Une circonscription, un député élu au plus grand nombre de votes. En vigueur au Québec depuis 1792, cette forme de scrutin - pluralitaire uninominal dans le jargon électoral - n'est pas près de disparaître.

Des trois partis aux portes du pouvoir, seul le Parti québécois propose d'étudier une réforme du mode de scrutin, sans nécessairement pencher en faveur de la proportionnelle. «Nous voulons demander au DGE de mener une consultation sur l'ensemble du mode de scrutin, pas seulement la proportionnelle, dit Bernard Drainville, candidat péquiste et député sortant dans Marie-Victorin. Nous ne nous avançons pas sur l'une ou l'autre des alternatives, nous voulons étudier les systèmes qui existent ailleurs comme le scrutin à deux tours et le scrutin à deux choix.»

S'il est élu, le PQ promet que tout changement au mode de scrutin doit faire l'objet «d'un fort consensus» parmi la classe politique avant d'être approuvé par les citoyens, par exemple par référendum. «Tu ne peux pas changer ton système électoral sans que la population ait son mot à dire. Ça pourrait être par un référendum d'initiative populaire (RIP) ou d'une autre façon (un référendum)», explique Bernard Drainville, conscient que le PQ devra convaincre d'autres partis à l'Assemblée nationale. «S'il y avait unanimité, ça aiderait mais ça m'étonnerait, reconnaît-il. Il faut un fort consensus.» Pour faire «un fort consensus», combien de ses rivaux le PQ doit-il rallier? Trop tôt pour trancher, répond Bernard Drainville.

En théorie, le gouvernement québécois peut modifier le mode de scrutin unilatéralement, en faisant voter une loi à l'Assemblée nationale. «Le droit constitutionnel prévoit que chaque province a un pouvoir exclusif sur son mode de scrutin. Et le droit québécois est clair: il ne faut qu'une majorité simple de sièges à l'Assemblée nationale pour modifier la Loi électorale», affirme Me Frédéric Bérard, qui enseigne le droit constitutionnel à l'Université de Montréal.

La CAQ et le PLQ ne proposent pas de réforme du mode de scrutin. «Le débat n'est pas fermé, mais ce n'est pas dans nos plans, déclare Michel Rochette, directeur des communications du PLQ. Le PQ avait la proportionnelle dans son programme électoral en 1976, mais il n'a pas mis cette mesure en application une fois au pouvoir.»

Élections à date fixe

La prochaine réforme démocratique pourrait plutôt être l'instauration des élections à date fixe, une proposition du PQ et de la CAQ. Seul le PLQ est opposé aux élections à date fixe. «Le Québec serait plongé en campagne électorale beaucoup plus longtemps avant la date des élections, indique Michel Rochette. Nous pouvons en avoir un bon aperçu en regardant les États-Unis. Il faut se méfier des solutions- miracles. Notre système parlementaire n'est pas adapté à la mise en place d'élections à dates fixes. Il n'est pas parfait, mais il a fait ses preuves.»

»Les enjeux oubliés de la campagne». À lire dans le cahier Enjeux.