Au mitan de la campagne électorale, le Parti québécois (PQ) accroît son avance sur son adversaire libéral. Mais c'est François Legault qui a bénéficié de l'élan des derniers jours. Si Pauline Marois et François Legault ont donc tous deux des raisons de se réjouir, c'est tout le contraire pour Jean Charest: depuis une semaine, le Parti libéral du Québec (PLQ) est en baisse dans les intentions de vote.

C'est ce qui se dégage du second sondage réalisé pour La Presse par CROP. Il s'agit d'une deuxième enquête téléphonique, menée du 12 au 14 août auprès de 1005 personnes. Sur l'ensemble de l'échantillon, un tel coup de sonde offre une marge d'erreur de 3,1%.

Depuis la semaine dernière, un constat s'impose: la proportion d'indécis a presque doublé, passant de 11 à 19% des répondants. Cela décuple donc l'importance des quatre débats télévisés qui seront diffusés à compter de dimanche.

Devant un contexte qui semble encore mouvant, de nombreux électeurs qui étaient déjà décidés réévaluent plutôt leur choix et se positionnent temporairement chez les indécis avant, peut-être, de changer carrément d'allégeance, explique Youri Rivest, vice-président de CROP. Cette volatilité est inédite: habituellement, le poids des indécis diminue à l'approche du scrutin. «Mais les Québécois semblent déstabilisés, ils hésitent, comparent», observe le spécialiste.

Pour son baptême du feu - ce sera son premier débat -, François Legault ne manque pas de carburant: il est désormais perçu comme le chef qui ferait le meilleur premier ministre, selon CROP. Il y a une semaine, 22% des gens voyaient en lui le «meilleur premier ministre»; ils sont désormais 25%. «C'est un petit mouvement, mais significatif, il passe de la troisième à la première place», observe M. Rivest. Ses adversaires demeurent au coude à coude, tous deux en recul: Jean Charest baisse de trois points à 23%, ex aequo avec Pauline Marois, qui descend de deux points par rapport à la semaine précédente.

Surtout, M. Legault dépasse de cinq points les intentions de vote pour son parti, alors que Mme Marois est à la traîne de cinq points sur le score de ses troupes. En 2007, à la mi-campagne, Mario Dumont chauffait Jean Charest comme «meilleur premier ministre» - 29% contre 31%. Il a fait élire par la suite 40 députés. André Boisclair était troisième à 19%.

Avance péquiste

Dans les données brutes, le PQ reste à 28% comme la semaine précédente, et la Coalition avenir Québec (CAQ) gagne un point, passant de 19% à 20%. Le changement important est du côté libéral: le parti de Jean Charest chute de quatre points, passant de 26% à 22% en une semaine. «Il ne réussit pas à rejoindre avec sa campagne. Alors des fédéralistes qui se croyaient captifs jusqu'ici se disent qu'il y a peut-être une autre option», explique M. Rivest.

Quand on distribue les indécis proportionnellement, la CAQ gagne quatre points et passe de 21% à 25%. Elle chauffe désormais le PLQ, à 27%, pour la deuxième place. Le PQ, quant à lui, passe de 32% à 34% des intentions de vote. Le Parti québécois a désormais sept points d'avance sur le Parti libéral. Québec solidaire, le Parti vert et Option nationale font du surplace, respectivement à 7%, 3% et 2%.

Chez les francophones

Chez les électeurs francophones, le PQ continue de dominer ses adversaires avec 39% d'appuis, contre 26% pour la CAQ et 21% pour le PLQ. Comme la semaine dernière, il s'agit d'une «confortable» avance de 13 points qui aurait donné le pouvoir à Pauline Marois si des élections avaient eu lieu cette semaine, précise M. Rivest. Un autre constat: Mme Marois, qui serait la première femme à occuper la fonction de premier ministre, a désormais un appui significativement plus élevé chez les femmes. En effet, 40% d'entre elles appuient le PQ, contre 27% pour le PLQ et seulement 20% pour la CAQ.

En région, il faut rester prudent compte tenu de la taille réduite des échantillons, mais la course paraît très serrée à Québec. Le PLQ y demeure en avance, mais le PQ devance désormais légèrement la CAQ. À Montréal, les chiffres laissent entrevoir une course serrée entre libéraux et péquistes, avec respectivement 32% et 31% des intentions de vote - il s'agit d'une remontée du PQ. La CAQ est loin derrière, à 19%. Dans les banlieues, le tableau ne change guère: le PQ est en avance, à 36%, suivi de la CAQ et du PLQ, respectivement à 27% et 25%.

Des partisans convaincus

En hausse dans les intentions de vote, la CAQ parvient en même temps à fidéliser ses partisans. Désormais, 44% de gens qui veulent voter pour l'équipe de François Legault affirment qu'ils ne changeront pas d'idée - ils étaient 38% la semaine dernière. Le PLQ consolide aussi ses appuis: 65% de ses partisans ne lui feront pas défaut dans l'urne, trois points de plus que la semaine dernière. Le vote péquiste paraît plus friable avec 62% d'appuis «fermes», contre 64% la semaine dernière.

En ce qui concerne les enjeux, la question de l'intégrité continue d'être en tête des priorités des électeurs, avec 37%. Fait à noter, il s'agit de l'enjeu principal pour 45% des électeurs péquistes et pour 37% des caquistes, mais pour seulement 22% des libéraux. «Il y a un feu orange pour Mme Marois, c'est un enjeu important pour ses troupes, mais c'est François Legault qui s'est emparé de ce thème», affirme M. Rivest.

Être «responsable», la pierre d'assise de la campagne libérale, est l'enjeu de l'heure pour 19% des électeurs - 4% de moins qu'il y a une semaine. La stabilité économique fait davantage recette, avec 24% d'appuis.