Le Parti québécois (PQ) accuse les libéraux d'avoir favorisé un donateur de leur caisse électorale. En 2008, la commission scolaire Riverside (CSR) aurait demandé l'approbation de la ministre de l'Éducation pour vendre à la fondation F. Catania un terrain destiné à la construction d'un centre communautaire. Un an plus tard, la fondation a empoché un million de dollars en vendant le site à un promoteur immobilier.

Le terrain, situé au 7925, rue Nadeau, à Brossard, a été vendu à la fondation F. Catania pour 600 000 $. La commission scolaire comptait utiliser l'argent pour rénover ses écoles, a soutenu lundi Bernard Drainville, candidat péquiste dans la circonscription de Marie-Victorin, lors d'une conférence de presse. «Comme par magie, la fondation Catania a empoché la somme d'un million de dollars. C'est donc dire que si la commission scolaire avait mis son terrain en vente par appel d'offres, beaucoup plus d'argent aurait pu être investi dans les écoles», a-t-il déploré.

En février 2008, la députée libérale Fatima Houda-Pepin avait annoncé la construction d'un centre communautaire sur le terrain appartenant à la CSR. Selon le PQ, Michelle Courchesne, alors ministre de l'Éducation, avait approuvé la transaction. Sept mois plus tard, Nathalie Normandeau, ministre des Affaires municipales, avait accordé une subvention de 3,8 millions à la fondation F. Catania pour la construction du centre communautaire.

En juillet 2009, toujours selon le PQ, la fondation a finalement affirmé «ne pas avoir l'expertise pour un tel projet». Elle a vendu le terrain, sur lequel 41 appartements ont été construits.

Accompagné des candidats Nicolas Girard, dans Gouin, et Bertrand St-Arnaud, dans Chambly, M. Drainville s'est demandé pourquoi le gouvernement n'a pas récupéré le terrain lorsqu'il a appris qu'il ne servirait pas à construire un centre communautaire. «Comment ça se fait que le million se retrouve dans les poches de Catania plutôt que dans les poches des contribuables ou de la CSR? Comment ça se fait que c'est encore un chum du parti qui fait le cash?»

À Percé, la chef Pauline Marois a affirmé que cette affaire «soulève des questions». «Entre vous et moi, est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'un peu questionnable, du fait qu'on cède un terrain pour une fin, et qu'on décide par la suite de l'utiliser à d'autres fins?»

«Pétard mouillé»

Au lendemain de l'annonce de la candidature de Jacques Duchesneau, qualifié d'«Eliot Ness québécois» par le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), le PQ a répété qu'il fera le ménage dans les finances publiques s'il est porté au pouvoir. Le parti de Pauline Marois a affirmé qu'il allait limiter les dons aux partis politiques à 100 $ par personne et instaurer un financement quasi public.

Dans un communiqué de presse, le Parti libéral du Québec (PLQ) a qualifié les révélations du PQ de «pétard mouillé» et affirmé que la transaction respectait le Règlement sur les immeubles de commission scolaire. Le PLQ a également nié avoir versé une subvention au projet.

«Il est assez étonnant de voir le PQ lancer ces accusations, puisque le dossier implique une fondation. Les candidats péquistes savent très bien qu'une fondation, peu importe le nom de famille qu'elle porte, reste une fondation», peut-on y lire.

La ministre Michelle Courchesne a indiqué à La Presse qu'il est «évident qu'on aurait préféré que le terrain conserve une vocation communautaire». Mais le profit réalisé par la fondation, - 500 000 $ plutôt que le 1 million soutenu par le PQ - «c'est de l'argent qui reste dans la fondation, qui ne va pas enrichir un promoteur», assure-t-elle.

-Avec Denis Lessard, Paul Journet 
et Martin Croteau