Jean Charest qui s'en remet aux policiers pour l'application de la loi spéciale. François Legault qui hausse le ton contre les professeurs. Pauline Marois qui tergiverse sur la démocratie étudiante. Les chefs des trois principaux partis ont croisé le fer sur le conflit étudiant, mercredi, alors que la rentrée approche à grands pas.

Quelques centaines de manifestants ont déferlé dans le centre-ville de Montréal dans le cadre d'une «action de perturbation nationale» organisée par la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), hier midi. La manifestation suivait des votes de grève dans deux établissements la veille.

Devant le conflit étudiant qui menace de reprendre de plus belle, le chef libéral a marché sur des oeufs, hier. Mardi, il maintenait la ligne dure, en affirmant que la loi devait être respectée. Vingt-quatre heures plus tard, questionné pour savoir si les policiers doivent la faire respecter coûte que coûte, il leur a renvoyé la balle.

«Dans l'application des lois, ils doivent dans chaque situation particulière faire preuve de jugement, a-t-il dit. C'est ce qu'ils ont fait, et c'est ce qu'ils font.»

Il est resté évasif sur ce qu'il ferait en cas de débordements ou si les professeurs ne donnaient pas les cours. «S'il y a une épée de Damoclès, ce n'est pas moi qui la tiens dans mes mains», mais plutôt les étudiants, a-t-il ajouté. «Ce n'est pas moi qui fais le choix de poser ces gestes, je les dénonce.»

Ligne dure à l'égard des profs

Pour s'assurer que la rentrée se déroule dans l'ordre, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a pour sa part promis qu'il sanctionnerait les professeurs qui refusent de travailler en appui aux étudiants en grève. Un pas que même Jean Charest s'est gardé de franchir, hier.

«Dans un premier temps, on ne devrait pas payer des enseignants qui refusent d'aller enseigner, ça, c'est la première chose, a affirmé M. Legault. Si ça se poursuit, je pense qu'il ne faut pas exclure d'autres sanctions.»

Au printemps, des enseignants ont protesté contre les injonctions qui les forçaient à franchir des piquets de grève. Selon eux, la tension sur les campus était trop vive pour leur permettre d'enseigner sereinement. M. Legault qualifie cette position d'«inacceptable».

Le chef caquiste a une fois de plus appelé les étudiants à reprendre leurs cours. À ses yeux, ce sont les électeurs qui devraient sceller l'issue du conflit.

Le PQ «réglera le problème»

Pauline Marois soutient que le problème se réglera si elle est élue le 4 septembre. Comme elle abrogera la loi spéciale, les sanctions ne s'appliqueront plus. Elle promet que cela ramènera «le calme».

D'ici au jour du scrutin, la chef du Parti québécois (PQ) demande aux enseignants et aux étudiants de se conformer à la loi spéciale. Mais elle refuse d'affirmer clairement qu'il faudrait appliquer la loi d'exception et sanctionner les professeurs.

Hier matin, en conférence de presse à Saint-Siméon, Mme Marois a proposé pour la première fois d'«encadrer» la démocratie étudiante. Elle a précisé sa position plus tard en journée. Elle affirme finalement que ceux qui veulent proposer des réformes à la démocratie étudiante pourront le faire dans le cadre d'un futur sommet sur la gestion et le financement des universités.

Le PQ «n'a pas l'intention de définir des règles nouvelles [sur] les associations étudiantes», a-t-elle assuré.