La chef du Parti québécois Pauline Marois souhaite «tourner la page» sur le fiasco de la Gaspésia. Mais elle dit ne pas avoir de regret.

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« Non », a-t-elle répondu quand on l'a questionnée à ce sujet. Elle souhaite « fermer cette plaie qui est toujours ouverte ». « C'est profondément triste, ce qui s'est passé, mais j'en rends en partie responsables les libéraux », a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse tôt ce matin à Percé.

En 2005, le rapport de la commission Lesage éclaboussait le gouvernement Landry, la FTQ-Construction et les dirigeants de la Papetière Gaspésia de Chandler pour ce gouffre financier de 300 millions de dollars.

Mme Marois dit que les libéraux en sont aussi « partiellement responsables », ce qu'avait conclu le rapport.

Le gouvernement avait fait un prêt de 145 millions pour relancer la papetière. Le projet devait initialement coûter 493 millions. Deux ans plus tard, les coûts avaient bondi de 200 millions. La relance a finalement été abandonnée.

Le commissaire Lesage a recommandé que des comités d'experts indépendants examinent les projets majeurs d'investissement et qu'on évite la main mise d'un syndicat sur un chantier.

Un comité pour la Gaspésie

La chef du PQ a présenté ce matin une vieille promesse qui date de 2008: créer un « groupe d'action » pour la Gaspésie. Elle le présiderait. Le projet s'inspire du comité de relance de la Gaspésie qu'avait présidé Bernard Landry sous le précédent gouvernement péquiste.

Ce projet s'arrimerait à une annonce faite la semaine dernière : créer une Banque de développement économique du Québec. Ce nouveau comité regrouperait les fonds déjà existants d'Investissement Québec et du ministère du Développement économique sous un « guichet unique ». Un bureau serait ouvert dans chaque région.

Le PQ propose de créer un « fonds régional » pour la Gaspésie. Il serait géré par la nouvelle banque. Elle ne dit pas quelle somme y figurerait. Elle se défend de promettre une enveloppe vide. Le fonds « se remplira avec des projets que les Gaspésiens ont en tête », dit-elle simplement, en promettant de consulter les « intervenants locaux ».

En contrepartie, Mme Marois veut abolir les Fonds d'investissement en économie régionale (FIER). Par ce fonds, les libéraux jouaient « le même rôle qu'une banque » et espéraient « un rendement rapide ». Il manquait de critères pour choisir les projets, déplore-t-elle. La Gaspésie n'a pas reçu d'argent des FIER.

Avec sa nouvelle banque, le PQ prêterait entre autres du « capital patient », à 0% d'intérêt, sans attendre un retour en moins de 10 années.

Internet haute vitesse

Dans son dernier budget, le gouvernement Charest promettait 900 millions sur 10 ans pour améliorer l'accès internet haute vitesse en région et développer l'économie locale. Mme Marois a bonifié cette promesse. Elle allouerait la même somme, mais d'ici quatre années. Le PQ n'a pas encore présenté son cadre financier.

Environ 2% des Gaspésiens - soit 2000 personnes - n'ont pas encore accès à internet haute-vitesse.

Défaire Mamelonet

C'était la troisième circonscription libérale de suite que visitait Mme Marois. Après les Iles-de-la-Madeleine et Bonaventure, elle s'est arrêtée à Gaspé ce matin. Une lutte serrée est à prévoir aux Iles. Le libéral Germain Chevarie avait gagné par moins de 350 votes en 2008.

À Gaspé, son collègue George Mamelonet avait gagné par 2662 votes. Mais le PQ mise sur les récents déboires du député.

Plus tôt cette année, M. Mamelonet a été accusé au criminel pour pêche illégale à l'oursin. Il a plaidé non coupable.

Il a toutefois dû quitter ses fonctions d'adjoint parlementaire au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

M. Mamelonet se défend aussi d'avoir remboursé illégalement un compte de taxes de 36 000 $ à son club nautique de Percé lorsqu'il était maire de cette ville.

À deux reprises, son adversaire candidat péquiste dans Gaspé, Gaétan Lelièvre, s'est « réjoui » du coffre à outils que constituerait le projet de fonds régional. « En toute objectivité », a dit le candidat local, le PQ a été le meilleur parti pour la Gaspésie.