L'organisation n'a pas beaucoup d'argent et un réseau peu développé, mais le Parti conservateur du Québec, qui a déjà régné sur la province avant de tomber dans l'oubli, tente d'effectuer un retour lors du scrutin du 4 septembre.

La formation politique devra cependant livrer un dur combat.

Espérant tout d'abord présenter jusqu'à 90 candidats, elle n'en aura que 27 pour les 125 circonscriptions du Québec selon les chiffres rendus publics par le Directeur général des élections du Québec, tard samedi. Le parti avait également concouru lors d'une élection partielle, mais avait terminé loin derrière avec seulement 129 votes.

En plus d'un manque de candidats et d'employés, le parti est également à court d'argent. Un rapport financier déposé l'an dernier auprès du Directeur général des élections (DGÉ) indique 96$ en dépôt et 365$ inscrits au passif.

La formation politique n'a pas déclaré d'entrées d'argent pour l'adhésion de membres ou pour des contributions électorales en 2011, mais précise avoir reçu respectivement 115$ et 675$ pour ces deux catégories de revenus en 2010.

De tels résultats ne font pas peur au chef du parti, Luc Harvey, qui admet qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.

«Les Libéraux existent depuis 100 ans et le Parti québécois, depuis 45 ans», note Luc Harvey, au sujet des deux principales formations politiques se faisant la lutte durant la campagne en cours. «De notre côté, nous sommes là depuis à peine six mois.»

Le Parti conservateur du Québec, qui n'est pas lié aux troupes conservatrices de Stephen Harper, s'est retrouvé dans les oubliettes de l'Histoire jusqu'en 2009, lorsque le nom a de nouveau été enregistré auprès du DGÉ.

La formation a donné signe de vie cette année sous la direction de M. Harvey, un ancien député conservateur fédéral qui a représenté la circonscription de Louis-Hébert de 2006 à 2008. Il a commencé à ressusciter le parti en compagnie d'autres personnes, dont Richard Décarie un ancien chef de cabinet adjoint de M. Harper.

M. Harvey, qui se présente dans la circonscription de Lévis, affirme que ses candidats vont surprendre les Québécois.

«Ils ne sont pas connus du public, mais ils sont compétents», a-t-il déclaré, lançant à la blague qu'en raison de la dette du Québec, il aurait dû avoir des candidats ayant de l'expérience dans des cas de faillites.

Alors que les questions de valeurs culturelles ont occupé une place importante dans la campagne, le Parti québécois proposant entre autres de durcir la loi 101 et d'interdire le port des symboles religieux ostentatoires dans les services gouvernementaux, les conservateurs, eux, proposent d'adopter une charte des valeurs démocratiques reflétant l'histoire et la culture du Québec.

Le Parti conservateur provincial était un acteur politique puissant à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Certains de ses chefs ont même été premiers ministres, comme Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, qui a dirigé la province en 1867.

Le parti a virtuellement disparu en 1936 lorsqu'il a fusionné avec l'Action libérale nationale pour devenir l'Union nationale. Il a refait surface à quelques reprises depuis, mais jamais en tant que force politique notable.

Malgré le fait que la province semble être hostile aux idées des conservateurs fédéraux, M. Harvey insiste sur le fait que son équipe provinciale offre une vision claire dans une province où 19 autres partis politiques sont enregistrés.

Fervent fédéraliste, Luc Harvey a rejeté la Coalition avenir Québec de François Legault comme tentant d'être tout pour tout le monde. Il s'inquiète également de la façon dont les libéraux gèrent la dette, l'augmentation des frais de santé et le vieillissement de la population.

«Je suis certain que quelqu'un devra payer pour ça un jour, et je ne veux pas que mes enfants payent pour les mauvaises décisions de ma génération. Je refuse de leur laisser de telles responsabilités», a-t-il déclaré lors d'une entrevue téléphonique.

La dette du Québec est passée de 133 milliards $ en 2003, soit 53,5 pour cent du PIB, à 184 milliards $ en 2012. Ce montant actuel représente 55,5 pour cent du PIB, soit l'un des taux les plus élevés parmi les provinces canadiennes.

Les conservateurs québécois veulent également augmenter la reddition de comptes des universités et instaurer un registre provincial des agresseurs sexuels.