La Coalition avenir Québec (CAQ) est la championne du milieu des affaires. Le Parti québécois (PQ) aligne le plus grand nombre de diplômés universitaires. Québec solidaire (QS) est le seul parti à respecter la parité hommes-femmes. Le Parti libéral du Québec (PLQ) mise sur l'expérience parlementaire et l'âge. Ce sont quelques-unes des conclusions qu'a tirées La Presse en établissant sa base de données sur les candidats des quatre principales formations politiques en lice aux élections. Pour chaque parti, on a établi la liste des candidats selon leur sexe, leur âge, leur région administrative, leur niveau d'études (s'ils ont ou non un diplôme universitaire), leur expérience politique (s'ils ont déjà siégé à l'Assemblée nationale) et leur profession.

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Avoir ou ne pas avoir de diplôme universitaire?

Vaut-il mieux avoir un diplôme universitaire pour siéger à l'Assemblée nationale? Tous partis confondus, 72% des candidats aux élections en ont un. Le PQ est le champion: 76% de ses candidats sont diplômés universitaires. Québec solidaire en compte 74%, la Coalition avenir Québec 71% et le Parti libéral du Québec 65%.

Mais Lise Thériault, seule ministre du gouvernement Charest à ne pas avoir fréquenté l'université, pense qu'être un bon député n'a rien à voir avec le cheminement scolaire. Les qualités de base, selon elle, sont de bien connaître sa circonscription, d'être empathique, d'avoir le goût de défendre des dossiers pour les gens. «Mon expérience de travail et de vie m'a toujours suivie. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de formation universitaire qu'on ne peut pas faire appel au gros bon sens. Comme ministre du Travail, c'est vrai que je ne suis pas avocate, mais j'ai longtemps géré une entreprise, alors je suis sensible aux enjeux du monde du travail.»

Après l'obtention de son diplôme d'études secondaires (elle a suivi des cours enrichis en maths et en français), Lise Thériault n'a jamais songé à fréquenter le cégep ou l'université. «Je voulais entrer rapidement sur le marché du travail. À 21 ans, j'étais directrice des ventes, plus jeune que tous les représentants. J'ai eu ma première maison à 22 ans. À 24 ans, j'étais bien établie professionnellement quand j'ai eu mon fils», dit celle qui a siégé durant six ans au CA du cégep Marie-Victorin (ironiquement, elle y avait été nommée par un gouvernement péquiste).  

Un des nouveaux candidats-vedettes du PQ n'a pas non plus suivi de cours universitaire: Léo Bureau-Blouin, ex-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, qui se présente dans Laval-des-Rapides.

«Ça nous prend une Assemblée nationale à l'image de tous les Québécois, dit Léo Bureau-Blouin, qui prendra des cours de droit à temps partiel à l'automne même s'il est élu. Il n'y a pas qu'un modèle de député. Au-delà du diplôme, les gens apportent leurs convictions, leur expertise et leur vécu à l'Assemblée nationale. On demande à un député d'être en constant perfectionnement. L'éducation et le perfectionnement, ça se fait tout au long de la vie.»

- Vincent Brousseau-Pouliot

De vieux députés



Les élus du scrutin de 2008 ont inscrit leur nom dans le livre des records de la politique québécoise: il s'agit de la deuxième cohorte de députés dans l'ordre des plus âgées de l'histoire de l'Assemblée nationale (moyenne de 51 ans). Il faut remonter à l'époque de Duplessis, en 1956, pour avoir des députés aussi âgés (moyenne de 53 ans).

Il y a toujours place à l'amélioration et on se doit de faire une certaine place aux jeunes qui ont une volonté de jouer un rôle à l'Assemblée nationale», dit le candidat péquiste Léo Bureau-Blouin. À 20 ans, il est l'un des plus jeunes candidats en lice cette année.

Aux élections du 4 septembre, c'est Québec solidaire qui présente les candidats les plus jeunes (moyenne de 43 ans), suivi de la CAQ (47 ans), du PQ (49 ans) et du PLQ (51 ans). Québec solidaire compte 25 candidats de moins de 30 ans, comparativement à 16 pour le PQ, 13 pour le PLQ et 7 pour la CAQ.

C'est important que les jeunes soient présents à l'Assemblée nationale, dit Léo Bureau-Blouin. Les 18-24 ans représentent 10% de l'électorat au Québec, mais 0% des députés. S'il y avait quelques députés, ça permettrait de rapprocher la politique des jeunes.»

