Pauline Marois et son équipe auraient «volontairement retardé» le choix d'un candidat dans la circonscription de Crémazie pour éviter une mutinerie contre Diane de Courcy, selon un militant péquiste qui avait l'appui de l'association locale pour s'y présenter.

À la mi-mars, lorsque des rumeurs ont laissé croire que la présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) songerait à se présenter dans la circonscription de Crémazie, l'association locale a demandé au Parti québécois (PQ) de tenir une véritable assemblée d'investiture. Par la même occasion, le comité de direction a donné son appui à Nino Colavecchio, ancien président de la section québécoise du Congrès national italo-canadien, à l'unanimité moins deux abstentions.

«Je ne peux que conclure [que l'investiture a été volontairement retardée], parce que nous, on demande cette investiture depuis presque cinq mois. Comment je peux conclure autrement?», a affirmé M. Colavecchio en entrevue téléphonique.

«Le parti n'a même pas eu l'obligeance de m'appeler pour me dire qu'il allait nommer Mme de Courcy. C'est assez clair que ma candidature n'est peut-être pas désirée par ces gens-là, par Mme Marois et les gens du parti.»

Au PQ, on se défend bien d'avoir usé de stratagèmes antidémocratiques.

«Le conseil exécutif national a la prérogative de déterminer le rythme des investitures, mais pas la prérogative de nommer les candidats», a expliqué Sylvain Tanguay, directeur général du parti. «Stratégiquement, c'est bon d'avoir des investitures en début de campagne pour créer une certaine émulation.»

Circonscription particulière

Peu de temps après que la députée sortante Lisette Lapointe eut annoncé qu'elle quittait la vie politique, la candidature de Diane de Courcy, présidente de la CSDM, a fait l'objet de rumeurs persistantes. Quelques semaines plus tard, l'association locale envoyait sa lettre à la direction nationale du PQ.

«Le parti nous a expliqué pourquoi il ne tenait pas d'investiture à ce moment-là. Aujourd'hui, je peux vous dire qu'au mois d'avril, quand ils m'ont expliqué ça, je n'étais pas d'accord avec eux. Aujourd'hui, je le suis», a expliqué Hadrien Parizeau, président de l'association locale. Il a également rappelé que des rumeurs de campagne électorale imminente couraient à ce moment.

Selon lui, la nomination de Diane de Courcy ne devrait pas entraîner de démissions à la direction de l'association locale de Crémazie. M. Parizeau admet toutefois que certains militants en veulent toujours au «national». «Il y a toujours des fâchés au Parti québécois. C'est très rare qu'on fait une campagne où il y a 100% des bénévoles, des militants, qui viennent», a-t-il déclaré.

«Aucune pression»

Sylvain Tanguay, directeur général du parti, a affirmé pour sa part que Mme de Courcy a finalement été choisie par une résolution de l'association locale, et non par la direction nationale du parti. M. Colavecchio aurait pu faire campagne et tenter d'être choisi.

«Il n'y a aucune pression qui a été faite sur qui que ce soit pour que qui que ce soit ne se présente pas dans Crémazie», a-t-il assuré. Il a ajouté que M. Colavecchio aurait pu «recruter de nouveaux membres» et contacter les militants, par exemple.

M. Colavecchio, lui-même membre de l'exécutif, nie que la résolution d'appui à Mme de Courcy ait été adoptée en bonne et due forme par l'association locale.

«Au moment où on a fait la demande, on était en mesure de la gagner [l'investiture]», a cependant assuré Nino Colavecchio à La Presse. «Ça aurait été une dure bataille. Et de toute évidence, c'est une bataille que le parti voulait éviter.»