François Legault a surpris bien du monde, dimanche, en annonçant au quatrième jour de campagne qu'il avait déjà choisi son vice-premier ministre en la personne de Jacques Duchesneau.

Depuis des mois, on sait par ailleurs que Gaétan Barrette est le ministre de la Santé en attente d'un éventuel gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ). M. Legault a aussi affirmé que son candidat dans Lévis, Christian Dubé, avait l'étoffe d'un ministre des Finances.

Du côté du Parti libéral, Jean Charest a pratiquement confirmé Raymond Bachand au poste de ministre des Finances s'il se fait réélire.

Au Parti québécois, Pauline Marois n'a pas fait de nomination hypothétique hâtive, mais elle a toutefois précisé que son candidat-vedette dans Laval-des-Rapides, Léo Bureau-Blouin, ne sera pas ministre parce qu'il est trop jeune.

Il est bien tôt, dans cette campagne, pour parler de «ministrables», généralement, ces questions viennent dans la dernière semaine. Mais comme la lutte est serrée, les partis doivent absolument faire la démonstration qu'ils ont une équipe solide, prête à diriger le Québec dès le lendemain du scrutin.

En 2003, les Québécois avaient été tentés un temps par l'Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont, mais le manque de candidats «ministrables» avait refroidi les électeurs. En 2007, l'ADQ est passée à un cheveu de prendre le pouvoir, mais Mario Dumont avait reconnu lui-même qu'il valait mieux faire un séjour dans l'opposition parce que son équipe était trop inexpérimentée.

Dans la présente campagne, on parle beaucoup de «ministrables» en raison du grand nombre de candidats-vedettes, habituellement de la matière première à Conseil des ministres.

Survol des forces en puissance.

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Parti libéral du Québec 

S'il garde le pouvoir, Jean Charest aura sous la main plusieurs députés expérimentés, certains qui ont déjà été ministres et d'autres qui attendent sagement sur les banquettes arrière depuis des années. Des trois principaux partis, c'est sans doute le PLQ qui est le mieux équipé dans les domaines économique et financier.

LES INCONTOURNABLES

> Raymond Bachand, ministre des Finances depuis 2008, valeur sûre pour Jean Charest.

> Jean-Marc Fournier, numéro deux non officiel du gouvernement Charest, expérimenté à l'Assemblée nationale.

> Pierre Moreau, le meilleur communicateur du gouvernement sortant.

> Yves Bolduc, il s'en est bien sorti au très difficile ministère de la Santé.

> Robert Dutil, ses collègues apprécient son calme et son expérience au Conseil des ministres.

POURRAIENT REVENIR

Lise Thériault, Marguerite Blais, Julie Boulet, Pierre Corbeil, Clément Gignac, Sam Hamad, Dominique Vien, Kathleen Weil, Yolande James, Geoffrey Kelley, Laurent Lessard, Nicole Ménard et Christine St-Pierre (a battu le record de longévité à la Culture).

PRENDRE DU GALON

> Alain Paquet devra d'abord se faire réélire dans une des circonscriptions les plus chaudement disputées, Laval-des-Rapides.

> Pierre Arcand est sous-utilisé à l'Environnement.

EN RÉSERVE

Damien Arsenault (est du Québec), Jacques Chagnon (était président de l'Assemblée nationale, a déjà été ministre), Lawrence Bergman, Guy Ouellette (ancien enquêteur de la Sûreté du Québec (SQ), section du crime organisé), Michel Pigeon (ancien recteur de l'Université Laval), François Ouimet (député depuis 1994, n'a jamais été nommé ministre), Robert Poëti (ancien porte-parole de la SQ, candidat-vedette du PLQ), Stéphanie Vallée et Maryse Gaudreault (région de l'Outaouais), Gilles Ouimet (ancien bâtonnier du Québec).

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Parti québécois

Après plus de neuf ans dans l'opposition, le caucus du PQ a acquis beaucoup d'expérience dans la joute parlementaire et une bonne connaissance des dossiers. Pauline Marois compte sur une forte équipe de candidats, un mélange d'expérience et de jeunesse, en plus de plusieurs candidats-vedettes qui pourraient se tailler une place dans un éventuel gouvernement péquiste. Bien pourvue dans les domaines sociaux, culturels, de la sécurité publique, de la santé et en éducation, l'équipe du PQ est toutefois faible sur le flanc économique. Pas évident de désigner d'emblée un futur ministre des Finances dans ce groupe.

