Au lendemain d'une amère défaite, François Legault a adouci le ton. Après avoir prévenu la semaine dernière qu'il ne serait «pas patient» avec un gouvernement minoritaire, il a offert ce matin sa collaboration.

«Je pense qu'on est capables de s'entendre pour rétablir l'intégrité dans la vie publique», a-t-il lancé. Comme le Parti québécois, le Coalition avenir Québec promet d'abaisser de 1000$ à 100$ la limite des dons annuels aux partis. Comme le PQ, la CAQ promet aussi d'instituer des élections à date fixe, de créer un poste de directeur parlementaire du budget pour donner un portrait indépendant des finances publiques et de colmater les brèches de la loi contre la fraude dans l'industrie de la construction.

Le chef a cité quelques autres dossiers sur lesquels il croit pouvoir s'entendre avec le gouvernement péquiste à venir: lutte contre le décrochage scolaire, développement des soins à domicile et du réseau de garderies «en fonction des besoins et non des amis». La CAQ s'oppose toutefois au gel de tarifs que propose le PQ.

M. Legault pourrait aussi appuyer le gouvernement pour doter la Caisse de dépôt d'un fonds destiné à protéger les sièges sociaux au Québec et «créer une économie de propriétaires». 

Il promet «d'élever le débat» pour «rompre avec l'ambiance malsaine» et «retrouver la civilité et le respect mutuel» à l'Assemblée nationale.

Loi 101: affrontement à prévoir

La CAQ rappelle néanmoins que les Québécois ont choisi de mettre le nouveau gouvernement péquiste «sous haute surveillance». Elle promet de prendre les dossiers «un par un». Elle ne semble pas vouloir céder sur la refonte de la Charte de la langue française que propose le PQ. M. Legault s'oppose notamment à l'application de la charte aux cégeps et aux entreprises de 11 à 50 employés. La version actuelle de la charte constitue un «équilibre», croit-il. «Il faut surtout s'assurer qu'elle soit bien appliquée», a-t-il indiqué.

La réforme de la charte devrait être un projet de loi volumineux et très long à étudier en commission parlementaire, surtout avec une opposition qui ne collaborerait pas.  

Droits de scolarité: à voir en mars

Le chef de la CAQ s'oppose également à l'abolition de la hausse des droits de scolarité. Et si Mme Marois l'annule par décret à l'automne, ce qui lui éviterait de demander un vote et l'appui de l'opposition? M. Legault a rappelé que cette décision figurerait néanmoins aussi au prochain budget en mars. Le vote sur le budget est un vote de confiance qui peut défaire un gouvernement minoritaire. «Il y aura une décision à prendre au prochain budget», a-t-il simplement indiqué, sans vouloir dire si cette question est cruciale pour lui. En fait, M. Legault a déjà indiqué que sa priorité était plutôt la lutte contre le décrochage dans les écoles primaires et secondaires. Il propose de «couper la poire en deux» pour les droits de scolarité.

M. Legault promet de rester vigilant quant à l'abolition de la taxe santé. Lui aussi veut l'abolir, mais il craint que le plan de Pauline Marois ne permette pas de compenser le milliard de dollars que coûtera cette mesure. «Il ne faut pas que ça se fasse au détriment de l'équilibre budgétaire», a-t-il prévenu.

Réunion demain

Les 19 députés de la CAQ se réuniront pour la première fois demain à Québec. Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec l'ensemble des candidats pour faire le bilan de la campagne. À la CAQ, on indique que le chef devrait prendre son temps avant de composer son cabinet fantôme.

Il promet aussi de mettre en place un bureau du parti dans chacune des 125 circonscriptions. Il y en a moins de 20 en ce moment.

M. Legault se dit à la fois «satisfait et déçu» des résultats hier soir. «Peu de gens avaient prédit au début de la campagne qu'on aurait 27% d'appuis et qu'on terminerait deuxièmes dans plus de 50 circonscriptions», a-t-il lancé. La victoire lui a échappé par «quelques points de pourcentage». Même s'il reconnaît que le mode de scrutin l'a désavantagé, il ne veut pas le changer. «Il faut jouer avec les règles du jeu», soutient-il. 

Il rappelle que son parti existe depuis moins d'un an. La CAQ aura dépensé environ 3,4 millions de dollars durant la campagne, soit près de trois fois que la limite permise.

Il reconnaît que son parti a encore beaucoup de travail à faire dans l'île de Montréal et dans les «régions ressources». Il n'y a pas récolté un seul siège. «Personne ne va lâcher», a-t-il promis.