Jacques Duchesneau s'attend à ce que les adversaires de la Coalition avenir Québec (CAQ) sortent des «lapins» de leur chapeau, lors du débat de ce soir, afin de déstabiliser son chef François Legault.

Le candidat-vedette a remplacé M. Legault sur la caravane électorale de la CAQ, dimanche matin, à quelques heures du premier débat qui s'annonce comme un moment-clé de la campagne.

M. Duchesneau ne serait guère étonné si le Parti libéral et le Parti québécois avaient fouillé dans les placards de son parti pour dénicher des révélations embarrassantes pour M. Legault.

«Il faut s'y attendre, a-t-il affirmé. Avant même de prendre la décision d'y aller, soyez assuré que parce que la lutte à la corruption est l'un des enjeux principaux de cette campagne, on va tenter de trouver des lapins jusqu'à la fin.»

L'ancien chef de l'Unité permanente anticollusion sert toutefois une mise en garde à la population: «Quand on va vous sortir un lapin comme ça, allez au-delà des mots et posez-vous la question: "Pourquoi on sort ce lapin-là?"»

Jacques Duchesneau accuse le gouvernement Charest d'avoir déclenché des élections en plein été, avant que la Commission Charbonneau ne résume ses travaux. Il soupçonne que les rivaux de la CAQ tenteront de «faire dérailler la vérité en attaquant les adversaires».

«Mais vous savez, sur le terrain, les gens en ont soupé de ça», a ajouté M. Duchesneau.

La députée Sylvie Roy, qui a été la première à l'Assemblée nationale à réclamer une commission d'enquête sur les allégations de corruption et de collusion, s'attend elle aussi à ce que les adversaires de M. Legault tentent de le déstabiliser. Elle rappelle qu'elle a été traitée de «vache» par le ministre libéral Norman MacMillan, l'an dernier.

«Je ne crains pas ça, mais je sais que ça va arriver», a-t-elle convenu.

«Occasion en or»

François Legault a fait du «ménage» le thème central de sa campagne: il promet de s'attaquer à la corruption et au gaspillage des fonds publics. La recette semble avoir attiré l'attention des électeurs. Un sondage CROP-La Presse situait les appuis de la CAQ à 25%, jeudi dernier, un bond de quatre points depuis le déclenchement des élections.

«Sans vouloir souffler dans la trompette partisane, c'est nous qui avons gagné les deux premières semaines (de la campagne), estime le député sortant Gérard Deltell. C'est clair, on a complètement fait dérailler nos adversaires, on a imposé notre plan de match et les autres se sont accrochés à ce que nous avons initié.»

À ses yeux, les débats qui s'amorcent ce soir constituent une «occasion en or» pour M. Legault de poursuivre sur sa lancée.

Un vote pour le PLQ, un vote pour le PQ

À Québec, plus tôt cette semaine, Jean Charest a affirmé qu'un vote pour la CAQ est un vote pour le PQ. Le même jour, Pauline Marois a rétorqué qu'un vote pour la CAQ est un vote pour le PLQ. M. Duchesneau a ajouté à ce chassé-croisé, dimanche matin, en affirmant qu'un vote pour le PLQ est un vote... pour le PQ.

Cette déclaration, en anglais, épouse le message que la CAQ tente de lancer à la communauté anglophone de Montréal, un électorat libéral que François Legault courtise depuis le début de la campagne. La CAQ se présente comme le seul parti capable d'apporter le «changement», et renvoie dos à dos le PLQ et le PQ, présentés comme les «vieux partis».

Derniers préparatifs

Jacques Duchesneau et des candidats de la CAQ prendront part cet après-midi au défilé annuel de la Fierté gaie dans les rues du centre-ville de Montréal. Le chef François Legault ne sera pas du rassemblement.

M. Legault n'a pris part à aucune activité publique depuis vendredi midi. Il a activement préparé les débats avec ses proches conseillers, hier et avant-hier. Mais dimanche, son horaire est beaucoup moins chargé. M. Legault passe la journée chez lui avec son épouse et ses deux fils, afin de réviser ses notes.