondes, il faut militer dans le bon parti, sinon nos efforts sont anéantis. Donc ce qui me motive, c'est ma conscience.