Pour la première fois, François Legault a donné un peu de détails ce matin sur les 25% de réductions de dépenses qu'il promet de faire à Hydro-Québec. Il se base sur des études secrètes, la mise à jour d'une autre étude qui recommandait la privatisation de la société d'État et la réduction déjà en cours du coût des grands chantiers.

La réduction annuelle de 600 millions $ s'appuie d'abord sur une étude de Claude Garcia et de l'Institut économique de Montréal. Cette étude estimait à 1,2 milliard les compressions réalisables à la société d'État. Elle proposait aussi de la privatiser (voir compte-rendu et l'étude complète). Cette idée avait été reprise en partie par l'ADQ, mais a été rejetée par la CAQ.

«Cette étude a été mise à jour par des gens de l'interne chez nous. Elle a aussi été validée par des anciens cadres et des cadres actuels. Ils nous ont dit qu'à l'interne, pendant un certain temps, on prévoyait réduire le nombre d'employés de 22 000 à 18 000. Et quand (Thierry) Vandal est arrivé (à la tête d'Hydro-Québec), on a plutôt augmenté le nombre d'employés», a rapporté le chef de la CAQ.

Au milieu des années 90, Hydro-Québec comptait 19 500 employés. Ministre des Ressources naturelles dans le gouvernement Bouchard, Guy Chevrette voulait réduire ce nombre. Sa cible: 17 500 pour l'an 2000. Mais le nombre d'employés a finalement augmenté. Il avoisine les 23 000 aujourd'hui.



Le calcul de la CAQ a été fait à partir de «benchmarking» (étalonnage), a-t-il expliqué. On a comparé Hydro-Québec avec d'autres sociétés internationales dans le secteur de l'énergie. «On a ajusté avec le volume, le nombre de kilomètres pour comparer des pommes avec des pommes», dit M. Legault.

Il n'a pas voulu préciser davantage. On ne sait pas dans quelle division d'Hydro-Québec se feraient ces compressions.

M. Legault s'appuie aussi sur d'autres études, dont il ne veut pas parler. C'est parce que leurs auteurs ne voudraient pas les endosser publiquement. «(Leurs auteurs) ont souhaité, compte tenue que les études ont été faites avec des moyens limités, qu'elles restent privées», a-t-il dit.

«J'ai eu l'occasion de consulter des cadres actuels et des anciens haut placés chez Hydro-Québec pour valider la raisonabilité de ce qui est à faire. Et je suis convaincu qu'on est capable de diminuer les dépenses de 600 millions $», a-t-il assuré.

La moitié des réductions viendraient des salaires. Hydro-Québec prévoit 6000 départs à la retraite d'ici 2018. La CAQ en profiterait pour abolir 4000 postes. «Personne ne perdrait son emploi», a-t-il insisté. On économiserait ainsi à terme 300 millions de dollars par année.

En 2003, le Parti libéral promettait la même chose que la CAQ aujourd'hui : diminuer de 600 millions $ les dépenses à Hydro-Québec. C'est exactement le contraire qui s'est produit, a rappelé M. Legault. Les dépenses ont augmenté de 600 millions $. Il dit comprendre le « scepticisme» des électeurs. «Mais nous, on va livrer la marchandise», a-t-il promis.

Des chantiers qui coûtent moins cher

L'autre moitié des réductions viendrait des achats. À la Coalition, on explique que les constructeurs qui font les grands travaux routiers sont les mêmes qui réalisent les chantiers de la société d'État. On rappelle que les coûts des travaux ont diminué de 20% à 30% à Montréal, comme le révélait La Presse ce matin. On parle aussi de l'effet Marteau. À son passage en commission parlementaire l'automne dernier, Jacques Duchesneau expliquait que la somme moyenne des soumissions avait diminué de 17,2% par rapport au niveau de 2010.

Il s'agit toutefois de diminutions déjà en cours. Les autres partis ne les ajoutent pas dans leur cadre financier pour prévoir une diminution des dépenses à Hydro-Québec.