Jean Charest promet que ses engagements de 3,7 millards de dollars en cinq ans n'empêcheront pas l'équilibre budgétaire pendant un éventuel prochain mandat. Et le déficit serait maintenu à zéro pendant cinq ans malgré la «menace réelle» que représentent selon lui les turbulences économiques mondiales.

Le chef libéral a dévoilé aujourd'hui vendredi son cadre financier, qui prévoit toujours l'équilibre budgétaire pour 2013-2014. Il estime que ses engagements représentent des dépenses graduelles d'environ 245 millions par année. À terme, donc à la cinquième année d'un mandat, la facture serait de 1,223 milliards de dollars, dit-il. Mais si l'on additionne les dépenses qui s'ajouteraient année après année, on atteint 3,7 millards.

Les libéraux estiment que leurs promesses s'inscrivent «à l'intérieur de la marge de manoeuvre du gouvernement». Ils soulignent que cette marge - cette «provision pour éventualités» - a atteint 300 millions par an au cours des deux derniers exercices budgétaires. Selon le budget Bachand pour l'année 2012-2013, elle est de 200 millions cette année. Et il n'y a aucune marge de manoeuvre prévue pour les années suivantes, mais plutôt un trou de 875 millions de dollars dès 2014-2015.

Pour financer ses promesses, un gouvernement libéral freinerait les dépenses. Il avait prévu une croissance des dépenses de programmes de 3% en 2014-2015. Il la ramènerait à 2%, ce qui permet de dégager environ 600 millions. Cela ne semble pas suffisant pour à la fois financer ses engagements et combler le trou budgétaire prévu. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a indiqué que la croissance des dépenses pourrait être limitée durant une année de plus. «Le Québec retrouve l'équilibre budgétaire avec notre prochain budget l'an prochain, va rester en équilibre budgétaire et contrôler sa dette», a-t-il affirmé aux côtés de son chef.

En réduisant la croissance des dépenses, Jean Charest promet de «protéger» les services publics. Les compressions se feraient dans le secteur «administratif», dans «les frais de gestion», a-t-il soutenu.

Jean Charest a souligné que la croissance des dépenses de programme est déjà limitée à 2% cette année, comme l'an dernier d'ailleurs.

Il a indiqué qu'«il n'y pas d'augmentation d'impôt » à l'horizon. Il avait déjà assuré plus tôt dans la campagne qu'aucune hausse de tarif supplémentaire n'est dans les cartons - il a déjà annoncé l'indexation des tarifs des garderies à 7$ et le dégel du tarif du bloc patrimonial d'Hydro-Québec.

Son cadre financier est à ses yeux « rigoureux et crédible». Il accuse son adversaire caquiste, François Legault, d'être «irresponsable» avec ses promesses qui, à terme, coûteraient selon lui 4,5 milliards de dollars par année. «C'est une explosion des dépenses», a-t-il lancé. Il a en outre reproché à la chef péquiste, Pauline Marois, de ne pas présenter son cadre financier avant les débats télévisés.

En décembre 2008, les libéraux avaient également promis de maintenir l'équilibre budgétaire durant leur mandat, mais ces années se sont révélées déficitaires. Jean Charest soutient que la crise financière a commencé en octobre 2008 et que l'ampleur de ses impacts n'était pas encore connue. Il a vanté la performance économique des dernières années au Québec, où le déficit représente 0,4% du PIB, comparativement à 8,5% aux États-Unis et à 7,3% dans les pays du G7.