François Legault ne veut pas attendre la fin des travaux du comité d'Amours sur les régimes de retraite avant de trouver une solution. Ce comité ne sert qu'à «pelleter le problème en avant», croit-il.

Le comité est présidé par Alban d'Amours, ancien patron du Mouvement Desjardins. Il est notamment épaulé par le fiscaliste Luc Godbout (Université de Sherbrooke), Claude Lamoureux (ex-président du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario) et Bernard Morency (premier vice-président à la Caisse de dépôt et placement). Le comité a fait plusieurs rencontres depuis cet hiver et continue de plancher sur son rapport.

Mais le chef de la Coalition avenir Québec n'en voit pas l'utilité. Ce serait un prétexte utilisé par le gouvernement pour «gagner du temps». «Je comprends que M. Charest et Mme Marois aiment beaucoup les sommets et les comités, mais il n'y a pas 56 000 mesures qu'on peut prendre. On peut augmenter les cotisations, réduire les prestations ou repousser l'âge de la retraite», a-t-il déclaré.

Il veut donc «s'asseoir rapidement avec les syndicats» pour trouver une solution. Et leur a servi une mise en garde ce matin. La CAQ serait prête à aller «jusqu'au bout» pour forcer les syndiqués municipaux à rouvrir leurs régimes de retraite.

De passage à Québec, M. Legault a répété qu'il voit d'un bon oeil la demande principale du maire Labeaume: donner le droit de lock-out aux municipalités pour «rétablir l'équilibre» dans les négociations à venir sur les régimes de retraite. «On est le seul parti qui n'exclut pas de donner ce droit».

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Simpliste, dit la FTQ

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, dénonce «l'opportunisme» de M. Legault, qui «profiterait de la campagne électorale pour s'attaquer aux syndicats».

Le chef syndical a déjà rencontré le comité d'Amours, et il prévoit le refaire. Il critique l'empressement de M Legault. « C'est très compliqué comme problème. On ne peut pas trouver des solutions simplistes mur-à-mur».

Il donne deux exemples de possibles solutions. Les règles de solvabilité du Régime des rentes du Québec ne sont peut être « plus à la mode» aujourd'hui. «Les pantalons que tu portais à 18 ans, ça risque de ne plus te faire à 60 ans», image-t-il.

On pourrait aussi discuter de l'âge de la retraite. «Mais ça ne peut pas être la même chose pour tout le monde. Par exemple, un travailleur qui a passé sa vie dans une mine ou dans la poussière et le gaz, peut-être qu'il pourrait prendre sa retraite avant une personne dans un bureau».

Il faut prendre le temps de débattre de ces solutions à la table, insiste-t-il. La menace du droit au lock-out le choque. «On va créer un climat social dangereux. Les syndiqués perdraient complètement leur rapport de force», pense-t-il.

Chaque article du Code du travail a son histoire, explique-t-il. Si les municipalités ont renoncé au droit de lock-out, c'est parce que les syndiqués ont accepté en contrepartie la notion de services essentiels, qui empêche par exemple les pompiers et policiers de faire la grève. Il invite les syndiqués «à réfléchir deux fois avant de voter».

Legault endosse la solution Labeaume

M. Legault a refusé de considérer d'autres avenues de résolution de conflit, comme celle d'instituer un tribunal permanent d'arbitrage. «Ces tribunaux souvent vont trancher en faveur de la municipalité qui a les meilleures conditions de travail. C'est comme ça qu'on s'est retrouvé avec des salaires qui sont en moyenne 29% plus élevés [au municipal qu'au provincial]. Ça n'a aucun bon sens. Il faut rétablir l'équilibre des forces. Et je ne pense pas que ça se fera avec l'utilisation d'un tribunal du travail.»

Le chef de la CAQ est prêt à recourir à la méthode musclée pour forcer la FTQ à combler le déficit des régimes de retraite. Ce problème «doit être réglé par les employés municipaux», soutient-il. «On va écouter les propositions (de la FTQ) pour régler le problème. Si c'est possible de le régler dans une négociation, tant mieux. Mais il va falloir dans tous les cas être capable de régler ce problème-là», a-t-il prévenu.

«Peut être que M. Arsenault va nous dire : je suis prêt à augmenter les cotisations des employés [au régime de retraite], à réduire les prestations, à allonger l'âge de la retraite. [...] S'ils ont une suggestion pour régler le problème des déficits qui est autre que passer par le droit de lock-out, je suis ouvert, a-t-il poursuivi. S'ils n'ont rien à proposer, on va aller de l'avant. On va être souples sur les moyens, mais très fermes sur les objectifs.»

M. Legault a ajouté à ses priorités le déficit des régimes de retraite. Il propose donc de «faire le ménage» dans quatre secteurs: la santé (abolition des agences de santé, notamment), l'éducation (abolition des commissions scolaires), Hydro-Québec (abolition de 4000 postes par attrition d'ici à 2018) et les régimes de retraite.

Leur déficit actuariel atteint maintenant 4,8 milliards de dollars. Il a augmenté de 55% l'année dernière seulement.

M. Legault se rallie complètement à l'analyse du maire Labeaume. «Il est hors de question de demander directement ou indirectement à l'ensemble des contribuables, qui à 65% n'ont pas de fonds de pension, de payer pour le déficit d'employés qui ont un fonds de pension. Ça, c'est clair et c'est non négociable», a-t-il martelé.

Contrairement aux 295 millions $ du PLQ, la CAQ a promis peu d'argent à la ville de Québec. Il n'avait aucune somme promise à Québec ce matin en conférence de presse.

Le responsable de la région, Gérard Deltell, a expliqué qu'il ne serait pas responsable de se commettre pour le projet d'anneau de glace. Il attend d'avoir plus d'informations sur le projet. Il veut aussi assainir les finances publiques avant d'injecter de telles sommes. Et enfin, contrairement au projet du nouveau Colisée, il faudrait s'assurer de la participation du privé et du gouvernement fédéral avant d'aller de l'avant.

La CAQ propose aussi de lancer un appel d'offres pour relancer le zoo de Québec. Le projet devrait avoir une vocation récréo-touristique. Les infrastructures resteraient de propriété publique.