François Legault a demandé à Bernard Landry de «respecter son cheminement», mercredi soir, après que l'ex-premier ministre l'eut dépeint comme un arriviste prêt à tout pour saisir le pouvoir.

Le leader de la Coalition avenir Québec (CAQ) a d'ailleurs laissé entendre que son ancien chef doit «sortir du déni».

«Je ne crois pas que, dans un avenir prévisible, il y aura une majorité de Québécois qui vont appuyer la souveraineté, a-t-il affirmé, après une rencontre avec des dirigeants de l'Union des producteurs agricoles (UPA). Donc, il faut sortir du déni. Il y en a qui l'ont fait, qui ont joint la Coalition, il y en a comme M. Landry qui ne l'ont pas encore fait.»

L'ancien chef du Parti québécois a exprimé sa stupéfaction la plus totale à la suite du changement de cap de son ancien ministre sur la question nationale.

M. Legault, qui a quitté le PQ et fondé la Coalition avenir Québec (CAQ), a d'abord mis le projet souverainiste en veilleuse avant d'affirmer, la semaine dernière, qu'il voterait «non» si un référendum avait lieu.

Le chef caquiste estime que la souveraineté reste un projet «légitime», mais il n'y adhère plus.

«Moi, je crois que pour le bien du Québec, il y a une urgence de faire le ménage, de rassembler les Québécois pour relancer le Québec, et que la souveraineté doit être mise de côté, a-t-il affirmé. Et je souhaiterais que M. Landry respecte mon cheminement, comme je respecte le sien.»

M. Legault affirme que les Québécois ont des préoccupations bien plus pressantes que de quitter le Canada. Il cite l'exemple du décrochage scolaire et de l'endettement de l'État, qui menace à long terme les programmes sociaux.

«Ce que je sais, c'est qu'on a besoin, au Québec, de prendre une pause sur la question constitutionnelle», a-t-il affirmé.

Bernard Landry affirme que, à l'époque où il dirigeait le PQ, François Legault était si pressé de faire du Québec un pays qu'il a manoeuvré pour saper son leadership. Et il a utilisé des fonds publics pour rédiger son fameux «Budget de l'an 1», un portrait des finances d'un Québec indépendance.

Le chef de la CAQ rétorque qu'il a toujours refusé d'utiliser l'argent des contribuables pour faire la promotion de la souveraineté. Quant au portrait des finances d'un Québec indépendant, auquel M. Landry fait référence, il a été rédigé avec l'aide de deux recherchistes qui faisaient partie du personnel parlementaire du PQ.

Quatre sondages publiés depuis le déclenchement des élections laissent entrevoir une montée de la CAQ dans les intentions de vote. Le parti a fait de la lutte contre la corruption et le gaspillage des fonds publics les thèmes centraux de sa campagne.

Peut-être un signe que la CAQ commence à déranger ses adversaires, François Legault fait l'objet de critiques de plus en plus acerbes depuis quelques jours. De passage à Québec, mardi, Jean Charest l'a accusé de n'être «pas fiable pour deux sous».

«Je peux comprendre la frustration du Parti québécois et de Bernard Landry, a affirmé M. Legault. On a vu hier la frustration du Parti libéral.»