Le Canada anglais appréhende une victoire du Parti québécois (PQ) aux élections générales de mardi. Après une trêve de près de 10 ans sur le front de l'unité nationale, on craint que la question de l'avenir politique du Québec au sein de la fédération canadienne ait à nouveau préséance sur les questions plus urgentes comme l'économie ou la création d'emplois.

Les grands quotidiens anglophones du pays ont exprimé leurs inquiétudes et leurs préférences, hier, dans leurs pages éditoriales alors que les sondages continuent de donner une légère avance au PQ sur la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti libéral du Québec à quelques jours du scrutin.

Les défis de Stephen Harper

Le Toronto Star estime qu'une victoire du PQ forcerait tout le monde à Ottawa, et d'abord le premier ministre Stephen Harper, à revoir ses priorités. Compte tenu de l'impopularité de son gouvernement au Québec, M. Harper aurait tout avantage à agir de manière concertée avec le chef du NPD, Thomas Mulcair, et le chef par intérim du Parti libéral du Canada, Bob Rae, pour bien défendre la cause du fédéralisme dans la province, selon le quotidien.

«Dans un débat sur l'avenir du Québec, les partis de l'opposition devraient apporter une grande contribution», croit le Star.

Le journal croit que les nombreux Québécois qui souhaitent du changement après neuf ans de règne des libéraux de Jean Charest risquent de déchanter rapidement. Notant qu'une majorité d'entre eux ne souhaite pas la tenue d'un autre référendum, le Star soutient que les politiciens les plus en vue à Ottawa doivent être prêts à défendre la majorité fédéraliste au Québec.

Les priorités du Québec

Selon le Globe and Mail, les électeurs doivent se demander lequel des partis en présence peut le mieux défendre leurs intérêts économiques sans plonger la province dans des conflits identitaires stériles.

Le Québec, souligne l'influent quotidien, affiche la dette publique la plus importante du pays. La province n'a toujours pas modernisé ses pratiques contractuelles avec le secteur de la construction, ce qui ouvre la porte à la corruption et à la collusion.

Toujours selon le Globe and Mail, la grève des étudiants du printemps dernier a démontré l'incapacité de la société québécoise à accepter le coût réel des services publics. Et avec un faible taux de naissance, la province a besoin d'immigrants, et non pas de nouveaux débats identitaires qui pourraient projeter une image d'intolérance.

«Ce sont les dangers qui guettent les Québécois sur plusieurs fronts. Si la province ne fait pas des efforts pour innover, elle va continuer sur la route du déclin. Le 4 septembre, les électeurs devraient reconnaître que business as usual n'est pas une option viable», selon le Globe.

Le chroniqueur Jeffrey Simpson du quotidien The Globe and Mail se désole quant à lui de voir que personne ne vante les vertus du fédéralisme au Québec. Surtout lorsqu'il fait le bilan des faiblesses de Stephen Harper et du Parti conservateur dans la province.

«Aujourd'hui, plus que jamais dans l'histoire canadienne, il n'y a presque pas de partisans du fédéralisme au Québec pour parler fréquemment et avec conviction de ses mérites», souligne Jeffrey Simpson.

Le National Post invite les électeurs à voter pour la CAQ afin d'empêcher le retour au pouvoir du PQ et l'application de ses politiques «rétrogrades».