Mieux vaut demander conseil à Jacques Duchesneau qu'à Franco Fava, a affirmé François Legault, lundi, après avoir goûté pour la première fois aux périls de s'associer à un candidat fort en gueule comme l'ancien chef de l'Unité permanente anticollusion.

M. Duchesneau, qui n'est pas réputé pour sa langue de bois, a placé le chef de la Coalition avenir Québec dans l'embarras, lundi matin, en déclarant à Paul Arcand sur les ondes du 98,5 fm qu'il aurait le pouvoir de nommer des ministres dans un éventuel gouvernement caquiste.

«Il n'était pas question que je sois un vice-premier ministre comme on l'a connu depuis 30 ans, c'est-à-dire une fonction qui est un peu honorifique, a déclaré le candidat vedette. J'ai la responsabilité de ces ministères-là, avec possibilité de nommer les ministres. Par-dessus cela, je suis responsable de la lutte à la corruption. Je suis un peu le chef d'orchestre.»

Cette déclaration a forcé M. Legault à rectifier le tir dès la matinée. M. Duchesneau sera consulté sur le choix de ces quatre ministres, mais c'est le chef qui aura le dernier mot.

«Il y aura seulement un patron», a résumé François Legault, lors d'un passage à Montréal.

M. Duchesneau a plus tard admis sur les ondes de RDI qu'il a emprunté un «raccourci». Mais les adversaires de la CAQ ont tôt fait de bondir sur cette occasion de critiquer l'ancien chef de police, eux qui marchaient sur des oeufs depuis son entrée en scène.

Jean Charest s'est carrément moqué du chef caquiste et de son candidat vedette , Pauline Marois a parlé d'«amateurisme».

Mais de passage à Victoriaville, M. Legault ne s'est pas fait prier pour donner la réplique au premier ministre sortant.

«J'aime mieux consulter Jacques Duchesneau que consulter Franco Fava, comme M. Charest le fait», a-t-il dit.

Il faisait référence à cet entrepreneur en construction, un important collecteur de fonds du Parti libéral, qui s'est retrouvé au coeur d'une vive controverse, il y a deux ans. L'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, a affirmé que Jean Charest lui a ordonné de nommer juges trois candidats qu'il parrainait.

M. Legault a par la suite minimisé la sortie de son nouveau bras droit, qui a admis sur les ondes de RDI avoir pris un «raccourci».

«Comme il dit, il a fait un raccourci, a affirmé M. Legault. Il a dit qu'il était pour nommer alors qu'il allait être consulté.»