Il faut réorganiser la prestation de soins aux aînés, croit le Parti québécois. Ce sont des «changements révolutionnaires» que Pauline Marois dit proposer. Elle veut hausser les budgets et créer une «assurance autonomie».

Mais il ne s'agit pas à proprement parler d'une assurance, comme le régime d'assurance-maladie. Le terme «assurance» signifie simplement qu'on garantit que les personnes recevront les soins requis. Elle se financerait sans cotisation ou franchise.

Pour les présenter, elle a invité les médias chez une Montérégienne qui requiert des soins à domicile.

En mai dernier, le gouvernement Charest ajoutait 381 millions $ par année pour les soins à domicile. Cela portera le financement total à 931 millions $ par année. Cette somme sera récurrente.

Le PQ veut ajouter un autre 119 millions $, pour un total annuel de 1,04 milliards $. Cette somme serait gérée par l'assurance autonomie. On créerait ainsi un «guichet unique», explique Mme Marois. La nouvelle entité regrouperait les services déjà existants des CHSLD, soins de longue durée, ressources intermédiaires, services communautaires et soins à domicile.

On y évaluerait les besoins des personnes en perte de mobilité, et on les dirigerait vers un prestataire de service. Cela crée un «nouveau droit» à recevoir des services, explique le candidat péquiste dans Saint-François, le Dr Réjean Hébert. En 2007, il avait coprésidé la Consultation publique sur les conditions de vie des aînés. Le candidat rappelle que la France, l'Allemagne et le Japon ont déjà opté pour un tel régime.

Mme Marois n'a pas présenté de cadre financier pour cet engagement. Elle promet de le faire plus tard durant la campagne.

En mai dernier, le gouvernement Charest présentait sa politique «Vieillir et vivre ensemble». Le volumineux document proposait de multiples mesures à venir d'ici 2017, dont plusieurs déjà annoncées. Elles totalisaient 2,7 milliards $.

Les libéraux affirment que leur 931 millions $ n'est pas une promesse, mais une somme budgétée. Et ils critiquent cette assurance qui n'est selon eux rien de plus qu'un regroupement administratif des budgets actuels. «Si Pauline Marois n'a rien de plus à offrir à nos aînés, nous avons de sérieuses questions à nous poser. D'autant plus qu'elle nous a déjà démontré sa façon de gérer le système de santé, une méthode qui n'a rien de rassurant», a déclaré par voie de communiqué Yves Bolduc, ministre de la Santé.

Critiques du vérificateur et de la protectrice

En 2010, le gouvernement libéral promettait d'augmenter de 10% d'ici 2015 les heures de service à domicile. Mais elles ont diminué de 2,9% l'année dernière.

En mars dernier, la Protectrice du citoyen se disait «vivement préoccupée» par l'accès aux soins. Les compressions budgétaires pour retrouver l'équilibre budgétaire affectaient l'accessibilité des soins, dénonçait-elle.

En mai dernier, le Vérificateur général reprenait ses constats. Dans son autre rapport, il concluait que les aînés étaient «davantage placées en fonction de la disponibilité des ressources plutôt qu'en fonction de leurs besoins.»

Environ 1100 personnes âgées occupent dans des lits de courte durée dans des hôpitaux en attendant de recevoir des soins dans un CHSLD ou à domicile. Une personne ainsi hospitalisée coûte 200 000$ par année, contre 60 000$ dans un CHSLD, et 25 000$ à domicile.

L'Association québécoise des retraité(e)s déçue

L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) s'est dite «déçue» de cette «annonce pompeuse».

«Aucune nouvelle place en CHSLD n'a été annoncée, malgré une liste d'attente de plusieurs milliers de personnes et des taux d'occupation mettant leurs résidents en danger. Enfin, pas une ligne sur les soins palliatifs, alors qu'une commission parlementaire non partisane a établi l'urgence de les développer», a critiqué le groupe par voie de communiqué.

L'AQRP formule ces trois demandes aux partis: 300 millions $ de plus par année pour les soins à domicile, 5000 nouvelles places en CHSLD d'ici cinq ans et 200 lits en soins palliatifs, dans les régions prioritaires et rurales.