Pour la première fois en cinq ans, le temps d'attente a diminué aux urgences. En 2011-2012, les patients sur civière ont attendu en moyenne 17h12 aux urgences avant d'être transférés aux étages ou d'obtenir leur congé, comparativement à un temps d'attente de 17h36 l'année précédente, selon le palmarès publié en mai dernier par La Presse. La pire région? Montréal, où l'attente moyenne est de 20h30. Le gouvernement libéral s'est donné comme objectif de réduire le temps d'attente à 12h. Mais depuis cinq ans, la situation a empiré. En 2006-2007, le temps d'attente moyen aux urgences était de 16h18.

PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC

Objectif: que 80% des hôpitaux aient un temps d'attente moyen inférieur à 12h.

Passer de 243 à 300 groupes de médecine familiale (GMF).

Passer de 40 à 60 cliniques-réseau.

Actuellement, 60% des hôpitaux respectent l'objectif gouvernemental d'un temps d'attente de moins de 12 heures aux urgences pour les patients sur civière. Une proportion qui devrait passer à 80% des hôpitaux d'ici cinq ans, selon le ministre de la Santé, Yves Bolduc. La stratégie libérale: offrir davantage de soins à domicile pour les personnes âgées. «Ça nous permet de libérer des lits», souligne-t-il. Une autre façon de libérer les lits d'hôpital: adresser des patients à des groupes de médecine familiale (de 240 GMF actuellement à 300 en 2013) et des cliniques-réseau, soit des cliniques ouvertes le soir et les week-ends où les services sont assurés par plusieurs GMF (de 40 à 60 à la fin du prochain mandat). Yves Bolduc estime que la moitié des patients qui n'ont pas besoin d'être hospitalisés (autrement dit, 25% des patients aux urgences) pourrait être dirigée vers les cliniques familiales. Parmi ses promesses électorales, le PLQ veut instaurer un protocole de suivi des maladies chroniques, qui coûtera 40 millions au départ et ensuite 18 millions par année. Mais surtout, le PLQ demande aux électeurs d'être sceptiques devant les solutions magiques des autres partis. «La pensée magique ne fonctionne pas, affirme le Dr Yves Bolduc. Ça prend de la réorganisation et de nouvelles ressources.»

PARTI QUÉBÉCOIS

500 millions en soins à domicile.

Passer de 243 à 350 groupes de médecine familiale.

Passer de 40 à 50 cliniques-réseau.

Pour le PQ, la fin de l'engorgement dans les urgences passe par deux grandes solutions: l'accès à un médecin de famille pour tous et davantage de soins à domicile pour les personnes âgées. «Environ 1100 lits de soins de courte durée dans les hôpitaux sont occupés par des personnes âgées en attente de services. Il s'agit de 6% des lits d'hôpital», dit Réjean Hébert, candidat du PQ, qui propose de doubler les sommes allouées aux soins à domicile en ajoutant 500 millions supplémentaires. Pour trouver un médecin de famille à chaque Québécois, le PQ veut faire passer le nombre de groupes de médecine familiale de 243 à plus de 350 et, surtout, ajouter une dizaine de cliniques-réseau. Le PQ veut aussi accorder plus de ressources (infirmières, nutritionnistes, kinésiologues) aux GMF afin que les médecins se concentrent uniquement sur la médecine. La rémunération des médecins de famille doit aussi changer pour tenir compte davantage de leur nombre de patients. Dernier changement: l'informatisation des GMF. «On est encore au XXe siècle, il faut passer au XXIe siècle», selon le Dr Hébert, qui considère que l'attente aux urgences n'est pas la meilleure façon d'évaluer l'efficacité du système de santé. «L'objectif n'est pas l'attente aux urgences, mais les soins à domicile et l'accès à un médecin de famille», dit-il.

COALITION AVENIR QUÉBEC

Objectif: réduire à 4h le temps moyen d'attente aux urgences.

Améliorer les conditions de pratique des médecins de famille. (moins de bureaucratie, plus d'infirmières et un accès au plateau technique de l'hôpital du quartier)

Pour la CAQ, l'attente aux urgences se règle à l'extérieur de l'hôpital, dans les cliniques des médecins omnipraticiens. «Les trois quarts des services aux urgences sont des services non urgents au sens vital du terme, constate le Dr Gaétan Barrette. Ils pourraient être donnés à l'extérieur de l'hôpital.» L'objectif de la CAQ: réduire le temps d'attente à environ quatre heures. «Ça se fait, ce n'est pas une lubie, d'autres pays l'ont fait», rappelle le Dr Barrette, qui veut diriger des patients vers les groupes de médecine familiale (GMF). «La seule façon de régler les problèmes aux urgences, c'est de répondre aux récriminations classiques des médecins de famille», dit le Dr Barrette. Les quatre solutions de la CAQ pour améliorer les conditions de travail des médecins de famille: moins de «paperasse», plus de ressources (par exemple, des infirmières), réserver aux médecins de famille un accès au plateau technique (tests de labo, imagerie médicale, échographie, etc.) de l'hôpital de quartier, et une meilleure collaboration entre omnipraticiens et médecins spécialistes. En retour de ces investissements, les médecins de famille devront faire 5000 consultations par année (une moyenne adaptée selon la lourdeur des cas). «Les médecins de famille bien épaulés actuellement rencontrent ce volume de pratique sans problème», assure le Dr Barrette.

QUÉBEC SOLIDAIRE

Réinvestir dans les CLSC.

Augmenter le nombre de lits en CHSLD.

«La porte d'entrée doit être le CLSC, déclare la candidate Manon Massé. Il faut libérer les lits dans les hôpitaux. Il faut aussi investir en santé prévention, agir avant que les gens ne se rendent à l'hôpital, notamment en haussant le revenu garanti et le salaire minimum. Le fait de ne pas lutter contre la pauvreté occupe environ 15% du budget de la santé.»

OPTION NATIONALE

Élargir le rôle des infirmières et des pharmaciens.

Informatiser le système de santé pour que les médecins voient 25% plus de patients.

«Les infirmières doivent pouvoir faire plus de gestes de première ligne et plus personne ne devrait aller aux urgences pour faire renouveler sa prescription, affirme le chef Jean-Martin Aussant. Avec l'informatisation du système de santé, les médecins pourraient voir 25% plus de patients, et il y a justement de 20 à 25% des Québécois qui n'ont pas de médecin de famille.»