LES MEMBRES DU «RAT PACK» DU PQ

Bertrand St-Arnaud, Bernard Drainville, Nicolas Girard, Stéphane Bédard et Stéphane Bergeron.

Ces cinq-là sont au PQ d'aujourd'hui ce que les Sheila Copps, Brian Tobin et autres étaient au « rat pack » du Parti libéral fédéral au début des années 90. De solides parlementaires qui se sont fait les dents dans l'opposition, une bonne pratique pour supporter la pression au gouvernement.

LES FIDÈLES DE MME MAROIS

Nicole Léger, Agnès Maltais, Monique Richard, Véronique Hivon, Marie Malavoy, Martine Ouellet et Yves-François Blanchet.

Pauline Marois aura l'embarras du choix (si son parti et ces candidates gagnent) pour assurer une forte présence féminine au sein de son Conseil des ministres. Yves-François Blanchet, surnommé le pitbull ou le goon de Pauline Marois, figure lui aussi parmi les plus fidèles supporteurs de la chef péquiste.

L'EXPÉRIENCE

> Maka Kotto (ancien député du Bloc, excellent communicateur) et Nicolas Marceau (peut-être aux Finances) pourraient aussi être pris en considération.

> François Gendron, doyen de l'Assemblée nationale, fier représentant de l'Abitibi, hériterait assurément d'un poste dans un gouvernement Marois.

LES «VEDETTES»

Jean-François Lisée en plus d'être connu et rompu au monde des médias, a été conseiller de deux premiers ministres et éminence grise de Pauline Marois. Il est impensable qu'il ne soit pas d'un cabinet Marois. Pierre Duchesne et Diane De Courcy doivent aussi être considérés.

LES NOUVEAUX

Bernard Généreux (ancien président de la Fédération québécoise des municipalités), Raymond Archambault (ancien journaliste à Radio-Canada), Réjean Hébert (médecin de Sherbrooke, spécialiste en gériatrie) et Daniel Breton (écologiste coloré).

LA RELÈVE

Pascal Bérubé, jeune député élu dans Matane (circonscription qui a disparu pour devenir Matane-Matapédia), représente la relève au sein du PQ.

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Coalition Avenir Québec

Le recrutement de la CAQ semblait aller nulle part après une chute dans les sondages, mais François Legault a repris pied et il a réussi à attirer des candidats prestigieux.

LES INCONTOURNABLES

> Gaétan Barrette, Jacques Duchesneau et Christian Dubé.

Jacques Duchesneau et Gaétan Barrette sont d'ores et déjà assurés d'entrer dans un éventuel cabinet Legault. On sait même quel poste leur est destiné puisque leur chef l'a dit publiquement, ce qui est plutôt inusité. Quant à Christian Dubé, M. Legault n'a pas caché qu'il voit ce dirigeant de Cascades aux Finances.

LES ANCIENS ADÉQUISTES

> Gérard Deltell, ancien chef de l'ADQ, qui a piloté la fusion avec la CAQ.

> Éric Caire

> Sylvie Roy a gagné ses galons en talonnant le gouvernement sur la question de la commission d'enquête sur la construction.

> Christian Lévesque

> François Bonnardel

> Marc Picard

LES RECRUES

> Maud Cohen, ancienne présidente de l'Ordre des ingénieurs.

> Chantal Longpré, ancienne présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement.

> Mario Asselin, spécialiste du monde de l'éducation.

> Dominique Anglade, présidente de la CAQ.

> Claire Samson, ancienne présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec.

LA FILIÈRE SOUVERAINISTE

> Mario Laframboise, François Rebello, Daniel Ratthé et Benoît Charette.

L'ex-bloquiste Mario Laframboise a mordu la poussière le 11 juin lors de la partielle dans Argenteuil où il se présente de nouveau. Il a été président de l'Union des municipalités du Québec.

Le passage de François Rebello à la CAQ a fait beaucoup de bruit l'automne dernier. C'est un proche de François Legault depuis des années. Ses deux anciens collègues péquistes Daniel Ratthé et Benoît Charette sont moins connus, mais ils ont de l'expérience à l'Assemblée nationale, ce qui sera un atout parmi les nouveaux de la CAQ.