Le Parti québécois veut augmenter les investissements dans les  transports en commun pour décongestionner la région de Montréal, quitte à ralentir le rythme des travaux sur les routes.

Sa priorité: achever pour la fin 2014 le prolongement du train de l'Est, qui relie Montréal à Mascouche. Et ce, même si les coûts devaient encore augmenter.

La chef Pauline Marois veut aussi ajouter 300 km de voies réservées aux autobus ou au covoiturage et prolonger la ligne bleue du métro vers l'est d'ici à 2020.

Son plan est réaliste, insiste-t-elle. Pour payer le train et le métro, on investirait moins dans les travaux routiers. Le nombre de chantiers diminuerait, et la congestion aussi, espère le PQ. On prioriserait les travaux qui «mettent en cause la sécurité».

Les autres attendront. «Ce n'est pas vrai qu'on peut tout faire en même temps», a-t-elle indiqué. Elle accuse les libéraux d'avoir «tout misé sur l'asphalte.»

Relancer le train de l'Est

Le train de l'Est a été annoncé en 2006. Il devait coûter 300 millions de dollars et être terminé en 2012. Selon la dernière estimation, la facture est désormais de 671 millions. Et elle pourrait continuer d'augmenter. Comme l'a révélé La Presse, trois dossiers d'acquisitions immobilières sont encore en litige devant le Tribunal administratif du Québec.

À cause de ces dépassements de coûts, le gouvernement Charest a suspendu le chantier. Le directeur de l'Agence métropolitaine du transport (AMT) a démissionné dans la controverse.

Le PQ a déjà demandé au vérificateur général de se pencher sur le dossier.

Pauline Marois croit tout de même que le train doit être achevé le plus tôt possible. «Nous allons prendre les choses comme elles seront quand nous arriverons au pouvoir», a-t-elle annoncé.

Elle s'engage à parachever le train d'ici à 2014, même si les coûts devaient encore augmenter. «Mais nous pensons que les derniers chiffres seront les bons», a-t-elle indiqué. Elle rappelle que le tracé et les expropriations sont terminés. On a aussi déjà inclus les coûts de la spéculation, que L'AMT n'a pas empêchée.

Nouvelles stations sur la ligne bleue

L'AMT a déjà lancé un «bureau de projet» pour étudier le prolongement des lignes bleue, orange et jaune du métro. Le PQ aimerait prolonger la ligne bleue. On ajouterait de une à trois stations vers l'est (Pie-IX et possiblement Lacordaire et Viau). Le nombre de nouveaux usagers sur cette ligne: 140 000 usagers par jour, soit une augmentation de 40%.

Mme Marois n'est pas en mesure de chiffrer un tel chantier. Elle attend le rapport de l'AMT. Elle promet tout de même de ne pas dépasser l'enveloppe actuelle allouée aux transports. «Il pourrait y avoir au plus quelques dizaines de millions», a-t-elle dit.

La CAQ propose de reporter le prolongement du métro de Montréal. On gaspillerait ainsi 63 nouvelles voitures, soit 166 millions $, a déjà dénoncé la STM.

Prioriser les transports collectifs

Pour les cinq prochaines années, les investissements dans les transports en commun compteront pour 15% de l'enveloppe totale des transports routiers (2,9 milliards dans les transports en commun, et 16,5 milliards pour les travaux). Une coalition de groupes environnementalistes a demandé hier que cette proportion passe à 30%. Mme Marois estime que cette cible est réaliste, sans vouloir s'y engager. «Ça pourrait être 25, 30, 35%. Ce qui est certain, c'est que la proportion sera plus importante», a-t-elle dit.

Le PQ promet aussi de réserver une place aux transports en commun sur le futur pont Champlain, de créer plus de stationnements incitatifs et d'électrifier les transports.

Ce dernier volet est moins détaillé. Le PQ explique simplement que la Caisse de dépôt, par l'entremise d'un nouveau fonds de 10 milliards, fera des transports électriques «un secteur de pointe».

Mesures bien accueillies

L'annonce du PQ a été bien accueillie par des intervenants du milieu. «Cela nous semble très bien», a réagi Steven Guilbeault, cofondateur d'Équiterre, qui faisait partie de la coalition de groupes environnementaux. Il se dit satisfait de voir l'augmentation du pourcentage des investissements réservés aux transports collectifs. L'intention d'aménager des vois réservées sur le pont Champlain le satisfait. Le PQ ne répond toutefois pas à certaines demandes de sa coalition, comme le développement d'un train de l'Ouest et d'un lien ferroviaire vers l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.

Transport 2000 applaudit aussi la volonté de Mme Marois de prioriser davantage le transport en commun. «C'est toujours une décision rentable», dit le président de son conseil, Pierre Cardinal. Il rappelle que selon une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, en 2003, les coûts annuels de la congestion dans la région s'élevaient déjà à 1,4 milliards $. Et la congestion a continué d'empirer. De 1998 à 2008, la population québécoise a augmenté de 6%, mais le nombre de véhicules a augmenté de 31%.

M. Cardinal a toutefois un «bémol». «Si le nombre de déplacements en automobile diminue, les recettes de la taxe sur l'essence le feront aussi. Il faudra s'assurer que le financement pour le transport en commun n'en souffre pas», dit-il.

Selon le dernier Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), la Communauté métropolitaine de Montréal souhaite que d'ici 2021, 30% des déplacements en période de pointe le matin se fassent en transport en commun. Elle demande pour ce le prolongement du train de l'Est et du métro, des voies réservées ainsi que quelques autres projets comme un système rapide par bus (SRB) sur Pie-IX, le développement du train de l'Ouest et un système léger sur rail dans l'axe de l'autoroute 10.

- Avec Martin Croteau