Dynamisé par sa participation au débat des chefs, Québec solidaire a l'oeil sur une demi-douzaine de circonscriptions le 4 septembre. Après les élections, le parti songera à une fusion avec Option nationale tout en espérant une réforme du mode de scrutin pour augmenter son influence dans le paysage politique québécois.

«Nous sentons l'effet du débat dans notre pointage, dit Françoise David, en entrevue éditoriale à La Presse. Les bénévoles affluent, les gens viennent chercher des pancartes. J'entends beaucoup de gens me dire qu'ils sont tannés de voter utile, qu'ils vont voter avec leur coeur. Ça arrive que les Québécois se donnent des permissions et laissent tomber leurs habitudes.»

Françoise David tente de se faire élire dans Gouin, circonscription de l'un des poids lourds du Parti québécois (PQ), le député sortant Nicolas Girard. «Il n'y a pas de chance que Françoise perde, dit Amir Khadir. La question, c'est combien de circonscriptions» remportera Québec solidaire. Le parti en vise une demi-douzaine.

Après les élections, on espère discuter de fusion avec Option nationale, qui a «emprunté 90% du programme politique de Québec solidaire», selon Amir Khadir. «Je fais partie des gens qui souhaitent qu'on se parle, mais ces choses-là prennent du temps», dit Françoise David, qui fait remarquer que la fusion d'Option citoyenne et de l'Union des forces progressistes qui a donné naissance à Québec solidaire a pris 18 mois.

Scrutin proportionnel et santé

Fusion ou pas, Québec solidaire veut continuer d'augmenter son influence sur la scène politique québécoise. Françoise David voit l'influence solidaire dans les promesses électorales d'autres partis, notamment les hausses d'impôt du PQ. «Ça nous fait sourire. Nous sommes très contents quand nos idées sont reprises», dit Françoise David.

Une forme de scrutin proportionnel - l'une des promesses de Québec solidaire - augmenterait le poids du parti à l'Assemblée nationale. «Je suis tannée des éternelles discussions sur le pire et le moins pire, dit Françoise David. Est-ce qu'on peut voter pour le meilleur?»

En santé, l'un des principaux enjeux de la campagne, Québec solidaire propose d'injecter 200 millions dans la médecine familiale et 600 millions dans les CLSC. «La pratique en CLSC est regardée avec mépris par les médecins, il y a un rejet de ce modèle plus démocratique», dit Amir Khadir, qui reconnaît «les lourdeurs administratives dans les CLSC».

Québec solidaire propose aussi de réduire la rémunération des médecins spécialistes pour hausser celle des médecins de famille - le tout à coût nul pour les contribuables. «Certains radiologistes ne peuvent plus faire 600 000$ ou 700 000$ par année. Ça n'a pas de sens», dit Amir Khadir.

Comme la Coalition avenir Québec (CAQ), Québec solidaire promet un médecin de famille à tous les Québécois. Mais Amir Khadir doute toutefois que la solution de la CAQ - faire voir plus de patients aux médecins de famille - puisse régler le problème. «Ça ne peut pas être aussi simple que certains le pensent», dit-il.

Françoise David trouve navrant que le débat sur la santé se résume au nombre de médecins de famille au Québec. «Si on veut une population en santé, il faut des politiques publiques, il faut sortir les gens de la pauvreté, dit-elle. On aurait moins d'enfants malades dans les hôpitaux s'ils vivaient dans des logements salubres et chauffés l'hiver.» Pour lutter contre la pauvreté, Québec solidaire veut notamment hausser l'aide sociale et le revenu minimum à 12 000$ par année.

QS trop timide sur la souveraineté, selon Aussant

Le chef d'Option nationale, Jean-Martin Aussant, rejette tout scénario de fusion avec Québec solidaire tant que son programme sera trop timide sur la souveraineté. «Nous discuterons de fusion seulement avec un parti qui veut mettre la souveraineté à l'avant-plan. Pour l'instant, ce n'est absolument pas le cas [chez Québec solidaire]. Ils veulent faire le débat sur la souveraineté, mais le résultat pourrait aussi bien être une réforme du fédéralisme. Ce serait futile d'améliorer la capacité d'un autre peuple à nous gérer. Nous voulons nous gérer nous-mêmes», dit Jean-Martin Aussant, qui précise n'avoir eu «aucune discussion» avec Québec solidaire au sujet d'une possible fusion. «Peut-être que la réflexion est plus avancée dans leur tête qu'en réalité», dit M. Aussant.