On savait que sa «sacoche» contenait un carré de soie controversé et des milliards. Mais elle contenait aussi une lettre d'excuses.

Monique Jérôme-Forget craint d'avoir mis le Québec à l'envers en lâchant «il est con» à un de ses adversaires sur le plateau de l'émission Larocque-Lapierre diffusée par LCN.«Si j'ai blessé quelqu'un, je le regrette. J'ai exprimé ma frustration, mais je n'aurais pas dû», a déclaré de guerre lasse la ministre des Finances, hier soir, dans un entretien avec La Presse. Depuis 24 heures, les mots qu'elle avait laissé échapper lors de l'enregistrement avaient déclenché une cascade de commentaires et de réactions, un débat qui risquait de s'emballer. Déjà, hier, LCN avait interrogé des citoyens qui, unanimement, désapprouvaient la sortie intempestive de la ministre.

Dans un débat intense avec l'adéquiste Gilles Taillon et le péquiste François Legault, Mme Jérôme-Forget avait laissé tomber «il est con» tandis qu'on voyait M. Taillon à l'écran.

L'adéquiste, outré, a réclamé des excuses par voie de communiqué. Refusant de plier l'échine, Mme Jérôme-Forget a alors expliqué que l'épithète ne s'adressait pas à lui, mais bien à son vis-à-vis péquiste, François Legault.

Elle a refusé de s'excuser jusqu'à hier soir. Interpellé à ce sujet, en Outaouais, Jean Charest a cautionné le refus de Mme Jérôme-Forget, «Ce sont des propos échangés dans le feu de l'action. J'espère qu'on ne s'oriente pas dans ce genre de campagne négative», a-t-il soutenu. Et la demande d'excuses «venait de quelqu'un qui n'a pas été visé», a observé M. Charest.

Mais en soirée, la Dame de fer a plié les genoux et a admis ses torts. Elle a tenu, toutefois, à donner le contexte de sa bévue. Elle avait chuchoté son «il est con» à l'endroit de François Legault, mais elle s'adressait en fait à son adjointe, près d'elle lors de l'enregistrement. Elle s'est rendu compte, une seconde trop tard, que le micro épinglé à son revers avait tout capté.

«C'était un débat plus qu'intense, on ne me laissait pas terminer mes phrases», a expliqué hier Mme Jérôme-Forget.

Joint hier soir, François Legault semblait exaspéré. «Il est temps que ça finisse, ces affaires-là. On se doit de parler du fond des choses», a-t-il lancé. Joint dans l'Outaouais, Gilles Taillon a accueilli avec un éclat de rire toute la controverse autour de cet impair.

Sanguine, Mme Jérôme-Forget n'en est pas à ses premières colères ni à ses premières gaffes devant un micro.

Peu après son élection, en 2003, elle avait dû s'expliquer pour avoir enguirlandé une vendeuse dans une boutique de luxe qui refusait de lui échanger le foulard de soie Hermès qu'elle avait reçu en cadeau.

La ministre des Finances aime les déclarations percutantes, imagées. La semaine dernière, elle a soutenu avoir «une sacoche à double fond» en annonçant un surplus inattendu de 484 millions dans les finances du gouvernement. Elle a aussi, par le passé, accusé ses collègues masculins, qui souhaitaient plus de chantiers, d'avoir le «complexe de la pépine».