François Legault a été bombardé de questions ce matin sur le rôle qu'il jouerait dans une future campagne référendaire. «Vous écoutez trop M. Charest et Mme Marois», a-t-il lancé avec un demi-sourire, un peu excédé.

L'ancien péquiste voterait Non, mais il ne défendrait pas publiquement cette option. «Je ne défendrai pas la souveraineté ou l'unité canadienne», a-t-il expliqué. Il n'a pas précisé quel rôle il jouerait alors dans la campagne. Ces questions sont «hypothétiques», a-t-il soutenu.

Le chef de la Coalition avenir Québec a affirmé que le Québec «ne peut pas se permettre» de perdre une troisième référendum. Pourquoi alors contribuer à cette défaite avec son vote? Il répond qu'un référendum «diviserait» forcément tous les Québécois et que fédéralistes et souverainistes seraient donc «perdants».

Depuis le début de la campagne, M. Legault courtise le vote anglophone. Il a reçu entre autres l'appui de Robert Libman. Mais dans une campagne référendaire, il ne défendrait pas la Loi sur la clarté, qui permettrait au gouvernement de décider après le résultat du vote si la question était assez claire et si la majorité est suffisante. M. Legault reconnaîtrait un résultat de 50% + 1. «C'est ce qui est demandé partout. La démocratie, c'est 50% + 1.»

Il a répété qu'il est retourné en politique «pour 10 ans» et que jamais il ne proposera de référendum. «Au contraire, on va se battre pour qu'il n'y en ait pas», a-t-il dit. Il ne se positionne pas pour ce qui suivra son départ de la politique. «Je veux laisser les horizons ouverts pour la prochaine génération», a-t-il dit.

Référendum d'initiative populaire: Marois doit être claire, dit Legault

Pauline Marois doit préciser si elle déclencherait automatiquement un référendum si 15% de la population le demandait, a insisté M. François Legault. «Je veux qu'elle soit claire. Je ne trouve pas qu'elle a été claire hier soir.»

Le Parti québécois propose d'instaurer les référendums d'initiative populaire (RIP). L'idée avait été rejetée par Mme Marois il y a quelques années. Elle a été relancée notamment par Bernard Drainville l'an dernier. Les militants l'ont approuvée en conseil national en janvier. «Elle a abandonné en janvier  le contrôle de l'agenda référendaire aux extrémistes du parti pour sauver son leadership», a accusé M. Legault. «Ni M. Lévesque, M. Parizeau ou M. Bouchard n'auraient accepté cela», a-t-il martelé.

En conférence de presse en février dernier, Mme Marois avait établi des balises pour les RIP. Mais elle avait aussi affirmé qu'ils seraient exécutoires. Ainsi, si 15% des électeurs le demandaient en signant un registre, il y aurait forcément un référendum sur la souveraineté (notre texte et la conférence de presse originale). Le programme et la plateforme du PQ ne précisent pas les modalités des RIP.

Au dernier face-à-face, hier, Mme Marois a reculé. «On peut demander [un référendum par la signature des registres], et non pas l'exiger. Donc, c'est consultatif», a-t-elle avancé.

François Legault n'était rassuré, ce matin. Il ne croit pas Mme Marois. Et même s'il juge que les Québécois ne veulent pas d'un référendum, il estime néanmoins qu'une «minorité» de 800 000 citoyens signeront le registre. «Dès le lendemain [de l'élection du PQ], les radicaux commenceraient à amasser des signatures et le décompte commencerait. Les radicaux nous précipiteraient dans le ravin», s'est-il inquiété.

L'ancien péquiste, auteur d'un «budget de l'an 1» de la souveraineté, a répété que ces militants étaient des «extrémistes ».