Le lendemain des élections, une série de gestes, toujours les mêmes, doivent être faits pour que, de 10 à 15 jours plus tard, le nouveau premier ministre puisse dévoiler son Conseil des ministres.

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Normalement, des briefing books, des cahiers de notes destinés aux nouveaux ministres pour les mettre au fait de l'ensemble de leurs dossiers, sont préparés depuis quelques semaines. Pour ceux qui ont été dans l'opposition ou les rares qui ont déjà siégé au gouvernement, cela ne représente pas trop de problèmes. Par contre, si on veut admettre des néophytes au Conseil des ministres, c'est une tout autre affaire.

Pauline Marois a toujours été plutôt conservatrice; son gouvernement sera à l'avenant si le Parti québécois (PQ) l'emporte ce soir. On a déjà adopté une «structure traditionnelle» pour l'éventuel Conseil des ministres.

Au PQ, on ne visera pas à atteindre des records d'austérité; un Conseil des ministres de moins de 20 membres est d'ores et déjà écarté. En revanche, on n'ira pas jusqu'aux excès de Bernard Landry, avec 32 limousines en janvier 2002. Un comité d'une demi-douzaine de personnes, surtout d'anciens mandarins du PQ, s'est réuni à cinq reprises environ chez Martine Tremblay, ancienne chef de cabinet de René Lévesque.

La Presse l'a déjà indiqué: on y trouve, outre Mme Tremblay, Pierre Roy, ancien sous-ministre qui a suivi Mme Marois dans plusieurs ministères avant d'être nommé à la Régie de l'assurance maladie, Guy Morneau, le haut fonctionnaire qui avait conçu le réseau des garderies à 5$, et Laurent Émond, ancien directeur des communications dans plusieurs ministères où Mme Marois a passé.

«Ça va être très classique», prédit-on dans l'entourage de la chef péquiste. On vise à présenter le Conseil des ministres de 10 à 15 jours après les élections. Pour la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, ce qui implique un nouveau message inaugural, il faut prévoir attendre jusque dans la seconde moitié d'octobre. On conservera le système de quelques «ministres délégués» pour venir en aide à ceux qui auront une tâche importante, notamment à la Santé.

Si elle est minoritaire, Mme Marois conserverait essentiellement le même plan de match: pas question de faire entrer Françoise David ou Amir Khadir au gouvernement. En revanche, si elle est à un ou deux sièges de la majorité, elle pourrait être tentée de maintenir le libéral Jacques Chagnon à la présidence de l'Assemblée nationale afin de réduire d'une voix le poids de l'opposition, tout en évitant au gouvernement de perdre un vote au Parlement.

Le plan libéral

Du côté libéral, on ne baisse pas les bras. Le scénario est toutefois bien simple si Jean Charest l'emporte. Le nouveau gouvernement remplacerait les ministres tombés au champ d'honneur. On n'a pas mis en place de «comité de transition». Une rencontre entre M. Charest et sa garde rapprochée est prévue pour mardi après-midi. À ce jour, on n'a pas voulu «déconcentrer» le chef libéral pendant sa campagne. S'il était défait dans Sherbrooke mais que son parti était tout de même élu minoritaire, un député aurait à se sacrifier pour permettre au chef de rentrer en Chambre. En 1985, battu dans Bertrand (alors sur la Rive-Sud), M. Bourassa s'était représenté dans Saint-Laurent, une circonscription sûre.

Dans le cas d'une défaite du PLQ, on reste convaincu d'au moins constituer l'opposition officielle. On dit ne rien savoir de la réaction de Jean Charest dans ce scénario, et on serait «très surpris» qu'il annonce sur-le-champ son départ de la vie publique, surtout s'il est réélu dans Sherbrooke. Mais encore là, on est plutôt dans les impressions. Pour l'instant, on prévoit une réunion du Conseil des ministres demain après-midi et un caucus des députés jeudi matin, à Québec.

Legault veut faire vite

Pour ce qui est de la Coalition avenir Québec (CAQ), si elle est élue ce soir, on envisage de former rapidement le gouvernement et, surtout, de convoquer sans tarder l'Assemblée nationale. François Legault a déjà des engagements pour ses 100 premiers jours, dont le dépôt et l'adoption de la Loi sur la corruption. Des comités doivent être formés, entre autres celui que dirigerait Jacques Duchesneau et qui superviserait l'adjudication des contrats aux Affaires municipales, aux Transports et aux Ressources naturelles.

En cas de gouvernement minoritaire, François Legault a été clair: pas question d'alliance avec qui que ce soit, même si certaines idées le rapprocheraient du PLQ. On s'attend à ce que le parti de Jean Charest sorte «laminé» de la commission Charbonneau, ce qui en ferait un partenaire bien embarrassant à court et à moyen terme.

Si la CAQ devient l'opposition officielle ou si elle détient la balance du pouvoir dans un gouvernement minoritaire péquiste, on ne retournera pas rapidement en élections. D'abord, il faudrait prévoir dans ce cas que le PLQ prenne tout son temps, probablement un an, pour se trouver un nouveau chef. De plus, l'électorat accepterait mal qu'on saisisse le premier prétexte pour plonger de nouveau le Québec dans une campagne électorale. La perspective d'un renversement du gouvernement à la première occasion, par exemple au budget du printemps 2013, est bien peu probable.