Jean Charest a assumé la responsabilité de la défaite électorale du Parti libéral, hier soir, après avoir été battu dans sa propre circonscription de Sherbrooke. Mais il a chaudement félicité ses troupes pour avoir fait «mentir les sondeurs».

Le PLQ a profité d'un sursaut d'appuis qui a déjoué les prévisions, mardi soir, et qui lui permet de devenir l'opposition officielle du gouvernement péquiste minoritaire.

«Ce n'est pas le résultat que j'aurais souhaité, a reconnu M. Charest devant 300 partisans réunis dans un hôtel de Sherbrooke. Ce n'est pas la bataille devant laquelle j'ai reculé non plus. Et je peux vous dire que, maintenant, j'ai l'intime conviction que notre parti va continuer à servir le Québec, et nous le ferons ensemble.»

Dans la défaite, le premier ministre sortant a perdu le siège qu'il occupe à l'Assemblée nationale depuis son arrivée en politique provinciale, en 1998. Il s'est incliné devant le péquiste Serge Cardin.

M. Charest n'avait jamais perdu une élection dans Sherbrooke, ni au provincial ni au fédéral, où il a été élu pour la première fois en 1984.

Sans rancune, le chef libéral a réitéré son attachement profond pour cette ville et pour les Cantons-de-l'Est, où il a grandi, étudié et rencontré sa femme.

«Nous vous aimons profondément, et rien ne changera ce sentiment d'affection que nous avons pour vous», a dit Jean Charest, qui était accompagné de sa femme, Michèle Dionne, et de ses trois enfants, Amélie, Antoine et Alexandra.

Il a de nouveau vanté son bilan économique, estimant que son parti laisse au nouveau gouvernement péquiste une «maison en bon ordre».

Peu avant 21h, un lourd silence s'est installé dans la grande salle où s'étaient rassemblés les militants libéraux: Radio-Canada venait de prédire que le Parti québécois formerait le prochain gouvernement.

Une heure plus tard, des applaudissements ont fusé dans la salle lorsque la même chaîne a annoncé que le gouvernement serait minoritaire. Ce résultat a rassuré les libéraux, qui craignaient les visées référendaires de Pauline Marois.

«Dans les circonstances, je pense qu'on fait très bonne figure», a indiqué Monique Gagnon-Tremblay, qui a été ministre pendant les trois mandats de Jean Charest.

Sondages déjoués

Les sondages publiés en fin de campagne ne laissaient rien présager de bon pour les libéraux, qu'ils donnaient unanimement troisièmes dans les intentions de vote, et loin derrière chez les francophones, l'électorat qui désigne la majorité des sièges à l'Assemblée nationale.

Mais Jean Charest était resté optimiste et avait continué de soutenir qu'il était le seul à pouvoir barrer la route à un gouvernement souverainiste. Dans la dernière semaine de la campagne, il a martelé à fond son message de «stabilité» face au «risque» que représentait Pauline Marois.

Les libéraux espéraient que ce message permettrait de rallier les nombreux indécis relevés par les sondeurs. Avec 31% des suffrages au moment de mettre en ligne, le PLQ semblait avoir gagné près de 5 points sur les dernières prévisions.

Malgré tout, plusieurs figures de proue du gouvernement Charest sont tombées au combat: Clément Gignac dans Taschereau devant la péquiste Agnès Maltais, Serge Simard dans Dubuc, Alain Paquet dans Laval-des-Rapides aux mains du jeune péquiste Léo Bureau-Blouin, Pierre Corbeil dans Abitibi-Est.

«Il y aura d'autres rendez-vous pour le Parti libéral du Québec, a dit M. Charest. Nous avons encore du travail à faire.»