À 24 ans, Anson Duran se présente comme candidat libéral dans Gouin, une circonscription détenue par le PQ et convoitée par la cochef de Québec solidaire, Françoise David. «Si on veut défendre et faire avancer des idées, ça passe par l'Assemblée nationale», dit cet étudiant en droit à l'Université d'Ottawa. Le néophyte en politique ne croit toutefois pas que les députés à l'Assemblée nationale soient trop âgés. «Avec l'âge, on prend aussi de l'expérience», dit-il.  

Depuis 1867, la plus jeune cohorte de députés à l'Assemblée nationale, celle de l'élection du premier gouvernement du PQ en 1976, avait en moyenne 42 ans.  

- Vincent Brousseau-Pouliot

Encore un métier d'hommes

Québec solidaire mène le bal en ce qui concerne la représentation hommes-femmes dans les formations politiques, en atteignant la parité avec ses 62 candidatures féminines. Le Parti libéral est bon deuxième, avec près de 38% de candidates. Le Parti québécois de Pauline Marois compte pour sa part 90 hommes pour 34 femmes, soit 27% de l'équipe. En dernière position, on retrouve la Coalition avenir Québec de François Legault qui, malgré 125 candidatures, ne comporte que 27 femmes en lice.  

Est-ce qu'encore en 2012 les femmes ne sont pas les bienvenues en grand nombre en politique? Pour Françoise David, porte-parole de Québec solidaire et candidate dans Gouin, leur exclusion de la sphère politique est bien présente. «Ne pas faire les efforts nécessaires pour au moins approcher cette cible [la parité] perpétue les préjugés et renforce les dynamiques de pouvoir qui défavorisent les femmes», déclare-t-elle dans un communiqué.  

Au cours des dernières années, la présence féminine à l'Assemblée nationale a légèrement diminué. Si aux élections provinciales de 2003, 38 femmes ont été élues au Parlement, 35 avaient un siège à Québec au moment de la dissolution de l'Assemblée, le 1er août dernier.  

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, apporte toutefois une nuance. Même si elle est d'avis que plus de femmes devraient être présentes dans l'arène politique, le Québec reste une société «très évoluée et très moderne».

On a fait du chemin depuis 50 ans, c'est certain, mais il faut continuer ce travail, mentionne la ministre, qui est en politique depuis 2007. Ce sont des règles [la politique actuelle] qui ont été mises en place par des hommes et c'est une façon de faire que nous, les femmes, on aimerait bien voir peut-être changer. La façon dont les femmes font de la politique, c'est différent, elles ont plus tendance à vouloir aller chercher des appuis, aller tester des idées.»

- Ewan Sauves

Derrière Charest, moins d'avocats



Les avocats ont toujours été présents en grand nombre sur les banquettes de l'Assemblée nationale. On constate toutefois que le nombre de députés issus du milieu juridique a diminué au cours des années. Aux dernières élections, seulement 10 avocats ont été élus à l'Assemblée nationale, 4 de moins qu'en 1985. On est aussi loin des années 1940, où ils étaient 20 défenseurs de la justice à devenir députés.

Le droit, c'est une science, mais surtout un art dans le talent oratoire. L'Assemblée nationale est un milieu naturel pour les avocats, parce qu'ils peuvent faire valoir leurs talents d'orateur», explique le directeur général du Barreau du Québec, Claude Provencher. Selon lui, tout parti composé de professionnels du droit est un atout. «C'est une science qui nous amène à avoir une vision de notre milieu de vie. Tout ce qui arrive en société passe par le droit, parce que tout est réglementé.»

Quant aux candidats provenant du milieu de la santé, la tendance se maintient depuis la 33e législature de 1985. En 2008, deux médecins - Yves Bolduc du Parti libéral et Amir Khadir de Québec solidaire - ont obtenu un siège au Parlement, soit un de plus qu'en 1985, d'après les statistiques publiées sur le site de l'Assemblée nationale.  

Qu'en est-il aujourd'hui? Pour la prochaine élection, la troupe de Jean Charest est composée de 23 personnes ayant une formation juridique (dont 15 membres du Barreau du Québec) et est en tête du peloton. On retrouve ensuite la Coalition avenir Québec, avec 13 candidats, puis le Parti québécois, avec 11 candidatures.

À noter qu'en santé, les trois partis politiques comportent à peu près le même nombre de candidats, soit 7 pour les caquistes, 6 pour les péquistes et 5 pour les libéraux.

- Ewan Sauves

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Note: Les informations sur les candidats ont été fournies par les partis politiques, à la demande et selon les instructions de La Presse.