Le Parti québécois (PQ) n'ayant pas dévoilé son cadre financier à temps pour le débat des chefs, le Parti libéral s'en est chargé pour nuire à son adversaire, calculant des engagements de plus de 3 milliards $.

D'avoir omis de chiffrer ses promesses électorales et ses dépenses avant les joutes oratoires télévisées est un manque de transparence et est irrespectueux pour les Québécois, a déclaré d'entrée de jeu celui qui s'occupe des dossiers de finances publiques au PLQ, Raymond Bachand, en point de presse à Montréal.

Le porte-parole péquiste en matière de finances publiques et candidat dans la circonscription de Rousseau, dans Lanaudière, Nicolas Marceau, a défendu la décision de son parti de ne pas présenter plus rapidement son cadre financier. «Dans le passé, les partis attendaient la fin de la campagne pour dévoiler leur cadre financier. Notre plan de match est de procéder de cette façon: présenter l'ensemble de nos engagements qui ont des impacts financiers et à la fin de faire la somme et de présenter un cadre qui permet aux gens de constater qu'il y a équilibre.»

M. Bachand s'est défendu de démontrer une certaine panique des libéraux en s'en prenant aux péquistes qui mènent dans les sondages qui évaluent les intentions de vote.

«Au contraire, il va y avoir quatre débats», a répliqué M. Bachand pour minimiser l'impact du jour choisi pour le dévoilement des chiffres. Et puis, la chef péquiste Pauline Marois va les avoir vus avant de débattre, a-t-il ajouté.

L'exercice en est vraisemblablement un visant à modifier l'opinion publique, mais M. Bachand affirme que les calculs sont rigoureux et ne sont pas que de branlantes hypothèses.

Les impacts financiers des engagements du PQ s'élèvent à 3,6 milliards $, selon les calculs du Parti libéral. Des calculs qui sont même conservateurs, a fait valoir Alain Paquet, le ministre délégué aux Finances qui accompagnait M. Bachand.

Selon l'équipe libérale, rapatrier l'assurance-emploi coûterait 800 millions $, l'abolition de la taxe santé, un milliard, et l'annulation de la hausse des frais de scolarité, 380 millions $. L'ajout de 15 000 places en centres de la petite enfance (CPE) entraînerait une facture de 200 millions $.

Pourtant, sans avoir dévoilé ses chiffres, la chef péquiste Pauline Marois avait tout de même estimé ses promesses électorales à un milliard de dollars. M. Marceau maintient ce chiffre. «Nos engagements vont s'élever à 1 milliard $. Le Parti québécois est un parti responsable attaché à l'équilibre budgétaire. Nous sommes le parti qui a réalisé le déficit zéro et a mis en place la loi sur l'équilibre budgétaire.»

Il y aurait des montants sous-estimés, rétorque M. Bachand, notamment au niveau des crédits d'impôt.

On ne peut pas promettre n'importe quoi, a d'ailleurs lancé le grand argentier, critique. «Il faut contrôler la dette du Québec», a-t-il insisté.

Pour financer ses promesses, le PQ irait notamment chercher un milliard de dollars en taxant l'épargne et l'investissement des Québécois, peut-on lire dans «le cadre financier caché du PQ», tel que préparé par les libéraux.

Une aberration, selon Raymond Bachand.

«Quand on fait des engagements populistes, tellement exagérés, ça fait qu'après, faut que tu trouves les moyens de les financer ces engagements-là», a-t-il dit, soulignant que le PQ a fait le choix de taxer davantage l'épargne des Québécois et les investisseurs, tout en promettant des choses irréalistes au niveau des redevances sur les ressources naturelles.

Ce faisant, le PQ va nuire à l'économie et aux emplois, a par ailleurs martelé M. Bachand.

«Ils sont en train de dire aux investisseurs: » si vous investissez au Québec, on vous punit», a renchéri M. Paquet.

À son tour, M. Marceau s'est attaqué à la crédibilité des libéraux. «Systématiquement, ils ont raté les cibles qu'ils se sont données au point que le vérificateur général a confirmé que la dette du Québec sera plus élevée de 10 milliards $ de ce qui a été prévu. Le Parti libéral, c'est un parti qui nous a endettés».

Le Parti libéral chiffre ses propres engagements à 1,2 milliard $ par année pendant cinq ans, pour un total cumulatif de 3,7 milliards après 5 ans, soit la durée d'un mandat d'un gouvernement. Les engagements de la Coalition avenir Québec sont chiffrés à 3,8 milliards, et au total, à près de 12 milliards selon les libéraux. Quant au Parti Québécois, la facture atteindrait 10,6 milliards au bout d'un mandat.

Le cadre présenté par les libéraux n'impressionne pas M. Marceau. «Les gens doivent connaître la justification des chiffres qu'on met dans le cadre. Les libéraux parlent de 376 millions $ pour lesquels il a une ligne: «une annonce est à venir». Les gens ne sont pas en mesure de savoir ce qui va se passer.»