Portée par l'engouement des Québécois pour le vin, la Société des alcools du Québec (SAQ) a doublé ses profits depuis 2003. Le dividende versé au gouvernement a suivi une trajectoire semblable.

De 540,4 millions, en 2003, le profit frôle le milliard en 2012. L'an prochain, la SAQ franchira le cap du milliard comme bénéfice net. De son côté, le dividende versé au gouvernement est passé de 509 millions, en 2003, à 962,7 millions, en 2012.

Après avoir fait le ménage dans sa direction, la société, sous la houlette de Philippe Duval, a tourné son attention vers son efficacité organisationnelle. Le ratio de charges nettes sur ventes est ainsi passé de 23%, en 2003, à 18% cette année. Cela veut dire que pour 1$ de vente, 0,18$ vont aux frais de vente, de mise en marché, de distribution et d'administration.

Tous ne sont pas convaincus de la bonne gestion du monopole. Dans une lettre ouverte à La Presse, Adrien Pouliot, président de Draco Capital, rappelle que la SAQ dépense 31% de plus pour la rémunération de son personnel par dollar de vente que sa consoeur ontarienne, LCBO. Celle-ci obtient des ventes annuelles par pied carré de magasin de 21% supérieures à celles de la SAQ.

Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ, rétorque que les comparaisons avec la LCBO sont boiteuses parce que cette dernière vend d'importants volumes de bières canadiennes, ce que ne fait pas la SAQ.   

M. Pouliot n'est toutefois pas le seul à penser que si les ventes et les profits de la SAQ vont en augmentant, c'est simplement parce qu'elle contraint sa clientèle captive à payer plus cher.

En avril dernier, une demande de recours collectif a été déposée contre elle par Jean-René Jasmin parce que, selon lui, la société abuserait de sa situation monopolistique et qu'elle vendrait ses produits au moins 30% plus cher.

En attendant le dénouement de la cause, Philippe Duval, président et chef de la direction, poursuit l'application de son plan d'optimisation des ressources en succursale préparé par les comptables de PricewaterhouseCoopers en 2008. L'idée est de concentrer les employés, dans les lieux et les moments de la semaine où la demande est la plus forte.

Malgré sa logique, le syndicat ne digère pas l'initiative. «Les ventes augmentent, mais les heures travaillées n'augmentent pas. Ça crée des surplus de travail», déplore Katia Lelièvre, présidente du Syndicat des employés de magasins et de bureau (SEMB SAQ). Résultat: les syndiqués, dont le contrat de travail se termine en 2017, ont déposé un nombre record de 1100 griefs en 2011.