Pour la première fois, la chef péquiste Pauline Marois a soutenu hier que la gratuité scolaire n'est «pas possible». Elle ferme la porte à cette mesure, même si elle a promis de tenir un sommet sur les études supérieures où toutes les options seraient sur la table.

Pauline Marois a fait cette déclaration lors de son passage au cégep de Sorel-Tracy, où les élèves n'ont pas fait la grève le printemps dernier.

Selon l'engagement de Mme Marois, un gouvernement péquiste proposerait d'indexer les droits de scolarité dans le cadre d'un sommet qui se tiendrait dans les 100 premiers jours d'un mandat. Toutes les autres propositions seraient débattues, disait jusqu'à maintenant la chef péquiste.

Mais hier, elle a clairement rejeté la gratuité scolaire, une position défendue par Québec solidaire et Option nationale. «Je ne peux dire à la population du Québec que c'est possible d'avoir la gratuité au chapitre des droits de scolarité. C'est ce que je dis à ceux qui veulent voter pour Québec solidaire, que ce n'est pas possible. Si nous faisions cela, nous ne ferions rien d'autre. Nous devons avoir du respect pour tous les autres membres de la population, les autres citoyens», a-t-elle expliqué.

Françoise David, co-porte-parole de Québec solidaire, a condamné la sortie de Mme Marois. La gratuité scolaire est faisable et coûterait environ 440 millions, selon elle.

En conférence de presse, Pauline Marois a prévenu les étudiants qu'un gouvernement péquiste minoritaire pourrait difficilement réaliser son engagement, que la loi spéciale (12) et la hausse des droits de scolarité pourraient demeurer en vigueur. «Je les invite à y réfléchir, a-t-elle affirmé. Moi, je veux les abolir, mais vous savez très bien à quelle lutte ça pourrait donner lieu à l'Assemblée nationale.» Elle a martelé que pour «régler la crise», le Parti québécois «doit former un gouvernement majoritaire».

Ouverture à la CAQ

De son côté, le chef caquiste François Legault a nuancé sa position dans le dossier des droits de scolarité. La Coalition avenir Québec (CAQ) propose une hausse de 200$ par année pendant cinq ans, mais ce n'est plus une position ferme: c'est maintenant une offre faite aux étudiants. Dès le lendemain de son élection, M. Legault serait ouvert à rencontrer les associations étudiantes. «Je suis prêt à négocier», a-t-il assuré à quelques reprises. Il chercherait un «compromis raisonnable».

Il voudrait négocier avec les fédérations étudiantes collégiale et universitaire (FECQ et FEUQ). Et la CLASSE? «Elle pourrait être présente, pourvu qu'elle soit de bonne foi pour avoir une entente raisonnable, et non pas qu'elle essaie de détruire le système capitaliste», a dit M. Legault, qui était de passage à Saint-Alexandre-d'Iberville.

Martine Desjardins, présidente de la FEUQ, a réagi rapidement sur Twitter. «Pour [négocier], il faudrait qu'il soit prêt à nous parler, et franchement, ces derniers temps, son équipe s'est montrée méprisante», a-t-elle écrit.

M. Legault croit encore que les universités sont sous-financées et que les étudiants devraient y contribuer davantage. Il n'a pas établi de plancher précis, mais il y aurait une hausse, qui dépasserait l'indexation. «Pour ce qui est de la part qui ira aux prêts et bourses et la part qui ira à la hausse des droits de scolarité, je pense que tout cela doit être négocié», a-t-il expliqué. Il préférerait que le crédit d'impôt soit diminué et qu'on augmente en contrepartie les prêts et bourses.