La chef péquiste Pauline Marois a fait une nouvelle opération charme auprès des étudiants jeudi. Elle les a prévenus qu'il lui faut une majorité à l'Assemblée nationale pour abroger la loi 12 (projet de loi 78) et annuler sans embûche la hausse des droits de scolarité.

Pauline Marois s'est rendue au cégep de Saint-Hyacinthe où son candidat et ex-président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, a étudié. Ce dernier l'accompagnait et a invité les 300 étudiants présents à exprimer leur droit de vote le 4 septembre. « Il faut passer de la rue aux urnes », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris.

Pauline Marois a quant à elle lancé un avertissement aux étudiants. « Si nous voulons abolir la loi 78 immédiatement lorsque nous arrivons au pouvoir, nous devons être majoritaires, il n'y a pas d'autres choix », a-t-elle insisté.

À la suite de son allocution, Pauline Marois s'est prêtée à une période de questions. Un candidat d'Option nationale, Jérôme Saint-Amand, s'est présenté au micro pour demander à Mme Marois pourquoi elle a écarté la gratuité scolaire, plus tôt cette semaine.

« Je ne crois pas que (la gratuité scolaire) est possible, mais je n'empêcherai pas les gens qui le croient possible de faire le débat et de présenter leurs arguments », a-t-elle répondu. Ils pourraient le faire lors du sommet sur l'éducation supérieure qu'elle s'est engagée à tenir si elle est élue. Un gouvernement péquiste proposerait alors une indexation des droits de scolarité.

Or Léo Bureau-Blouin ne veut pas d'indexation. Il milite pour le gel des droits de scolarité. « Ce que j'ai défendu comme représentant étudiant, le gel des droits de scolarité, je vais continuer d'en faire la promotion au sein de ma formation », a-t-il affirmé aux journalistes « Au cours du forum, on pourra débattre si c'est le gel ou l'indexation. L'objectif est de dégager un consensus ». Sa « priorité » reste d'annuler la hausse décrétée par le gouvernement Charest.

Il a fait la même mise en garde aux étudiants que sa chef. « Il est important de donner une majorité au Parti québécois, car dans le cas d'un gouvernement minoritaire, on n'aura pas la marge de manoeuvre nécessaire pour mettre l'ensemble de nos projets de l'avant. Si on veut se donner toutes les chances de notre côté, ça prend une majorité. Avec un gouvernement minoritaire, il y a toujours une dose de risque », a-t-il soutenu.

Legault « plus fédéraliste » que Charest

Pauline Marois a fait une nouvelle charge contre François Legault en lui reprochant d'être « plus fédéraliste » que Jean Charest. Elle a tiré cette conclusion à partir d'une entrevue que le chef caquiste a accordée à The Gazette. « Il se définit comme canadien, il partage les politiques budgétaires de Stephen Harper, et comble de tout, il signerait même la constitution. C'est du jamais vu », a-t-elle lancé. Notons que M. Legault a déclaré qu'il veut que, d'ici 10 ans, le Québec paie de la péréquation au lieu d'en recevoir. Cela lui donnerait un rapport de force pour « renégocier une entente » avec Ottawa grâce à laquelle le Québec signerait la constitution, a-t-il dit à The Gazette.

Inacceptable, tonne Legault

François Legault accuse le Parti québécois de déformer ses propos. «Je ne laisserai pas Mme Marois définir mon amour du Québec. Elle essaie de diviser les Québécois et les faire rejouer dans le vieux film, où il y a des bons et des mauvais Québécois. C'est inacceptable», a lancé le chef de la Coalition avenir Québec, lors d'un impromptu de presse à Laurier-Station.

«Mme Marois n'a pas de crédibilité pour négocier avec Ottawa, a-t-il poursuivi. Tout le monde sait qu'elle souhaite un échec avec Ottawa pour mousser la souveraineté.»

Dans l'interview à la Gazette, M. Legault a expliqué qu'il ne voulait «pas (se) définir comme fédéraliste». Il se définit comme «Québécois d'abord, mais aussi comme Canadien». D'ailleurs, le caricaturiste du quotidien le dessinait ce matin avec une minuscule feuille d'érable sur son chandail, pour montrer que son attachement au Canada restait timide. Il y a expliqué qu'il ne voulait pas tenir de référendum, ni signer la constitution durant son retour à la politique, qui durera 10 ans.

- Avec Paul Journet