Un gouvernement péquiste devrait avoir «de très bonnes raisons» pour refuser de tenir un référendum sur la souveraineté réclamé par 850 000 électeurs, reconnaît Pauline Marois.

Vendredi, la chef péquiste a cherché à minimiser la controverse entourant la sortie de Bernard Drainville sur le référendum d'initiative populaire (RIP). «Nous nous sommes parlé. Il n'y a pas une feuille de papier à musique qui nous sépare, lui et moi», a-t-elle soutenu en conférence de presse.

Jeudi, le député sortant et candidat dans Marie-Victorin a affirmé que Mme Marois n'aurait à peu près pas le choix d'accepter de mener un référendum si 850 000 électeurs le demandaient. Refuser reviendrait selon lui à «flouer» les Québécois.

Or, Pauline Marois avait déclaré la veille qu'un gouvernement péquiste pourrait dire non à une demande de référendum. Elle avait dit le contraire en février.

«C'est sûr qu'on permet à la population d'exprimer sa voix. Et Bernard et moi disons la même chose. Une fois que cette voix se sera exprimée, il va falloir avoir de très bonnes raisons de dire non. Mais on pourra en voir dans certaines circonstances», a affirmé Mme Marois.

Un gouvernement péquiste pourrait rejeter une demande de référendum au nom «de l'intérêt supérieur du Québec», a-t-elle précisé.

Elle reconnaît qu'une demande de référendum faite par 15% des électeurs créerait une «pression énorme». Mais il est selon elle «incontournable» que la décision d'en déclencher un revienne «à l'Assemblée nationale et, en cas de gouvernement majoritaire, au chef du gouvernement».

Mme Marois croit-elle comme Bernard Drainville qu'il y aurait «un prix politique énorme à payer» à dire non à une demande de référendum? «Je ne veux pas présumer d'une question hypothétique», a-t-elle répondu. «Ce sera une décision qui sera prise par un gouvernement, l'Assemblée nationale, et ce sera à nous d'évaluer s'il y a un coût ou pas. Ça dépendra des circonstances.»

Au cours de sa conférence de presse, elle a dévoilé ses engagements en matière de développement régional. Si elle est portée au pouvoir, elle abolira les fonds d'intervention économique régionaux (FIER), dont la gestion a fait l'objet d'une controverse dans le passé. Elle mettrait 500 millions de dollars dans de nouveaux fonds régionaux pour soutenir la diversification de l'économie locale. Le gouvernement ferait des emprunts pour constituer ces fonds, si bien que l'État n'aurait qu'à payer les intérêts.

Pauline Marois veut également renforcer la politique nationale de la ruralité et créer une «loi sur la décentralisation». Un gouvernement péquiste céderait certains pouvoirs aux MRC et aux municipalités. Il leur donnerait les budgets nécessaires. En entrevue sur les ondes d'une station de radio locale, elle avait laissé entendre qu'elle donnerait un pouvoir de taxation aux MRC, mais elle a nié avoir une telle intention en conférence de presse. «Ce n'est pas dans notre plan de match», a-t-elle dit. Elle a toutefois indiqué que cela pourrait faire l'objet des discussions avec les municipalités pour parvenir à un nouveau pacte fiscal.

Pauline Marois a promis 20 millions de dollars pour soutenir les jeunes agriculteurs et favoriser la relève dans ce secteur. Elle n'a pas annoncé de mesures précises. La Financière agricole aurait le mandat de trouver de «nouvelles solutions», dit-on au PQ.