Même si le Directeur général des élections (DGE) n'enquêtera pas sur les nouvelles allégations entourant la campagne à la mairie de Jacques Duchesneau, Jean Charest persiste et signe. Le chef libéral a de nouveau sommé François Legault de dire comment il appliquera sa politique de «tolérance zéro» sur l'éthique face à son candidat vedette, mercredi après-midi.

M. Duchesneau se retrouve sur la sellette depuis que des reportages de La Presse et de Radio-Canada ont soulevé des questions sur sa campagne à la mairie en 1998.

Le Directeur général des élections (DGEQ) s'était déjà penché sur un présumé stratagème de prête-noms qui aurait eu cours dans cette même campagne, et a blanchi M. Duchesneau. L'organisme indique qu'il n'enquêtera pas sur ces nouvelles allégations.

«Malgré qu'il y ait des témoignages anonymes, pour nous, le dossier Duchesneau est fermé, a dit la porte-parole du DGEQ, Cynthia Gagnon. On ne fera pas une nouvelle enquête.»

Elle souligne que ces allégations concernent des actes qui auraient eu lieu il y a 14 ans. C'est donc dire qu'il serait impossible d'intenter des poursuites, même si une enquête devait établir que des actes répréhensibles avaient eu lieu.

Informé de ce développement, le premier ministre sortant est resté campé sur ses positions.

«C'est au DGEQ de décider, a-t-il dit. Mais j'ai constaté hier, comme vous avez constaté, qu'il y a des faits nouveaux qui sont soulevés. Ce sont des faits, pas des faits avérés, mais des faits nouveaux. Et quand ces faits-là sont avérés et que vous dites que vous êtes à la tête d'une organisation qui dit "tolérance zéro" (...) je pense qu'il (M. Legault) doit nous expliquer quel geste il va poser à l'endroit de M.Duchesneau.»

M. Charest souligne que la Coalition avenir Québec (CAQ) a accepté la démission de son agent officiel, Marc Deschamps, peu après le déclenchement des élections, parce qu'il était associé au scandale du Faubourg Contrecoeur. La directrice de campagne de M. Duchesneau dans Saint-Jérôme a également quitté le parti en raison de ses liens avec le parti du maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon.

Questionné à savoir ce qu'il ferait à la place de M. Legault face au cas de M. Duchesneau, le chef libéral a renvoyé la balle à son adversaire.

«C'est à M. Legault de répondre à cette question-là, a-t-il dit. C'est lui qui est chef de son parti, c'est lui qui est responsable, c'est lui qui applique la règle de tolérance zéro.»

Pas une campagne de peur

Le chef libéral s'est par ailleurs défendu de mener une campagne de peur auprès des aînés lors du face-à-face qui l'opposait à François Legault la veille. Lors de ce duel, il a accusé le chef caquiste de vouloir couper les médicaments des personnes âgées.

À ses yeux, M. Legault fait déjà peur avec ses promesses de couper 4000 postes à Hydro-Québec, 1000 postes dans les agences de santé et 2000 postes dans les commissions scolaires.

« M. Legault a dit au débat de dimanche soir qu'il avait l'intention de couper dans les médicaments, a-t-il déclaré. Alors j'ai repris les paroles qu'il a lui même prononcées. »

Le cadre financier de M. Legault prévoit qu'un éventuel gouvernement caquiste modifierait une politique adoptée en 1994 selon laquelle le gouvernement offre un prix garanti aux entreprises qui commercialisent de nouveaux médicaments pendant 15 ans. Cette mesure devait favoriser le développement de l'industrie pharmaceutique au Québec. S'en débarrasser permettrait à l'État d'acheter davantage de médicaments génériques, selon la CAQ, qui espère ainsi économiser 250 millions par année.