La Coalition avenir Québec (CAQ) songe à un référendum pour trancher la question de l'acceptabilité sociale du projet de mine d'uranium Matoush, dans le Nord-du-Québec. Il y a actuellement impasse sur la question: les élus cris sont opposés au projet de mine d'uranium le plus avancé du Québec, tandis que les élus non autochtones y sont favorables.

Les Cris n'ont pas droit de veto sur le projet Matoush en vertu de la convention de la Baie-James, mais leur opposition au projet rend son acceptabilité sociale incertaine. Les trois partis ayant une chance de former le prochain gouvernement prônent tous l'acceptabilité sociale comme condition de réalisation du projet Matoush, mais seule la CAQ propose une solution qui pourrait être mise de l'avant pour trancher la question: un référendum auprès de la population autochtone et non autochtone directement touchée par le projet.

«La population locale affectée par le projet doit avoir son mot à dire», dit Martin Koskinen, conseiller principal du chef de la CAQ François Legault. «Une façon de garantir l'acceptabilité sociale serait d'avoir un mécanisme de consultation, par exemple un référendum auprès de la population touchée directement par le projet. Les élus autochtones n'ont pas de droit de veto formel. Il faut discuter et négocier avec eux, voir s'il y a des accommodements possibles.»

Le Parti québécois et le Parti libéral du Québec s'entendent sur le fait qu'un projet de ressources naturelles doit atteindre un certain seuil d'acceptabilité sociale, sans préciser lequel.

«Nous ne pouvons pas dire ce que nous ferons si nous sommes élus, mais nous gouvernerons de façon rigoureuse et responsable, dit Shirley Bishop, porte-parole du Parti québécois. Nous prendrons la demande du Conseil des Cris en considération. Nous sommes le premier gouvernement à avoir reconnu les peuples autochtones, le premier gouvernement à avoir signé la paix des Braves.»

«Le gouvernement est clair: tant qu'il n'y aura pas d'acceptabilité sociale, c'est impossible d'aller de l'avant. Nous lisons la même chose que tout le monde dans les journaux, nous sommes au courant des perceptions des Cris», dit Maxime Sauvageau, attaché de presse du ministre libéral de l'Environnement, Pierre Arcand.

Au début de la campagne électorale, le Grand Conseil des Cris du Québec a adopté à l'unanimité une résolution demandant un moratoire sur l'exploitation des mines d'uranium dans la moitié du territoire du Plan Nord, ce qui comprend le projet de mine Matoush. Le Conseil de la Nation crie de Mistissini s'est aussi prononcé contre le projet de mine d'uranium Matoush dans les monts Otish, à 250 kilomètres au nord-est de Chibougamau.

Permis d'exploration avancé

«La position des Cris est prise et connue, mais nous avons quand même des bonnes relations avec eux, dit Guy Hébert, PDG de Strateco. C'est délicat comme dossier. C'est quoi, l'acceptabilité sociale? Les Blancs? Les Cris? Beaucoup de Cris travaillent pour nous et sont favorables au projet.»

Depuis 2009, Ressources Strateco demande à Ottawa et à Québec un permis d'exploration avancé pour son projet de mine, qui contiendrait environ 2,6 millions de tonnes d'uranium. Le gouvernement Harper est favorable au projet, dont les revenus atteindraient 2 milliards de dollars, selon le cours actuel de l'uranium. La Commission canadienne de sûreté nucléaire doit bientôt rendre sa décision. Strateco doit aussi avoir l'approbation du gouvernement du Québec pour obtenir un permis d'exploration avancé qui lui permettra de construire une galerie d'un kilomètre de long, à 300 mètres de profondeur.

Pendant cette phase d'exploration avancée, qui durerait quatre ans, Strateco testerait la qualité de l'eau, ses méthodes de forage et la teneur d'uranium sur 750 tonnes. «Nous n'aurons pas le droit d'extraire l'uranium à la surface, il faudra l'analyser sous terre», explique Guy Hébert, PDG de Strateco. En vertu de son permis actuel d'exploration générale, Strateco peut seulement faire de l'échantillonnage et du forage à la surface. En phase d'exploration avancée, le nombre d'employés affectés au projet Matoush passera de 60 à 180.