Devant le sondage CROP publié hier dans La Presse, selon lequel les électeurs penchent en faveur d'un gouvernement libéral majoritaire, Mario Dumont admet que les Québécois n'ont pas encore entendu son appel à punir Jean Charest pour ces élections prématurées.

«On se promène avec nos autobus, on a bien des kilomètres de faits, mais les citoyens sont plusieurs kilomètres derrière nous, a-t-il concédé. Les gens sont encore à une étape d'un refus, du rejet d'élections dont ils ne voulaient pas.»L'enquête accorde 42% des intentions de vote aux libéraux, 31% au PQ et 15% à l'Action démocratique. M. Dumont martèle que son adversaire libéral a «enfoncé des élections dans la gorge» des Québécois. Malgré un deuxième sondage défavorable en moins d'une semaine, il reste convaincu que la colère des électeurs finira par rattraper le premier ministre sortant.

Il s'est moqué des résultats du sondage, qui selon lui trace un «portrait rose bonbon» de Jean Charest. «Un sondage vous dit qu'il est plus populaire que mère Teresa et Isabelle Boulay additionnées? Oubliez ça!» a-t-il lancé à ses supporters à Québec, où il a présenté son candidat vedette Gérard Deltell dans la circonscription de Chauveau.

L'ADQ avait causé la surprise, en 2007, en raflant 31% des votes pour devenir l'opposition officielle. Mais le parti est en chute libre depuis. «On ne se cache pas la tête dans le sable, il y a des questionnements et il y a des interrogations, a admis M. Dumont. Les gens veulent mieux comprendre ce qui s'est passé avec l'ADQ dans les 18 derniers mois, quel genre d'erreurs on a commises et pourquoi.»

«Coup de fouet»

La chef péquiste Pauline Marois s'attend à ce que le sondage, qui place son parti 11 points derrière le PLQ, ait l'effet d'un «petit coup de fouet» sur son organisation.

Elle a toutefois affirmé qu'il est «un peu tôt dans la campagne pour tirer quelque conclusion que ce soit» sur le résultat qui pourrait tomber le 8 décembre. «Il y a trois belles semaines devant nous, et on va les utiliser à bon escient», a-t-elle affirmé, précisant que ses militants vont «se retrousser les manches».

Pauline Marois se défend de porter des lunettes roses. «On n'a pas la tête dans le sable», a-t-elle lancé elle aussi. La chef péquiste a toutefois balayé d'un revers de main les questions sur l'incapacité du PQ de récupérer les intentions de vote qui allaient avant à l'ADQ.

La chef péquiste compte aborder prochainement les thèmes de la santé et de l'éducation, qui, selon le sondage, sont la priorité des électeurs. Jusqu'ici, elle a surtout parlé de famille, d'économie, de développement régional et de transports en commun.

Pas de triomphalisme

Le chef libéral Jean Charest a pour sa part refusé de tomber dans le triomphalisme, malgré une bonne humeur évidente.

«Il n'y a pas un vote d'exprimé aujourd'hui, a-t-il commenté. Il n'y a pas un Québécois qui a voté encore.»

M. Charest a par contre esquivé toute question sur le manque d'intérêt des Québécois pour ces élections et sur sa part de responsabilité pour les avoir déclenchées après les fédérales et les américaines.

Quant aux enjeux, pas question de changer son plan. La priorité, c'est l'économie, l'économie, l'économie, a-t-il martelé, même si un deuxième sondage en quelques jours démontre que la population veut entendre parler de santé.