Fusions, défusions, Pauline Marois n'a pas l'intention de revivre le drame de la vaste opération du gouvernement Bouchard, en 2000. Pas question pour elle de «jouer dans les structures» de la région métropolitaine, même si les «défusions» autorisées par le gouvernement Charest, il y a huit ans, l'ont laissée «très amère».

Après des années de discussion, les élus montréalais sont arrivés à s'entendre sur un plan d'aménagement. «J'aimerais mieux accompagner ce plan pour développer Montréal avec des objectifs communs», résume-t-elle. Elle fait siens ces consensus, mais prend vite ses distances d'une autre demande, plus embarrassante: elle n'envisage pas de hausser la taxe sur l'essence comme les élus de l'agglomération montréalaise le réclament. Mme Marois s'est engagée à ne pas hausser les impôts et les taxes. «On va regarder ça», se borne-t-elle à dire.

François Legault veut réduire le nombre d'élus à Montréal, et Pauline Marois s'en accommode tout à fait. «Je n'ai pas le goût de jouer dans les structures, je ne veux pas perdre de temps à refaire ces batailles. Je suis encore très amère de ce qu'a fait Jean Charest en défusionnant.» Montréal a perdu au change. «Regardez Québec, le maire Labeaume peut exercer son leadership, sans être enfargé par toutes sortes de structures», observe la chef péquiste.

Si elle est élue, Pauline Marois nommerait un ministre responsable de la métropole, qui présidera un comité regroupant les collègues qui ont une emprise sur les dossiers montréalais. Les transports en commun seront la priorité. Mme Marois a déjà annoncé que des budgets prévus pour les routes seront plutôt affectés aux trains de banlieue et aux autobus.

Il faut, insiste-t-elle, que la machine gouvernementale à Québec soit plus sensible, plus adaptée à la réalité montréalaise. «Il y a eu des bras de fer entre le maire Tremblay et le ministère des Transports, rappelle-t-elle. Il me dit tout le temps: Québec ne comprend pas ce qu'on veut, ils ne connaissent pas Montréal! Et je pense que c'est pas mal vrai», observe Mme Marois.

Son plan de match? Miser de nouveau sur «la création de masses critiques, comme on l'a fait avec l'aéronautique et le multimédia. On l'avait dans les sciences de la vie, mais cela s'est un peu effrité. Surtout avec l'arrivée des deux hôpitaux universitaires, il faut revenir vers ce secteur.»

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La Presse reçoit cette semaine en rencontre éditoriale les chefs des trois principaux partis. Les rendez-vous ont été fixés selon les disponibilités de chacun des chefs, par leur organisation. Aujourd'hui, nous vous présentons les entretiens avec François Legault et Pauline Marois. Vendredi, ce sera le tour de Jean Charest.