Jean Charest se défend d'enfoncer une porte ouverte en promettant d'abaisser le taux de chômage à 6% d'ici à 2017, un chiffre qui se trouve déjà dans les prévisions des économistes.

Au lendemain de cet engagement du chef libéral, La Presse a indiqué vendredi qu'Emploi-Québec, un organisme public, et le Mouvement Desjardins, du secteur privé, prévoient tous deux que taux de chômage sera de 6% en 2017. Il est de 7,7% à l'heure actuelle.

Jeudi, Jean Charest avait parlé du taux de 6% comme d'un «objectif ambitieux» qui exigeait des «efforts supplémentaires».

Le ministre des Finances sortant, Raymond Bachand, a aussi estimé que la promesse libérale est ambitieuse. «On essaie d'être, je ne dirais pas conservateur, mais réaliste», a-t-il ajouté vendredi.

Le nombre d'emplois qu'il faudrait créer pour atteindre ce taux de 6% varie considérablement selon les estimations: autour de 150 000 pour Desjardins et Emploi-Québec, par rapport à la promesse libérale de 250 000.

«Il n'y a pas de confusion sur les chiffres», a répondu Jean Charest aux journalistes qui le talonnaient à ce sujet.

«Quand les économistes font leurs prévisions, ils les font à partir d'un certain nombre de prémisses. Et si vous changez les prémisses, ça change les projections.»

«Changer les prémisses», c'est ce qu'il fait, selon lui. S'il est réélu, il fera passer de 65 à 62 ans l'âge d'admissibilité au crédit d'impôt, afin d'inciter les travailleurs de cette tranche d'âge à rester au boulot plus longtemps. Ce crédit d'impôt peut aller jusqu'à 1500$. Quelque 100 000 personnes supplémentaires pourraient le toucher - elles resteraient donc plus longtemps parmi la population active, laquelle sert à établir le taux de chômage.

La mesure ferait partie d'un plan global destiné aux «travailleurs expérimentés» et doté d'une enveloppe de 426 millions de dollars en trois ans. Un investissement «déjà prévu» dans le dernier budget Bachand, a dit M. Charest, qui veut retrouver l'équilibre budgétaire l'an prochain.

Les entreprises qui emploient des travailleurs de plus de 65 ans bénéficieraient d'une réduction de la taxe sur la masse salariale atteignant au maximum 1000$. Jean Charest s'engage dans la première année d'un prochain mandat à convoquer le monde syndical et patronal à une «conférence nationale sur l'organisation du travail afin de mieux adapter le marché de l'emploi aux réalités des travailleurs expérimentés, notamment sur le plan des horaires de travail».

En conférence de presse, Jean Charest a souligné que les Québécois prennent leur retraite plus tôt que les autres Canadiens - à 61 ans comparativement à 62. Et 53% des 55-64 ans sont sur le marché du travail au Québec, contre 59% au Canada.

Jean Charest mise beaucoup sur le thème de l'économie, ce qui avait fait recette en 2008.

Le chef libéral a fait son annonce dans un centre communautaire de Laval-des-Rapides, où la lutte s'annonce serrée. Le député sortant, le ministre Alain Paquet, affronte le péquiste Léo Bureau-Blouin, ex-leader étudiant, et la caquiste Maud Cohen, qui était présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

Jean Charest n'a encore pris aucun bain de foule, et ses sorties sont très encadrées. «Je n'ai pas attendu la campagne électorale pour sortir sur le terrain. J'y étais, sur le terrain. J'ai visité pas mal de régions, pas mal d'usines, pas mal de monde dans les six derniers mois», s'est-il défendu, en faisant référence à la tournée de promotion du Plan Nord.